Le 06/11/2019

Transat Jacques Vabre : Record de vitesse pulvérisé !

Le duo Crédit Mutuel est tout simplement impressionnant. Après une première semaine de course, traditionnellement tactique, où Ian Lipinski et Adrien Hardy ont fait cavaliers seuls sur une route qui leur a permis de prendre le leadership de la flotte des Class40 de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre samedi dernier, ils engloutissent désormais les milles avec une aisance déconcertante… jusqu’à faire exploser hier soir le record des 24h sur la Transat Jacques Vabre avec plus de 415 milles (768 km) au compteur * ! Les deux Lorientais mènent toujours la flotte des Class40, ce matin, avec 70 milles (130 km) d’avance sur leurs adversaires.

« Ca va assez vite ! Nous avons même un peu hâte que ça ralentisse, mais on est super contents. Le bateau avance tout seul, on a trouvé la bonne voilure… On se déplace à quatre pattes, ça bouge beaucoup, on essaie de ne pas se blesser. Ca mouille un peu sur le pont, mais je pense que ça n’a rien à voir avec les copains de derrière. Chacun barre une heure par jour seulement, c’est la première fois que l’on barrait depuis longtemps d’ailleurs… », expliquait Ian Lipinski, skipper du Class40 Crédit Mutuel, à la vacation course de ce matin.

Crédit photo Breschi /breschi-photo-video.com   

Record pulvérisé ! Non contents en effet de réussir leur stratégie de début de course, Ian Lipinski et Adrien Hardy font désormais une démonstration de leurs talents de techniciens en imposant un rythme de course soutenu depuis leur entrée dans les alizés. Et, hier, à la faveur de conditions météo favorables, ils se sont offert le record de vitesse des Class40 avec 415 milles engloutis en 24h !  (*)

« Je suis assez satisfait du rythme qu’ils imposent à la course et très heureux qu’ils n’aient eu aucun souci technique. Nous sommes encore en phase de découverte du potentiel du bateau et il faut avouer que leurs vitesses sont assez impressionnantes depuis trois jours. Le bateau est manifestement polyvalent : c’est une réussite en soi. L’ergonomie à l’air également très bonne au vu des sourires de ses pilotes ! Et ça, c’est un gros atout performance ! », souligne Sébastien Picault, directeur technique.

En approche du Pot au Noir : La tête de flotte des Class40 est en train de doubler l’archipel du Cap Vert. Les concurrents bénéficient toujours d’un flux d’alizé soutenu de plus de 20 nœuds leur permettant de flirter avec des vitesses moyennes de plus de 15 nœuds. A ce rythme, ils devraient entrer la nuit prochaine dans la « zone de turbulences intertropicales » du Pot au Noir.

Le rythme et l’ambiance vont alors changer radicalement. Un regroupement est à prévoir… Ce sera à celui qui saura se frayer le chemin le plus court vers le sud au cœur de ces calmes ponctués de grains. « Pour le Pot au Noir, on n’a pas encore étudié, on regarde où passent les IMOCA et on a un œil sur les fichiers Grib (fichiers de données météo, ndlr) », expliquait le skipper Crédit Mutuel ce matin.

Coup d’essai… Cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre est un coup d’essai, une course test, pour le skipper Lorientais et son partenaire. Ils se sont engagés il y a un an seulement dans cette grande aventure de la course au large avec la construction d’un bateau novateur, mis à l’eau en aout dernier. Tout est donc allé très vite et la mise au point de ce prototype s’est faite en mode accéléré.

Pourtant, jusqu’ici « tous les indicateurs sont au vert », sourit David Raison, l’architecte de ce Max40. « J’ai vite senti que ce bateau était bien né, aussi bien en terme de comportement que de performances. Mais c’était un sacré défi… Etre au départ avec un bateau prêt était déjà une victoire, leur début de course est excellent. Ils naviguent extrêmement bien, leur trajectoire est vraiment propre. »

La route est encore longue et tout peut arriver. Mais, quoi qu’il en soit, Ian, Adrien, leur bateau novateur, leur équipe et bien sûr le Crédit Mutuel ont indéniablement réussi leur entrée sur le circuit Class40 !

* Le record de vitesse en Class40 était détenu depuis 2017 par Maxime Sorel avec 377,7 milles parcourus en 24h lors de la Transat Jacques Vabre.

Ils vivent la course à terre…

David Raison, architecte du Max40 « Crédit Mutuel » : « J’avoue être un peu accroc à la carto ! Ian et Adrien ont fait un début de course engagé, ils étaient du bon côté et ça a fini par payer. Leur trajectoire est vraiment propre, il n’y a pas d’hésitation. Ian et Adrien font un super boulot. Il y a d’ailleurs un très bon niveau dans le top 7 des Class40. Même au près (allure contre le vent et la houle où les bateaux ont en général tendance à cogner dans chaque vague, ndlr), le bateau est assez confort. Il a un beau potentiel dans le médium et la brise. Lorsque Ian et Adrien ont recroisé avec les autres concurrents, on a pu voir que les performances avec les autres bateaux récents étaient proches. Et, depuis trois jours, depuis qu’ils sont à des allures portantes, ça joue un peu à l’élastique, mais globalement, ils sont plus rapides. Je ne suis pas vraiment inquiet pour le Pot au Noir, le bateau est polyvalent et à l’aise dans les transitions. Il faudra être attentif à l’équipage Suisse, ils sont rapides. Leur début de course est excellent. Pour l’instant, tous les indicateurs sont au vert, mais absolument rien n’est joué. La route est encore très longue et potentiellement semée d’embûches. »

Sébastien Picault, directeur technique : « Ian et Adrien ont très bien navigué, de façon engagée, alors qu’ils auraient pu juste s’appuyer sur le potentiel de leur bateau. Avec un bateau moins performant, je suis sûr qu’ils seraient quand même dans le top 5 ! Pour le Pot au Noir, il faut avoir de la réussite. L’important est d’emmagasiner de l’énergie en amont, de façon à arriver en forme dans cette zone. Mais c’est encore loin, rien n’est gagné. »
Ian Lipinski, skipper Crédit Mutuel, à la vacation course de ce 6 novembre « Ca va assez vite ! Nous avons même un peu hâte que ça ralentisse, mais on est super contents. Le bateau avance tout seul, on a trouvé la bonne voilure… On est sous spi médium avec 1 à 2 ris dans la grand-voile. On se déplace à quatre pattes, ça bouge beaucoup, on essaie de ne pas se blesser. Ca mouille un peu sur le pont, mais je pense que ça n’a rien à voir avec les copains de derrière. Chacun barre une heure par jour seulement, c’est la première fois que l’on barrait depuis longtemps d’ailleurs… On va arriver sous le Cap Vert et après on va se diriger vers le Pot au Noir. On a 25 nœuds de vent de nord-est et on va voir si on fait la route directe ou si on lofe un peu pour être plus dans l’est, ce n’est pas encore calé. Les conditions doivent mollir un peu. Pour le Pot au Noir, on n’a pas encore étu dié, on regarde où passent les IMOCA et on a un œil sur les fichiers Grib. Je vais aller faire un petit tour du bateau, voir s’il y a des bateaux de pêche : il y a des pêcheurs sans AIS (système de signalisation, ndlr) dans le coin. Je suis à l’intérieur sur un gros pouf, je sors de temps en temps... On en voit et on entend beaucoup de poissons volants, ils se cognent contre le bateau. On vit des moments vraiment magiques... »

Crédit photos Breschi /breschi-photo-video.com

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