Les frères Ansquer, Aurélien et Gérald, jumeaux jusque sur le terrain
Frères jumeaux, Aurélien et Gérald Ansquer, point de départ connu ensemble à l'ES Beuzec, à l'école de football, point d'arrivée inconnu en senior, seule certitude, à l'ES Beuzec, à 38 ans, ils profitent à fond de leurs dernières années dans ce football senior. Capistes, ils le sont, ils y ont fait tout leur parcours, hormis une entorse extrêmement passagère pour Gérald, pour suivre la vague du PAB à la Stella Maris Douarnenez. A 38 ans, ils ont vécu une finale peu commune, ensemble devant 600 spectateurs, défiant Gourlizon, dans l'ultime marche de la coupe du district. Même si la finale leur a échappés logiquement, ce dimanche, les jumeaux en garderont un bon souvenir, au final, celui d'avoir mobilisé autant de monde et faire vivre des émotions particulières, aux supporters beuzécois, à travers leur parcours, du premier tour à Châteaulin au dernier, jour de finale, à Kersudal, ce 4 juin.
Légende: Aurélien et Gérald Ansquer (ES Beuzec), frères jumeaux, alignés dans le onze de départ de l'ES Beuzec, face à Gourlizon, ce dimanche, en finale de la coupe du district.
" On peut ouvrir le score sur notre première situation. Derrière, nous faisons une petite erreur qui nous coûte cher et on commence à se crisper. Le deuxième nous fait mal mais Loïc ( Le Corre), notre gardien, nous sort le grand jeu pour éviter le 0-3 avant la mi-temps. On est rentré aux vesitaires en se disant que nous ne pouvions pas faire une deuxième mi-temps pareille. Il faut aller les chercher, on a été trop loin en première mi-temps. On regrette cette situation du départ, ou de réduire le score. Gourlizon fait partie des meilleures équipes rencontrées. Plouguin, aussi en quart, très compliqué à jouer, ça allait à la mailloche, ils étaient venus avec un public en folie, Plonévez du Faou ou Châteaulin FC B, où on gagne en costaud 1-2, aux forceps. C'est notre premier tour à Châteaulin, qui a été déterminant, dans notre parcours. On s'est dit à ce premier tour passé, qu'on voulait aller au bout. Quand on a démarré la coupe du district, on s'est dit que nous voulions aller la gagner. La coupe, c'est des émotions, on retiendra le parcours, les émotions incroyables. C'est ça qu'il faut retenir. J'ai 38 ans, je n'avais jamais joué une finale de coupe à domicile", affirme Gérald Ansquer, avant-centre de l'ES Beuzec.
Démarrant en avant-centre, retrouvant ses premiers amours, sur le tard, à l'ES Beuzec, toujours là pour être décisif sur les gros matchs, Gérald Ansquer a connu son meilleur parcours en ligue, à l'AS Plouhinec (DSR), le club voisin, où avec les Anthony Bréhonnet, Mickaël Bosso, Alain Pichon, Eric Dutin, Loïc Druon, Stéphane Sergent, Pascal Pennamen, Gilles Keriou, Jo Frabolot.... ils alignaient une équipe redoutable, compétitive face à n'importe quelle équipe du Sud-Finistère.
" J'ai été formé attaquant au départ, à l'ES Beuzec. J'ai un entraîneur, Jean Gall, qui m'a mis latéral droit, et après, j'ai fait tout mon parcours de ligue en latéral ou en défense centrale. Aujourd'hui, je prends énormément de plaisir devant. Pour finir une carrière, jouer devant, en plus, renforcé par le côté décisif. Tant que je peux prendre du plaisir sur le terrain, je continuerai. Sur 34 matchs, cette saison, j'en ai joué 33. A 38 ans, on gère son corps différemment qu'un jeune qui a 20 ans de moins. Pour l'instant, j'ai toujours la niaque. On finit 5ème de notre championnat, en finissant fort"
Retrouvant son premier club, suite à son départ en 2017 de l'AS Plouhinec, il est revenu refaire briller l'Etoile quand elle se morfondait en D2. Deux montées de rang, le titre de champion D1 auréolé de la meilleure défense, l'ES Beuzec est retombé en D1 mais s'y accroche fermement à cette terre de district. Pour tenir le niveau, les Beuzécois font preuve d'une extrême solidarité, avec une particularité peu commune, un terrain principal tondu à tour de rôle par les .... joueurs.
" Mon regret est quand on est monté en R3, je n'aurai pas du arrêter le coaching. Je le voulais pour ne me consacrer qu'au jeu, mais avec le recul, c'était un mauvais casting, ça s'est mal boutiqué. On a des bons jeunes, certains de 17/18 ans, comme Noa Perhirin ou Esteban Colin. On a eu un creux dans notre saison, mais on s'est remobilisé. Avec l'effectif qu'on avait, ce n'était pas possible de descendre en D2. Avec un gardien comme Loïc ( Le Corre) ou Eric (Dutin), on a de la qualité. Ca n'a jamais lâché aux entraînements. On s'est mis en difficulté tout seul. Honnêtement, nous avons l'effectif pour jouer en D1. On a des supporters, des bénévoles sur-investis, ce sont les joueurs qui tondent la pelouse. On est 3/4 joueurs de l'effectif à faire un roulement pour tondre la pelouse. La mairie ne veut pas tondre et nous laisse à disposition un tracteur. On tond les terrains, on trace les lignes, on s'organise dans les joueurs et les bénévoles pour être prêt le dimanche pour la réception des autres équipes. Le samedi ou même la semaine, dès fois, pour moi, c'est entre midi et deux, je quitte le travail et je vais tondre le terrain de Beuzec, pour revenir au travail, à 14h. Ou le soir, avant l'entraînement, c'est de la débrouille"
A ses côtés, son jumeau, Aurélien, lui aussi au parcours riche en expérience, est revenu suite à l'appel du coeur de son frère, de le rejondre au début de son arrivée à l'ES Beuzec. Six ans après, ils y sont toujours et figurent parmi les plus anciens de l'effectif beuzécois, réduit à 42 seniors.
" On a tous envie de mouiller le maillot,on a un groupe de copains hyper-soudé. De mon côté, c'est encore plus particulier, parce que j'ai mon frère jumeau dans l'équipe. Jouer une finale avec son frère jumeau, à 38 ans, face à autant de monde au stade, même si on perd, on va la festoyer cette finale. S'il avait joué de cette façon comme leur finale, Gourlizon serait monté en R3. Quand on les a battus en février, il avait un creux physique, et là qu'on était moins bien physiquement. On a été mangés physiquement sur cette finale. Nous avions lu les commentaires sur le match Brest - Morlaix, une semaine plus tôt, le coach de Morlaix avait dit qu'ils étaient passés à travers, on s'est dit, il faut surtout pas qu'on ait les regrets, à l'issue de la finale. On n'en a pas trop parce que Gourlizon était meilleur. Ce qu'on peut juste regretter, c'est cette première action", juge Aurélien Ansquer, latéral droit de cette formation.
Pas prêt d'arrêter des deux côtés, ils prolongent le plaisir jusqu'au bout, toujours motivé par une énième saison, pour tenir Beuzec en D1. Avec l'arrivée de jeunes prometteurs, même suite au départ pour études, du stoppeur, Dylan Lannou, Beuzec est toujours cette équipe tellement dure à battre sur ses terres. Avec ce particularisme des joueurs du Cap, qui se battent avec des valeurs très ancrées au maillot, où l'esprit de groupe a encore toute sa place.
" On est originaire de Beuzec, on a commencé le football ensemble à l'ESB, avant d'avoir des parcours séparés en senior. Quand Gérald est revenu coacher Beuzec, je l'ai suivi en 2017/2018. On monte en R3 l'année du Covid. Notre effectif est un peu limité en senior, on doit être à 42 joueurs. Nous avons 16/17 joueurs pour la première. Le vivier est limité dans le Cap Sizun. Notre chance est d'avoir l'école de football, avec des jeunes qui accrochent de suite avec le football. Si tout le monde fait des carrières jusqu'à 38 ans, le club est sauvé. L'âge, ce n'est que dans la tête, tu ne te dis pas, j'ai 38 ans, mais je continue à avoir l'envie d'y aller, j'ai encore du plaisir à être sur le terrain. On a même hâte d'être aux dimanches. De jouer avec des jeunes, ça nous rajeunit. On est les plus anciens dans l'effectif. Quand on se lève le matin, la niaque est là, parce qu'on sait qu'il y'a l'entraînement, le soir, ou le match. Bon, il y'a aussi les séances d'osthéos, pour se remettre tous les deux/trois mois (rires)"