Le 19/04/2021

SOUVENIRS & NOSTALGIE. FC Châteaulin. La fidélité récompensée de Olivier Cornec

11 octobre 2014. Une carrière de footballeur amateur représente 95% de matchs ordinaires, pour 5% de rencontres sortant du lot commun. Ce faible pourcentage est souvent relié à une aventure en coupe de France. A 35 ans, Olivier Cornec est taillé dans le granit dans la roche Châteaulinoise. Par rapport au football professionnel, où les joueurs-clubs se font de plus en plus rares, le monde amateur regorge encore de valeurs morales et de l'amour plus fort que tout du maillot. Pour sa 16ème saison en équipe première du FC Châteaulin, le libéro savoure son immense plaisir de défier le FC Quimperlé (DH), pour le 5ème tour de la coupe de France.

S'il n'y avait que des Olivier Cornec, dans la vie, le monde se porterait mieux. Joueur, éducateur, formateur, il est le symbole des valeurs de Châteaulin, un exemple incarné pour les jeunes. " Il est tellement au-dessus moralement. Personne n'oserait lui faire un reproche dans son investissement. Et d'ailleurs, il n'y en a pas à faire. Il a tout connu au club, les bons et les mauvais moments. Quand il fallait défendre les couleurs du club en D1, avec quatre joueurs aux entraînements. Il était toujours là. Malgré les sollicitations régulières de clubs comme le Quimper Cornouaille FC, il est resté fidèle à son club. Au niveau technique, ce n'est pas le meilleur mais dans le mental, il surpasse tout le monde", admet son coach, Didier Hascoët.

En charnière centrale avec le solide Gaétan Rambert, il forme une doublette extrêmement complémentaire, qui n'a encaissé seulement 11 buts sur toute la saison dernière en DRH, soit une moyenne de 0,5 but par match. Son investissement est total dans la vie du club. Depuis ses débuts en senior, à l'âge de 16 ans, face à Lanvéoc, il donne de son temps à la formation des jeunes. " Ca me fait drôle aujourd'hui d'évoluer avec des jeunes que j'ai formé à l'école de football en poussins. Je savoure ce moment car avec l'expérience, ils sont rares. Je suis d'une génération qui a connu les mauvais moments du club. Notamment quand nous avons joué quasiment notre survie à Ploudiry pour éviter une relégation en D2. Le football est un cycle. J'ai encore au travers de la gorge, ce match face à Moréac (3-3, 3-5, tab) en 2012/2013. On se fait rejoindre par deux fois dans les arrêts de jeu, dans le temps reglementaire et en prolongation. Le club n'est passé qu'une fois, au 6ème tour, face à Saint-Brieuc, au début de la fusion dans les années 1990. Nous alignons en ce moment une des équipes les plus fortes de l'histoire du club"

Le foot, mais pas que...

Le FC Châteaulin est entré dans un cercle vertueux, avec la dernière génération formée au club des Simon Kerlidou, Clément Salaun, Dorian Leostic ou Alan Boivin. Ces joueurs sont la valeur ajoutée d'un collectif, solidement organisé, bonifié par l'apport d'un joueur expérimenté par ligne, Olivier Cornec en défense, Laurent Nédelec au milieu de terrain et Marc Labat en attaque. " Une équipe ou un club, c'est un ensemble! Nous avons besoin des uns et des autres pour avancer. Les jeunes ont besoin des anciens sur le terrain pour calmer le jeu, leur indiquer le tempo à respecter dans une partie. Et nous avons besoin d'eux pour leur enthousiasme et leur part de folie. C'est un bon mélange. Avec Marc et Laurent, nous sommes très attachés à la coupe de France. Marc se rappelle toujours de son match contre le FC Nantes avec l'US Concarneau (3-0). Il était porté en triomphe par tous les supporters Concarnois, président compris, à la fin du match. Les jeunes doivent comprendre qu'une carrière passe vite. Il faut profiter de tous ces bons moments. La coupe de France est ce qui définit le plus notre passion pour le football", avant de poursuivre " Notre fierté est d'avoir fédéré une identité commune au FC Châteaulin. Nous sommes joueurs sur le terrain. Mais dans la vie, nous sommes là pour nous soutenir. Ma satisfaction avec les éducateurs du club est aujourd'hui quand nous voyons des gamins de notre équipe, qui avaient pris des mauvais virages à l'adolescence, sans repères familliaux, et qui grâce au club, s'en sortent, avancent et ont des projets personnels et professionnels. Quand on est joueur amateur, on se rattache à ces moments de vie quotidienne, simple, qui font notre fierté et notre bonheur. C'est une récompense collective et la force de notre club".

Educateur à l'école de football du CFC

Promu en DSR, le FC Châteaulin a hérité du FC Quimperlé (DH), sortant à peine d'une année extraordinaire avec un 32ème finale de la coupe de France et une montée en DH. Les Quimpelois se méfient très certainement de cette équipe de Châteaulin, qui possède la maturité pour pousser les joueurs d'Eric Gaillard, dans leurs ultimes retranchements sur ce match. " On donnera tout sur ce match. Avec Marc, on rêve d'un 6ème tour face à l'US Concarneau. Mon cousin, Sébastien Clément joue dans ce club. On en parle souvent! Nous avons franchi un sacré palier. Nous l'avons vu à Quemeneven. Nous passons propre au 4ème tour (0-5), alors que deux ans auparavant, nous n'avions pratiquement aucune marge face à ces équipes. Nous jouions sur la hargne et la force du collectif. Depuis deux ans, nous avons une équipe portée vers l'avant avec des joueurs comme Thomas Lagadec (RC Porzay), Gaël Derrien (Plomodiern), ou Cédric Le Page (Stella Maris B), qui passe le cap du district pour prouver qu'ils ont le niveau de la DSR".

A Châteaulin, Olivier Cornec est l'indéboulonable joueur de la décennie 2000 et 2010. 16 ans à mouiller le maillot rouge et blanc, respecté d'une façon collégiale par ses adversaires et le corps arbitral, le capitaine revêtira pour une énième fois, le brassard pour mener ses troupes à la victoire face au FC Quimperlé. Toujours dans le respect de l'éthique et la morale du club, qui a toujours refusé de tomber dans le paiement de primes de match pour les joueurs. La légende des Cornec n'est pas prête de s'arrêter à Châteaulin. Le fils d'Olivier, Manolo, 5 ans et demi, s'annonce déjà comme un petit phénomène balle au pied. " Je suis aussi l'éducateur sur les 6/7 ans, tous les mercredis et samedis. Ils sont plusieurs petits à avoir du ballon. Ca aussi, c'est un gros moment de bonheur. A travers ces enfants, on se revoit à leur âge pris par la même passion, qui ne nous a plus quittés depuis, et nous a aidé à devenir quelqu'un dans la vie"

Christophe Marchand

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