Estampillés par le sceau de l'AL Châteaulin, les "frangins" Nédelec, Julien, 25 ans et Manuel 21 ans sont une référence dans le handball Finistérien. Pas simplement pour leur talent sur les parquets, mais aussi pour les valeurs humaines qu'ils dégagent: simplicité, humilité et un savoir-être au quotidien. Fer de lance depuis quelques saisons de l'AL Châteaulin, ils ont grandi avec le club, qui joue actuellement en nationale 3. Amarré sur les bords de l'Aulne, leur attachement au club et au handball dépasse le seul cadre du sport. Une vraie passion.
L'idée de faire cette série sur les frères et soeurs est intervenue, suite à une réflexion. Est-ce qu'une relation peut évoluer dans une fratrie? Oui, certainement. Et si oui, peut-elle évoluer aussi dans le sport? Ayant fait ce reportage en 2009, sur les frères Nédélec, Julien Nédelec, l'aîné, se chargeait alors d'atténuer l'ouragan Manuel, qui pouvait à tout moment disjoncter et sortir de son match à ses 17/18 ans en prénationale. Trois ans après, les rapports ont évolué et la complicité a grandi de plusieurs crans. " Je me contrôle plus facilement en match. Avec Julien, nous avons tout les deux quitté le domicile familial. On se voit moins souvent mais paradoxalement, il y'a plus de complicité entre nous. Même en match, quand avant mon frère s'énervait, j'avais plus tendance à le laisser dans son coin. Aujourd'hui, je vais vers lui pour lui dire que c'est rien, ça va venir. Je me mets à sa place et devine la frustration qu'il ressent. Il le fait pour moi, alors je dois le faire pour lui quand il vit cette même situation en match", avance Manuel Nédelec.
Un recul par rapport au jeu : Pour Julien, leur relation a aussi évolué dans le bon sens. " Nous n'avons pas du tout le même caractère. Je suis plus réfléchi, calme et posé que Manu. J'ai besoin d'avoir ce temps de réflexion avant de prendre une décision. Lui a toujours été plus volcanique dans son comportement, il a toujours besoin de faire quelque chose. A l'adolescence, je ne le comprenais pas toujours. Il pouvait sortir de ses gonds à tout moment. Avec le temps, il s'est calmé. En match, il est plus concentré sur le jeu. Il m'apporte beaucoup. Dans les temps morts, il y'a plus d'échanges qu'auparavant mais comme il a été repositionné à l'aile, nous sommes assez éloignés par nos zones de jeux".
Si la relation a évolué, leur attachement avec le club de l'AL Châteaulin n'a pas changé, même si tout deux ont pris du recul par rapport à une simple défaite ou victoire. " Je veux toujours gagner. Avant quand l'équipe perdait, je pouvais le prendre pour moi. C'était aussi ma défaite. Je relativise beaucoup plus aujourd'hui. Le hand est une des composantes de ma vie, mais plus la seule. Après, jouer avec son frère en N3M n'est pas commun. C'est un avantage car je sais quand et où partir, être dans le bon timing pour recevoir ses passes. L'énervement peut encore venir. Mais je pense plus à l'équipe. Si je sors du match, l'équipe est pénalisée", reprend Manuel Nédelec.
Deux caractères oppsés : Véritable juge de paix entre les deux, le père, Patrice Nédelec a vu grandir leur relation avec le temps. " Julien a commencé par le foot au FC Châteaulin mais l'ambiance lui plaisait mieux au handball. Manu a tout de suite pris une licence au hand à 5 ans. Ils ont deux caractères différents. Julien a celui de sa mère, Corinne, il est plus calme, plus posé et plus casanier. Il sait arrondir les angles. Par exemple, il n'a jamais demandé de mobylette à l'adolescence. Il préférait rester au calme. Manu a pris mon caractère. Il s'emporte facilement, et a besoin de sortir de suite ses émotions. Contrairement à son frère, il a eu un scooter quand il avait 14 ou 15 ans et on ne le voyait jamais à la maison. Ca a clashé entre les deux frères car ni l'un, ni l'autre ne se comprenaient réellement. Julien a toujours eu beaucoup de responsabilités car il était mature plus tôt que les autres. A 17 ans, on lui demandait de gérer énormément de choses au club. Le handball, c'est sa vie et sa passion. Il a toujours voulu travailler avec les enfants et dans le sport. Il se destine à être éducateur spécialisé dans le handball. Je ne doute pas que ce métier est fait pour lui. Manu a toujours été extrêmement perfectionniste. Ca ne le dérange pas de se fixer des objectifs très hauts, qui sont parfois inatteignables. Il en a besoin. C'est son moteur et c'est comme qu'il puise sa motivation".
Comprendre ses défauts pour apprécier ses qualités : Bizarrement, leur amour pour ce jeu a légèrement dévié de sa trajectoire jusqu'à ce surprenant témoignage de Julien Nédelec. " J'adore toujours jouer mais je trouve maintenant plus de plaisir à transmettre. Je suis arrivé à un âge où je serais même content qu'un jeune prenne ma place en équipe première. Je suis plus à l'aise pour entraîner une équipe de filles. Il y'a moins besoin de hausser la voix et il y'a plus de subtilités que coacher une équipe gars. Eduquer est un besoin. Le handball m'a beaucoup donné comme valeur dans la vie. Je pense que je suis arrivé à un moment où je dois être redevable et transmettre à mon tour aux jeunes mes connaissances et un savoir-être. L'AL Châteaulin est notre club de coeur et une seconde famille. Nous recueillons aujourd'hui les fruits d'une politique mise en place par Thierry Goulard et les dirigeants de l'éqoque, commencée en 1995/1996. On se défonce avant tout sur le parquet pour la ville et pour ces dirigeants qui ont donné tant d'heures pour qu'on en soit là aujourd'hui".
En National 3, Julien et Manuel Nédelec ont gravi tous les échelons avec le club de l'AL Châteaulin. Complices dans les salles, ils le sont maintenant peut-être encore plus dans la vie. Un signe d'une évolution manifeste. Ils ont simplement appris à faire moins attention à leurs défauts pour mieux apprécier leurs (grandes) qualités.
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