Tour de contrôle des Uscistes, Guillaume Jannez, 25 ans, est une pièce importante de l'échiquier du coach Nicolas Cloarec. Porteur du brassard de capitaine, depuis ses 21 ans, il s'inscrit dans un profil de joueur-club, attaché à une ville qu'il a vu naître. Avec des grands-parents Concarnois, une jeunesse passée près de la Corniche, Guillaume Jannez, surnommé "grand", se transforme en conquérant dans sa zone de territoire en match. " A Concarneau, il y'a tout pour être heureux: la corniche, la ville-close, la mer. C'est juste notre club. On s'arrache en match pour représenter au mieux nos couleurs". Portrait du capitaine de l'US Concarneau.
Propre dans ses interventions, Guillaume Jannez en impose par un physique et un tempérament de gagneur. Crédit photo: René Riou
Un père footballeur, une mère basketteuse à Concarneau, un frère ainé, Fabien, joueur au FC Quimperlé (DH), la trajectoire de Guillaume Jannez avait une part de prédestination à la naissance. Après des premières armes dans le football, à l'AS Baye, le club de sa commune, de ses 6 à 13 ans, il est repéré pour intégrer le club voisin du FC Quimperlé. Un an avant qu'un autre club Tango se manifeste avec le FC Lorient. Jusqu'à ses 17 ans, il flirte avec l'idée de s'ouvrir le champ du professionnalisme. Cependant, il ne franchira pas le cap. Sans regret. " Je n'avais pas la mentalité, à l'époque pour percer dans ce milieu. Je suis revenu à 18 ans au FC Quimperlé en DSR. Je préférais jouer avec les copains".
Sous la direction de Sébastien Le Devehat, il parfait sa post-formation en DSR. L'envol se fera avec un retour à la source à l'US Concarneau en 2008. Dès sa première année au club Usciste, il gagne la confiance de Serge Le Dizet, le coach de l'équipe première en CFA 2. Avec un souvenir d'exception, un 32ème de finale en coupe de France, en janvier 2009 face à Lyon des Karim Benzema, Miralem Pjanic, Jérémy Toulalan... " Nous avions joué à Guingamp. On avait pris six buts mais jouer devant + de 10.000 personnes, ça marque à 21 ans" (Voir la vidéo du match)
L'US Concarneau arrive à une croisée des chemins avec un recentrage sur des joueurs locaux. Guillaume Jannez possède le profil idéal pour être un des jeunes leaders de ce groupe, au même titre que ses potes, Christophe Gourmelon, Maxime Toupin ou Jérémy Drouglazet. " Avec l'arrivée de Nicolas Cloarec, aux commandes en 2009/2010, une nouvelle génération est arrivée en équipe première. On m'a confié le brassard. Au début, j'étais un peu gêné par rapport à des joueurs comme Mathieu Viel ou Laurent Palut qui avaient plus d'expérience et de vécu à ce niveau. J'étais dans une époque où j'observais beaucoup, à l'écoute pour franchir des paliers".
Et le glissement de poste se fit naturellement au poste de défenseur central. " Je me souviens encore de mes premiers matchs. J'étais en complète perte de repère. J'avais le jeu tout le temps face à moi. Dans la gestion, dans la relance, je me devais de m'adapter à cette nouvelle fonction. Je remercierai jamais assez Mathieu Viel. Je l'ai observé beaucoup dans son placement et dans sa gestion de l'effort utile, de la course juste au bon timing. Là, j'ai énormément appris"
Après quatre ans à ce poste, Guillaume Jannez erst devenu le taulier de la défense des Thoniers. Celui qui en impose, rassure ses coéquipiers et se charge de faire comprendre à son adversaire direct qu'il aura fort à faire pendant 90 minutes. Et il se retrouve à transmettre son expérience au jeune Florian Le Joncour, promis à 19 ans au plus bel avenir. " Avec Flo, nous avons pris l'eau dans le premier match au Stade Bordelais (4-1). Je ne me fais pas de soucis pour sa progression. Il a largement le niveau de la CFA. Il encaissera petit à petit le défi physique imposé par la CFA. J'ai mis une demi-saison à me mettre à niveau dans cette intensité. Je suis différent dans la vie que sur un terrain. Je me trouve plus agressif avec un côté compétiteur et gagneur, qui ressort en match. Le brassard amène plus de responsabilités. Je prends plus facilement la parole maintenant dans les vestiaires. Je vieillis (rires)".
Concarneau, c'est un club à part
Le statut de joueurs mercenaires est désormais banni à l'US Concarneau. Les joueurs se sentent investis dans un projet club à moyen et long terme. Forcément visible en période d'avaries, cette valeur équipe trouve sa plénitude dans ces moments difficiles. " On aime ce club. On s'y sent bien et nous voulons grandir avec lui. Je me souviens encore de cette période de sept matchs sans victoire, au début lors de notre première année de CFA. Notre salut est passé par notre unité collective".
La coupe de France est forcément un objectif pour cette bande d'amis, qui souhaite écrire les plus belles pages du club dans cette compétition. Le match face à Guingamp en 16ème de finale à Guy-Piriou est encore prégnant. Ayant conscience d'être passé à côté de quelque chose de magique, Guillaume Jannez parle même de son meilleur souvenir de footballeur. " C'est plus fort que Lyon ou Nantes. Le scénario, voir 6.200 spectateurs derrière nous, ça donne une force incroyable. Sur ce match-là, nous avons mis en lumière toute la solidarité qui unit le club. On avait vu les bénévoles et les dirigeants, s'unir pour tenir les délais. Ils ont réalisé un travail de forcenés. Comme pour le contour de la fosse synthétique. On jouait pour eux contre Guingamp. Ils s'étaient dépouillés pour qu'on puisse jouer ce match à Concarneau. On se devait d'en faire de même sur le terrain. Concarneau, c'est un club à part" (voir la vidéo de son poteau face à Guingamp)
Ce samedi, face à Vitré, il sera encore le guide d'une troupe de l'US Concarneau désireuse de se qualifier pour la première fois de son histoire, une seconde fois consécutivement en 32ème finale de la coupe de France. Ayant pour beau-père, Philippe Dizay, joueur de l'USC dans les années 80, deux fois qualifié pour les 16ème de finale de la coupe de France en 1981 et 1986, cette génération veut marquer les esprits du club. " On en parle souvent avec Jérémy, qui avait son père, joueur dans cette fameuse époque des années 80. Nous voulons les battre. Je ne vois pas ailleurs qu'à Concarneau. C'est ma ville. J'ai trouvé mon équilibre avec le travail, la famille, les amis, les entraînements et matchs. Je ressens une forme de stabilité appréciable". Avec des joueurs cadres entre 20 et 28 ans, fortement impliqués dans le projet, l'US Concarneau force le respect dans une continuité de performances à tous les étages. La recette concoctée par les chefs-maisons a intégré les bons ingrédients. L'AS Vitré, adversaire du 8ème tour, devra être passer à bouillon même si ce match s'annonce indécis et tactique. " C'est un tirage délicat. Une des très bonnes équipes du championnat CFA. Ca se jouera sur des détails. On enchaîne les gros rendez-vous jusqu'à la trêve avec Nantes B, Lorient B et Trélissac en championnat". L'US Concarneau peut compter sur le fighting-spirit de Guillaume Jannez pour véhiculer l'esprit maison. Avec en ligne de mire, un nouveau 32ème de finale de la coupe de France.
Christophe Marchand
