Le 20/03/2021

SOUVENIRS & NOSTALGIE. Ils avaient gagné ensemble la coupe Gambardella en 1990

19 octobre 2016. L'amitié est un refuge, un pilier et un ancrage extrêmement important dans toute société déshumanisante. Le sport apparaît un rempart formidable à la mixité, à l'engagement et à une vie citoyenne au service et en respect des autres. Les émotions données et vécues représentent des souvenirs inoubliables dans les mémoires. La coupe de France de football traverse tous les communes de France en donnant une chance de lumière à tous les clubs amateurs. L'US Trégunc, après quatre campagnes malheureuses, voir désastreuses comme cette élimination au 3ème tour, l'an passé, à Quimperlé (" On n'a pas joué là-bas. Notre seul tir du match remonte à la 85ème minute", retiennent Olivier Provost et Stéphane Guivarch), les joueurs de Hubert Castets espèrent faire un 7ème tour avec la vieille dame centenaire, ce dimanche, à Guipavas. Une compétition que Stéphane Guivarch, vice-président du club, avait remporté avec l'AJ Auxerre face à Nîmes en 1995/1996 (1-2). Et que Olivier Provost en garde un super souvenir avec la GSI Pontivy, battu en 8ème finale par l'AS Monaco des Marco Simone, Dado Prso, Sabri Lamouchi en 1999/2000 (0-4). Dans leurs souvenirs commun, une victoire avec le Stade Brestois en 1990, en coupe de France des jeunes, la Gambardella face à Grenoble, à Mulhouse (1-3). " Le seul titre du stade Brestois", jubilent-ils.

Olivier Provost et Stéphane Guivarch, une amitié longue de 30 ans.

Le football professionnel les avait fait perdre de vue, au début des années 1990, le football amateur, de par leur activité professionnelles et choix de vie, les a permis de se retrouver. Le duo Olivier Provost/Stéphane Guivarch donne leur temps et leur énergie au projet de l'US Trégunc. De la D1 à la DH, avec un maintien inachevé à un point près en 2015/2016, l'UST, crée en 1971, est aujourd'hui considéré comme un des meilleurs clubs du feu district 29 Sud. Alors que l'équipe première avait concentré une grosse partie de l'énergie, l'US Trégunc se structure en interne avec un accent mis à la formation et l'embauche d'un premier salarié avec Jean-Guillaume Gloaguen, 25 ans. " C'est important de percevoir le football avec quelqu'un qui a un vécu commun. On n'a pas besoin de se parler pour se comprendre. C'est un pilier important"

Ce vécu commun, Olivier Provost, classe 1972 et Stéphane Guivarch, classe 1970, l'ont construit au centre de formation du Stade Brestois. Arrivé en cadet 2ème année de l'Hermine Concarneau, à 14 ans, pour Stéphane Guivarch et en minimes de Porspoder pour Olivier Provost, leur aventure sportive trouvera un achèvement avec la victoire en coupe Gambardella, face à Grenoble, en finale, au stade de l'Ill, à Mulhouse, en 1989/1990 avec les Laurent David, Bertrand Cujard, Erwan Manach et le coach Jean-Philippe Jambou (3-1, un but de Stéphane Guivach). " C'est un formidable souvenir, avec une double victoire sur l'AS Saint-Etienne en quart de finale et l'Olympique Lyon en demi-finale, à Châteauroux. Le match des demi-finales face à Lyon, on s'en rappelle encore car on avait oublié les ballons d'entraînement à notre hôtel (rires). La victoire contre Grenoble se jouait à Mulhouse. On aurait souhaité le Parc des Princes en ouverture de la grande finale. Mais l'important était d'avoir ce titre pour toute notre génération". Quand aux premiers matchs de la compétition. " On faisait jouer les premières années en coupe gambardella. On a failli sortir à Sain-Brieuc sur un plateau. Notre aventure décolle quand notre coach, Jean-Philippe Jambou, fait jouer la meilleure équipe. On se rappelle de notre match contre l'ASPTT Nantes. Il s'attendait à un tirage jouable. Ils en prennent 9 avec cinq ou six but de Stéph", retient Olivier Provost.

2e rang : Guivarc'h, David, Jambou (entraîneur), Cujard, Cario, Provost, Kasarevic, Guégen, E. Manach,1er rang : Corre, G'Belle, Recober, Coualan, Riou. Crédit photo: Stade Brestois

A l'époque, le Stade Brestois est réputé comme un des meilleurs centre de formation de France. Corentin Martins, Claude Makelélé, Stéphane Guivarch, Bertrand Robert sont passés par l'Armoricaine. A son éclatement avec le dépôt du club en décembre 1990, la route de Olivier Provost et Stéphane Guivarch se séparent. " A cette époque, je faisais mon service militaire à la direction du port à Brest. J'avais l'impossibilité de quitter la région pour une durée d'un an sur un rayon d'une centaine de kilomètres. L'EA Guingamp l'a su. Sans mon service militaire, j'aurai sûrement signé à l'AS Saint-Etienne et non à Guingamp", souligne Stéphane Guivarch. Olivier Provost n'a eu la contrainte militaire des appelés plus tardivement. Le milieu défensif s'envole, direction le Stade Bonal et le Sochaux Montbelliard. " Je n'ai pas été recruté par Sylvester Takac, l'entraîneur de la première, mais Silvio Croci, le père de Laurent (joueur à Sochaux et à Bordeaux), qui dirigeait le centre de formation (autre club grand pourvoyeur de joueurs de talent comme Franck Sauzée, Eric Lada, Stéphane Paille). Je suis resté deux an avant une opportunité à Perpignan alors en D2, avec Jean-Philippe Carayon. En juin 1993, je donne mon accord à Perpignan. En juillet, je reçois une convocation de l'armée pour un lieu fixe, à Vannes. Je signe à Vannes alors que je n'ai fait mon service que deux ans plus tard. Avant de m'éclater avec la GSI Pontivy de Michel Jarnigon, six ans. Un 8ème finale face à la grosse équipe de Monaco. On tient le 0-0 à la mi-temps. Je pense encore à la phrase de l'arbitre du match, Patrick L'Hermite, qui me charge de dire à Mathieu Viel de rester à son poste de défenseur central quand il avait franchi le rond central, balle au pied".

Alors que Olivier Provost connait l'anonymat d'une carrière amateure riche et enlevée avec la GSI Pontivy, Stéphane Guivarch est le seul joueur de la génération Gambardella qui éclate vraiment à très haut niveau, avec au firmament pour l'éternel, une victoire en coupe du monde 1998. Chez un Breton, l'envie d'aller voir au lointain est forcément présente en péninsule mais le désir de revenir près des siens est extrêmement fort surtout dans les rouleaux de la vie. " Revenir à Trégunc était un choix après ma carrière professionnelle. Ma mère, Raymonde avait des problèmes de santé. Je ne voyais pas être loin de ses côtés à ce moment", précise Stéphane Guivarch. Pour Olivier Provost, son désir d'entreprendre avec le rachat d'un Intermarché coïncidait avec un projet de vie tourné sur l'Ouest de la Bretagne. " J'aurais pu racheter un Intermarché à Cherbourg en 2007 mais je voulais rester en Bretagne. Quand j'ai acheté l'Intermarché à Névez en 2007, j'ai appelé naturellement Stéphane qui était avec l'US Trégunc, un partenaire de l'établissement, mais aussi parce que je souhaitais acquérir une maison pour ma famille à Trégunc".

Je dois être le seul des Français champion du monde investi autant dans mon premier club amateur.

Par ce double retour aux sources dans le Finistère, les deux joueurs, vainqueur de la Gambardella en 1990, retrouvent leur jeunesse commune et l'envie de s'investir pour le football amateur. " La passion du football ne part jamais. Comme on fait les choses, autant le faire avec passion et coeur". Arrivé à la présidence du club en 2013/2014, Olivier Provost conduit, avec Stéphane Guivarch, la destinée de ce club de près de 300 licenciés. " Mes parents avaient construit juste à côté du stade. Mon père, Pierre-Yves, a joué au club jusqu'à ses 39 ans en 1978. 38 ans après, les vestiaires sont toujours là. L'US Trégunc est mon premier club de mes 6 à 11 ans. Je dois être le seul des Français champion du monde investi autant dans mon premier club amateur. Je ne l'explique pas, je le fais sans réfléchir parce que j'ai envie de donner au club. Ca demande beaucoup de temps et un investissement important auprès de la recherche de partenariats économiques pour faire vivre le club. Je n'hésite pas à défendre mon club quand il le faut. On ne me changera pas maintenant (rires)", confirme Stéphane Guivarch. 

Réuni autour de leur même passion, Olivier Provost et Stéphane Guivarch vibrent forcément pour une compétition qu'il leur a tant apporté. Avec une focalisation sur le match de dimanche contre Guipavas. " Ca fait cinq ans qu'on n'a rien fait en coupe de France. La coupe, c'est un esprit de guerriers. Je ne sens pas une équipe de gueriers dans nos rangs. On a des absents, sept potentiels titulaires sur le dernier match contre Plabennec B (1-3) en championnat. Il y'a des comportements irréprochables dans l'équipe mais je doute de notre capacité de souffrir ensemble pour gagner ensemble. Guipavas, c'est une équipe de même niveau qui aura l'avantage du terrain", soulignent Olivier Provost et Stéphane Guivarch. En quête d'une victoire au 6ème tour de la coupe de France, l'US Trégunc veut se sublimer pour aller chercher ce 7ème tour de la coupe de France.  Pour connaître ce grand frisson qui marque une vie sportive.

Christophe Marchand

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