Le 24/04/2015

A nous la coupe de France. Mère et joueuse: la battante de l'équipe

Le sportif envers son corps éprouve une relation chancelante et partagée entre amour et haine. Il l'adore quand celui-ci lui fait passer des paliers et le déteste quand une blessure survient.  A 34 ans, mère de deux enfants, Romane, 10 ans et Lucas, 6 ans, la gardienne, Christelle Guerbaa savoure à juste raison cette extraordinaire aventure des Roz Hand Du 29. Le couperet de la fin de carrière a failli l'assommer, la saison dernière, après une grosse blessure. Elle n'avait pas vécu l'épopée jusqu'en demi-finale en 2013/2014. Cette fois-ci, elle tient un rôle essentiel dans ce groupe. Capable d'explosivité et de folie, elle excelle dans un caractère de battante et guerrière. A l'image de son équipe, elle entend avec le soutien de ses enfants,de son mari, Medhi, joueur de handball, et de ses parents, aller chercher cette coupe de France régionale 2014/2015, à Paris, ce dimanche.

Quand la passion est dévorante pour un sport, le renoncement au jeu est un déchirement personnel. Le clap de fin, repoussé à de nombreuses reprises, peut être involontairement provoqué par une blessure. Deux semaines avant Carquefou, pour la qualification des filles en quart de finale en 2013/2014, Christelle Guerbaa a craint le pire et l'arrêt pur de sa carrière. " Les premiers diagnostics des médecins n'étaient pas bons du tout. Ils prescrivaient l'arrêt pur et simple de la compétition. Il y'avait rien de pire que d'entendre cette phrase. Je n'avais pas programmé de fin dans ma tête. Il faut être forte. L'appui des proches et des enfants aide énormément. Avoir un compagnon qui connait le sport et le handball, pour avoir joué à Bannalec et Concarneau de nombreuses années, est un sacré atout car il comprend automatiquement le ressenti et la frustration qui l'accompagne". Finalement, à force de croire à une autre échéance, le diagnostic initial est changé avec une très grosse entorse à la cheville. " C'était une entorse très atypique. Je suis revenue petit à petit sans griller les étapes. Je voulais y aller à mon rythme pour reprendre avec le groupe à la mi-août. Ca faisait six mois d'arrêt. Je n'avais même pas la prétention, au départ, de retrouver une place dans le groupe de l'équipe première", admet Christelle Guerbaa. 

Forcément, cette année est vécue comme une libération, un bonheur et une heureuse facétie sur le destin par la gardienne des Roz Hand Du 29. Mère de deux enfants, elle est suivie par tout son clan, à chaque déplacement. Medhi, Romane et Lucas avaient été du voyage jusqu'à Chambly en Picardie. " On l'encourage vraiment à repousser ses limites. Nous sommes à fond derrière elle et l'équipe. C'est extrêmement fort comme moment. A la fin de chaque match, on enlasse son voisin, on passe par tous les sentiments. L'engouement est très fort, autour de l'équipe. Ca dépasse nos cinq communes et même dans le Sud-Finistère, ça commence à en parler", précise Medhi Guerbaa. 

On encourage notre "maman" et ses copines

Les enfants prépareront activement leur tenue tout en noire et rose. Une paire de chaussure spécialement au couleur du club a même été achetée par Romane pour cette circonstance unique de la finale de la coupe de France à Paris. " C'était trop bien les derniers matchs. Nous sommes sûrs qu'elles vont gagner. On encourage notre "maman" et ses copines. Elles joueront encore bien, dimanche". Les parents de Christelle, Henri et Annie-Claude feront le déplacement. Sa soeur, ancienne gymnaste rythmique de haut-niveau, Solène, restera sur Quimper. " Mes parents, mon père surtout me met la pression car je dois ramener un second titre de championne de France à notre famille (rires). Ma soeur avait été sacrée en gymnastique rythmique au début des années 2000. Je suis une Quimpéroise de Penhars. J'ai touché à tout avant, au football, au volley-ball et à la gymnastique, avant de découvrir le handball à 17 ans. C'est tard mais j'ai eu la chance que personne ne veuille aller dans les buts pour apprendre au plus vite ce poste".

Le double d'années plus tard, elle jouera le match le plus important de sa vie sportive, comme ses coéquipières, en lever de rideau de la grande finale nationale garçons entre Nantes et le Paris Saint-Germain. En parfaite complémentarité avec Pauline Gloaguen, la première gardienne ( " Il n'y a aucune rivalité, ni de jalousie entre nous. Ca facilite énormément les choses. Celle qui se sent le mieux, joue dans un dialogue et une confiance permanente"), Christelle Guerbaa, donnée perdue pour le sport à bon niveau, un an auparavant, vit sa meilleure revanche après ce coup du sort. A 50 minutes d'un exploit rententissant pour le handball breton. En rose et noir, rien n'est décidément impossible.

Christophe Marchand

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