Le 02/12/2020

"Un mec qui coule ? Je vais le chercher !"

Jean Le Cam n'a pas cherché midi à 14h00 hier lundi après-midi, lorsque la Direction de course du Vendée Globe lui demande de se dérouter pour porter assistance à Kevin Escoffier (PRB). Aller le chercher, c'est une évidence. Il stoppe sa course, endosse le costume de héros malgré lui et ça le fait sourire. Jean est heureux, très honoré mais il a fait ce qu'il avait à faire. Dans quelques jours, cette incoyable histoire humaine laissera place à la course qui aura d'autant plus de panache.

Un sauvetage hors norme : Lundi 30 novembre, 13h00, Jean Le Cam décrit une mer désagréable, les vagues tapent en sens inverse du vent qui lui-même est instable... Résultat : ça tape et ça grince, finalement, il n'y a que dans la bannette, à dormir, chauffage à fond que l'on est bien et pour les repas gastronomiques, il faudra repasser... Il est 15h28 lorsque la Direction de Course demande à Jean de se dérouter. Kevin Escoffier (PRB) a déclenché sa balise de détresse. Plus proche concurrent, le skipper de YesWeCam! arrive sur zone vers 17h00. Après avoir vu le radeau de survie, celui-ci disparait de son champ de vision. L'état de la mer, l'impérative nécessité de sécuriser son bateau compliquent la situation. A minuit, il poursuit ses recherches, sur la zone où émettait la balise (MOB) de Kevin Escoffier et témoignait "Je ne le vois plus, j’ai passé toute la journée dehors à virer de bord dans 30 noeuds de vent. Il fait froid... ". Puis, en pleine nuit, Jean Le Cam voit un flashlight (feu clignotant), éloigné de la position de la balise. Il ne voit personne, poursuit ses recherches, les voiles choquées, barre sous le vent, il avance tout doucement... Et voit clairement le flashlight

Crédit photo Jean-Marie Liot

Plus il s'en rapproche plus la lumière devient évidente, Jean arrive finalement au vent du radeau de survie. Il se laisse alors dériver, embraye le moteur, passe à plusieurs reprises pour finalement passer un bout avec une "frite" orange. Il le prend en remorque et Kevin parvient à se hisser à bord de l'Imoca. Peu après 2h00 du matin, Jean Le Cam prévient la DIrection de course que Kevin Escoffier est à bord, sain et sauf.

Ce sauvetage, ce sens marin hors norme ne sont pas sans rappeler ce qu'a vécu Jean  Le Cam le 6 janvier 2009, à 200 milles de la Terre de Feu, au sud Chili. Il chavire, Vincent Riou (PRB), est dérouté et le récupère. Ils franchiront le Cap Horn sur le bateau PRB. Douze ans après, la situation inverse, mais presque similaire, se reproduit. Si Jean Le Cam est devenu un héros, déjà très adulé du grand public pour son franc parler et ses récits qu'il partage avec un immense plaisir, lui ne se considère pas comme tel et le dit, extrêmement humble : " Il y a un mec qui coule et qui est dans son radeau, je vais le chercher ! Alors après le reste...  Un type qui a un problème, tu vas lui donner un coup de main non ? Je ne l'ai pas fait pour rendre quoi que ce soit. Secourir, ça fait partie de notre métier."

Merci à @kevinescoffier pour cette jolie photo du bord !    

Et la course dans tout ça ? Il est 15h28 lundi 30 novembre lorsque Jean Le Cam se déroute, situé par 40°50.778 S / 008°57.568 E  au cap 115°, 4ème à 293,8 milles du premier et à 24 milles de PRB. Après plus de 3 semaines de course, YesWeCam!, bateau à dérive droite, âgé de 13 ans, tenait la dragée haute aux bateaux équipés de foils, dans le peloton de tête.  Ce matin, YesWeCam! s'est remis en marche : "Là, ça envoie au reaching, ça bombarde, on avance à 20 noeuds. Nous avons un anticyclone derrière nous, l'objectif est de ne pas se faire manger. Hier c'était une mer de m... un truc de dingue, jamais on n'aurait pu marcher comme maintenant." Pour avoir été neutralisé dans sa course, Jean Le Cam bénificiera d'une compensation pour le temps perdu, décidée par le jury international. Ce n'est pas ce qui préoccupe le skipper de Yeswecam! à l'heure actuelle mais plutôt où et quand il pourra débarquer Kevin Escoffier afin de reprendre la course :  " Il faut réfléchir à la destination la plus pertinente. Je ne veux pas aller dans des situations trop extrêmes dans les îles du sud. La destination la plus logique serait la Nouvelle-Zélande. Et puis c'est vite arrivé finalement, pas plus de 2 semaines !"

YesWeCam! actuellement pointé en 7è position, à 452 milles du leader, devrait franchir la longitude du Cap de Bonne Espérance dans la nuit de mardi à mercredi.

Mentions légales - Protection des données - CGU / CGV