Le 16/05/2024

Christian Fournier, une endurance à toute épreuve

"Discret et efficace", c'est ainsi que le décrit le reporter Pierre L'Haridon. "Dévoué et très investi." Voilà comment le perçoit le traileur lesnevien Valentin Piques. Dans le milieu de la course pédestre finistérienne, impossible de le louper :  Christian Fournier, le Président de Running 29, promène sa longiligne et élégante silhouette sur tous les podiums d'arrivée. Avec une forme de nonchalance très british. L'image lui ira droit au coeur : l'ex employé des services de la ville de Lesneven spécialisé dans l'entretien des jardins garde un souvenir ému de son passage à Guernesey (1987) où il travailla comme ouvrier agricole et lia de solides amitiés avec quelques coureurs anglais. La découverte et l'application de leurs méthodes d'entraînement permit au Lesnevien de retour au pays de progresser de manière significative. "Faut aller voir ailleurs !" Le mot d'ordre du jeune retraité est toujours d'actualité. Pas sûr cependant qu'aujourd'hui celui qui exerce encore la fonction de juge arbitre au sein de la commission départementale en trouve toujours le temps, (sur)occupé par ses fonctions entre Nord et Sud (Finistère).

Légende: Indisssociable aux trails finistériens, le Lesnevien, Christian Fournier ne manque pas une course, de Roscoff à Quimperlé. Crédit photos: DR

Pour retracer le parcours de Christian le coureur, c'est donc à Guernesey qu'il faut s'arrêter. Du temps où le Lesnevien bossait dans les serres horticoles pour un patron néo-zélandais. "Cette année-là, la France jouait la finale de la Coupe du Monde de rugby contre les All Blacks ! Qu'est-ce qu'on a pu se chambrer !" Sur l'île anglo-normande, Christian ne fait pas que mettre des plants en pots. Il cultive aussi au contact de collègues britanniques, de nouvelles méthodes d'entraînement. Pour simplifier, on dira qu'il avale matin et soir un certain nombre de kilomètres. Jusqu'à l'indigestion. Mais le résultat est payant. " Quand je suis revenu au pays en 1988, j'ai pété tous mes records. 2 h 33' au marathon de Nantes ou encore 1 h 11' sur semi, cette dernière course du côté de Bristol où courait aussi François Person qui avait je crois réalisé 1 h 05 ce jour-là." Des temps qui aujourd'hui encore imposent le respect.

A une époque où les trails se comptaient sur les doigts d'une seule main ("En gros, il y avait la montée du Menez Hom dont Jean-Luc Paugam détient le record en 1 h 05 et Brasparts"), c'est essentiellement sur route que Christian Fournier s'exprime. Sur longue distance : marathon de Londres ou 100 kilomètres de Millau... L'endurance, c'est sa seconde nature. "Il me fallait du long. Ce qui correspond davantage à mon profil. Et puis je n'aime pas les sprinteurs." (Particulièrement ceux qui font gonfler leurs biscotos, si j'ai bien compris.) Valentin Piques qui n'en rate pas une miette en rajoute. "Oui, je comprends bien ce que veut dire Christian. Un sprinteur, c'est un peu comme un chanteur dans un groupe de rock..."

L'endurance, l'ex coureur des Korrigans et du Stade Lesnevien la pratique encore au volant de sa voiture pour honorer de sa présence bon nombre de courses du calendrier. De Quimperlé à Lannilis et au-delà, un grand avaleur de kilomètres qui ne compte plus les heures passées sur la route. Le sympathique président des courses en Finistère s'en accommode. "Parfois, je pratique le covoiturage. Récemment avec Florian Caro par exemple pour gagner Rennes. Le problème, c'est qu'il a fallu ramener tous les lots qu'il avait gagnés."

Au fil de ses pérégrinations, le Lesnevien a aussi tissé de fidèles amitiés. Pour les rencontres marquantes, c'est encore vers le Royaume-Uni qu'il se tourne, vers les Dick Evans cet international gallois, les Tony Ross (2 h 16 au marathon) avec lesquels il est toujours resté en contact. L'humilité et la simplicité, ce sont les valeurs que défend ce passionné d'athlé. Et puisqu'avec Valentin et Christian, on est entre Lesneviens, c'est le nom d'André Penarguear qui spontanément vient sur le terrain. "Quelqu'un de bien !" Tout simplement !

Christian Fournier , c'est encore quelqu'un qui, loin de se reposer sur ses lauriers, va de l'avant. Le dernier projet qui le turlupine ? L'organisation du championnat de France de trail en 2025, sur ses terres, du côté de l'Aber Wrac'h, du Folgoët et de Kernilis. Sur un format de 70 kilomètres pour le trail long.  Voilà encore un sujet de discussion qui animera nos prochaines rencontres. Et au rang des rencontres que l'on peut faire au fil des trails, celle du président des courses en Finistère mérite une très jolie place. Christian Fournier, c'est quelqu'un qui gagne vraiment à être connu.

Rubrique Carte Blanche à Marc Férec

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