" Nous sommes très fier de sortir de la Bretagne pour notre 16ème finale. Il reste le Stade Brestois, le FC Lorient et ... l'US Montagnarde, à représenter le football breton. On sera le seul représentant du football breton amateur", affirme Nicolas Cloarec. Après une pause reconstructrice d'un an, après son " gadin" de Vitré (selon ses termes), montant dans le train montagnard en décembre, lancé à belle vitesse par Pierrick Le Bert, Nicolas Cloarec fortifie son amour avec la Coupe de France en revivant une épopée, quelques années après celles de l'US Concarneau. Ce spécialiste de cette compétition unique et magique prend ce moment comme une superbe opportunité pour l'US Montagnarde d'être le premier club français, de niveau R1, à atteindre les 8ème finale de la coupe de France. " Nous irons jouer dans le pays du cheval et du cadre. Nous avons une haie à passer, ça sera un nouvel obstacle. Si nous ne passons pas, nous aurons réussi un très beau parcours. Si nous y parvenons, on ira chercher ce qu'aucun club en France n'a réussi à ce niveau R1, le 6ème niveau français ( L'US Montagnarde est aussi le seul club français en DH à avoir été chercher un 8ème finale, en 2001/2002)", reprend Nicolas Cloarec.
| Légende: Complètement relâché et heureux de la qualification briochine, Nicolas Cloarec, le coach de l'US Montagnarde, retrouve une nouvelle fois les 16ème finale de la coupe de France, avec cette nouvelle aventure du club des forges. Crédit photo: Pascal Priol. |
" Quand le tirage est sorti, dans le chapeau restreint qu'on avait avec le Paris Saint-Germain, il y'a eu beaucoup de frustration au club. Pas de mon côté, je préfère jouer Saumur que le Paris Saint-Germain. Pour Saumur, ça peut apparaître un tirage de merde, mais pas pour nous. La pression sera sur nos adversaires, car avec l'avantage du terrain et de la division, ils auront clairement la pancarte de grand favori, au départ du match. Ce sont eux qui seront sous pression, de notre côté, on y croit. On voit ce tirage comme une opportunité et une chance d'égaler le record du club. D'ailleurs, à part égaler le record du club, nous n'avons finalement rien à perdre sur ce match à Saumur", commente Nicolas Cloarec.
Dans ce long tunnel entre son éviction à Vitré, en, octobre 2019 et sa remise en orbite en fonction à l'US Montagnarde, en décembre 2020, Nicolas Cloarec en parle, comme un chemin parfois tortueux, mais enrichissant en même temps. " Je sortais d'une fin de cycle épuisant, à Concarneau et d'un gadin à Vitré. J'aurai du partir avant à l'US Concarneau, j'en ai eu plusieurs fois l'opportunité, mais je ne les ai pas saisies. S'il n'y avait pas eu la pharmacie ( avec sa femme, Béatrice, ils sont propriétaires d'une pharmacie à Clohars-Carnoët), s'il ne s'agissait pas de ma ville, Concarneau, je serai parti. Je n'ai pas eu cette audace lors de ma période concarnoise car l'histoire était belle. En 2009, quand Jacques Piriou m'indique que je suis le seul à ses yeux à pouvoir reprendre l'équipe première senior, je ne vois pas, au départ, la portée de mon "Oui". Nous avons vécu, avec ma compagne, dix ans, la tête dans le guidon. Maintenant, je me sens beaucoup plus apaisé. Je suis extrêmement heureux de la réussite professionnelle de ma femme, Béatrice, que je sens épanouie. De mon côté, je ne me prends plus la tête avec l'obtention du BEPF ( diplôme nécessaire pour entraîner jusqu'en Ligue 1), et je suis bien dans mes baskets. De mon arrêt à Vitré à la reprise en main de l'US Montagnarde, je n'ai reçu aucune proposition d'un club professionnel, mon téléphone n' a pas sonné. Comme un joueur, un entraîneur a aussi besoin de confiance pour donner sa pleine mesure. Ces premiers deux mois à l'US Montagnarde m'ont permis de refaire gagner une équipe".
Aussi mis en parallèle forcément, l'US Concarneau et l'US Montagnarde, ces similarités sans doute nécessaire pour être calibré et référencé équipe de coupe, Nicolas Cloarec établit les connexions immédiates. " Ces deux clubs, Concarneau et l'US Montagnarde, se ressemblent dans leur ADN. Dans les deux structures, il y'a des gens qui aiment leurs couleurs, au-dessus de tout. Concarneau, c'est la pêche, les chaudronniers maritimes, La Montagnarde, le milieu des forges, avec des deux côtés, la valeur du travail. L'US Montagnarde n'est pas un club de riche. C'est un club qui doit constamment aller chercher son bifteck. Mon parcours en coupe à l'US Concarneau m'aide forcément dans mes fonctions à l'US Montagnarde. A ce stade, en 16ème finale, pour un club de R1, c'est extraordinaire d'être de ce rendez-vous. Je suis obligé d'avoir une réflexion sur la sortie. Ce que j'ai vécu à Concarneau, m'aide à mieux gérer cette fin de parcours. Je me dis que peut-être les joueurs m'écoutent parce qu'ils savent de quoi je parle. Je suis devenu beaucoup plus calme sur le banc de touche. Ca a été une de mes réflexions. Je me suis aperçu qu'en plein match, un joueur est absorbé par l'effort, il ne t'entend pas. Il reste des moments clés pour faire passer les messages et avoir l'attention de tous".
En prenant la suite de Pierrick Le Bert, ce n'est pas qu'une simple histoire d'une passage de témoin, avec en avant, une réelle et sincère amitié, rare dans ce milieu professionnel à haut-niveau. L'arrivée à l'US Montagnarde de Nicolas Cloarec n'a pas été le fruit du hasard, avec un premier contact avec le président, Kévin Le Gal, établi à l'été 2020. " J'ai été très clair avec le président. Personne ne peut dire de quoi l'avenir sera fait. Je peux partir de l'US Montagnarde dans quelques mois ou être là encore dans 10 ans, comme à Concarneau. Je profite de l'aspiration. On vit quelque chose de magnifique, en ce moment. Pierrot ( Pierrick Le Bert) est un vrai ami, on voit le football et la vie de la même façon. Nous nous complétons très bien, dans nos forces et faiblesses. Si j'ai l'opportunité de rebondir à haut-niveau, il sera mon adjoint. Nous avons une relation de confiance. On s'est dit qu'on bosserait ensemble chez les professionnels. Quand tu es à l'autre bout de la France, il est indispensable d'avoir une personne d'une totale confiance en adjoint, pour partager, discuter et échanger".
Apaisé par cette cure de jouvence montagnarde, Nicolas Cloarec vit à fond ce passage extraordinaire, en pleine tempête sportive pour le monde amateur. Tel un capitaine de navire, il installe le prochain cap à passer, à Saumur. Ce samedi, à 16h30, il saura tirer encore une fois le meilleur de son équipe pour aider ses joueurs à repousser encore leur plafond de verre.
Christophe Marchand
Toutes les photos créditées Pascal Priol
