A bientôt 30 ans ( le 24 janvier), le Guipavasien, Florian Kerzil, a roulé sa bosse dans le haut-niveau régional. Barré à ses 18 ans par le Stade Brestois 29, qui ne lui proposait que les 18 ans DH, il a entrepris un voyage dans les meilleurs clubs du Nord-Finistère: Guipavas, Saint-Renan, Plabennec, Plouzané, et même une saison au FC Lannion. Toujours porté par une rage intérieure, qui l'a dans le passé, joué des tours, mais maintenant apaisé et cicatrisé par une belle évolution personnelle. Le frère jumeau de Steven, ex-gardien au Stade Brestois 29 ( doublure de Steve Elana) ou de la GSI Pontivy, joueur de champ à Saint-Thonan (D1), est un atout idéniable du collectif de Milizac. Avec toute franchise, il avoue que cette saison en N3 pourrait être simplement sa dernière, dans le football amateur. Ayant monté son entreprise en plaquiste, en 2018, l'élastique se tend de plus en plus avec ses contraintes de chantier et délai de livraison et les quatre entraînements hebdomadaires, nécessaire pour performer en N3, avec la Saint-Pierre.

Face à Frédéric Le Scaon ( Plozévet, R3), Florian Kerzil, chaînon offensif de la SP Milizac en N3

De 12 matchs de suspension par saison, notamment 6 cartons jaunes et deux rouge en un exercice à un comportement exemplaire à Milizac, la transformation est complète, notamment dans la gestion de ses émotions en match. " J'ai un caractère impulsif. J'ai souffert de nombreuses années, de cette étiquette de joueur sanguin. On sème ce qu'on récolte. J'étais connu des arbitres pour être un joueur provocateur. Même quand il y'avait faute sur moi, les arbitres sifflaient facilement contre moi. Beaucoup de clubs ne voulaient plus me prendre car je coûtais trop de matchs de suspension, à une époque. A Milizac, je me suis assagi. J'ai fait un pacte avec mon entraîneur et ami, Yohan Boulic, en ce sens. En deux saisons, je n'ai pris qu'un ou deux jaunes. A une époque, je le reconnais, je jouais limite ma vie avec le football. Maintenant, j'ai mon activité, ma réputation et je prends moins à coeur le football".

Arrivé à un âge de raison, et non de passion, le bouillonnant Florian Kerzil a réussi sa plus grande victoire, sur le terrain: être en paix avec lui-même. Même s'il en a souffert, le football lui a aussi forgé une nécessaire force de caractère. " Je ne suis jamais satisfait de mon niveau. J'ai cette qualité ou défaut, je suis extrêmement perfectionniste, dans mon métier comme au football. Pour certains, c'est un détail, pour moi, ça tourne à une obsession.  Quand je jouais en DH et on m'offrait la N3 en fin de saison, je ne me posais pas la question. Je fonçais pour chercher le niveau supérieur. Je n'ai pas bougé pour bouger, mais pour entrevoir le niveau supérieur. Maintenant, à 30 ans, c'est une de mes dernières années, peut-être même ma dernière. Le football ne me manque pas tellement pendant ce deuxième confinement, ce qui me manque, c'est l'aspect humain, la convivialité, l'odeur des vesitiares et le cri de guerre, après les rencontres".

Assagi, épanoui dans sa deuxième passion, son métier de plaquiste, Florian Kerzil ne regrette rien de son parcours, qui aurait pu le mener à une carrière professionnelle. " De ma génération 1991 au Stade Brestois, seuls Mathias Autret (" mon meilleur ami" ) ou Alexandre Coeff ont percé. Mes meilleurs souvenirs, outre notre montée avec Milizac, notre 8ème tour de la coupe de France avec Saint-Renan, en 2013 face au FC Nantes (0-1, 88') et notre poule retour avec Plouzané AC en DH (2016/2017), dix victoires de suite avec Jean-Philippe Le Roux, J-B Guéguen, Thibault Kérivel, Flo Le Luron, David Hallegot ou Sofiane Soihili ( un joueur qui a tout), ratant de peu la montée en N3 contre Fougères".

Ayant gagné la reconnaissance des arbitres, qui le félicite maintenant pour son comportement sur le terrain ( " Ca me fait chaud au coeur, c'est une belle revanche sur mon passé"), Florian Kerzil profite à fond de ses dernières années dans le football. Le feu est toujours sacré même si le volcan n'est plus éruptif.

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