Le 14/01/2021

Marc Herrera, la flamme éternelle du football

Le dernier, Tottentham - Liverpool: fabuleux sur un plan mental, physique et technique. C'est à dire? Deux équipes, qui au niveau mental, avaient envie de gagner le match, en se répondant coup pour coup. Techniquement, du très haut niveau, avec des départs position basse, et des transitions offensives justes et adaptés. Tactiquement, les deux équipes avaient la capacité à déplacer les blocs adverses. Cet exemple met en lumière, Marc Herrera, 70 ans, Niçois de naissance, Bigouden de coeur, entraîneur de l'AS Loctudy, premier avec quatre victoires en D2, poule B. L'oeil toujours affûté, la passion toujours effervescente pour ce ballond rond, qui l'a accompagné toute sa vie: il a accepté le challenge de l'AS Loctudy, le dernier de sa longue carrière, avec un enthousiasme caractérisant et des principes clairs et non négociables.

Légende: Marc Herrera, au milieu d'une séance d'entraînement avec l'AS Loctudy. Crédit photo: AS Loctudy

" J'avais deux choix, à mon entrée en fonction. Soit caresser le sens du poil, accepter la mentalité d'aujourd'hui, plus dans un esprit loisir que compétition, ou présenter un projet de club, d'équipe, de jeu. J'étais parti pour la première, mais ça aurait été renier à mes valeurs du football. Je leur ai présenté avec angoisse la deuxième solution. Je n'ai rien à dire sur l'investissement, la politesse des joueurs, et leurs efforts collectifs. Je peux me tromper dans mes choix, ça fait partie de la fonction d'entraîneur, mais jamais vous me direz, que je suis malhonnête. Je mets toujours le meilleur joueur pour l'équipe", explique Marc Herrera.

Avec toujours le bon mot pour les comparaisons, même avec à niveau D2 ( " C'est même plus facile aujourd'hui, être un entraîneur en D2 qu'en R2/R1, avec plein de paramètres à gérer"), par exemple avec ses joueurs-cadres, comme le stoppeur, Nicolas Coupa, 39 ans ( " Lui, c'est notre Vitorino Hilton"), ou Sylvain Riou ( " Notre Zizou ou Platini", on lui donne naturellement les clés du camion"). Après un départ en fanfare ponctué par un 9-1 sur Plomeur B, juste avant le deuxième couperet, en octobre, "Loc" est bien la "Loc"omotive de ce groupe Bigoudéno-Fouesnantais en D2, poule B.

Revenu par hasard, au football, venu prêter main forte, juste avant le premier confinement, il est maintenant aux commandes de ce groupe senior. Jalonné par ces expériences au Cagival Nice (le club formateur de Robert Herbin), à l'OGC Nice, à l'US Guilviniste, Penmarc'h, US Pont l'Abbé, Stade Quimpérois, mais aussi le responsable de la section football au collège Laënnec de Pont l'Abbé, Marc Herrera a forcément suivi l'évolution de ce football amateur sur plusieurs décennies. 

" Je reste persuadé qu'une équipe en D2, qui s'entraîne régulièrement deux à trois fois par semaine, rivalise dans la durée, sans aucun problème avec une autre équipe de R2 ou R3. Ce qui est difficile aujourd'hui est d'avoir cette volonté de s'entraîner trois fois par semaine, sur 10 mois. Même en équipe de ligue, ils sont directement confrontés aujourd'hui à ce problème. On n'est plus dans le même rapport au football avec les générations actuelles. Il y'a encore un intêret quelconque en coupe et en championnat, si jamais il y'a un enjeu. Autrement, il n'y a plus comme avant, cette volonté de faire une saison à fond, quelque soit le résultat en cours de saison. Beaucoup de joueurs ne veulent plus se casser la tête. Gagner sa place pour jouer en A, ça ne les intéresse pas, ils ne veulent pas batailler pour ce genre de "conneries". Ils se rapprochent plus d'un esprit de loisir, peut-être qu'ils ont raison. Je ne suis pas là pour critiquer, ni être le "pisse-vinaigre", c'est simplement une autre approche".

A l'opposé, forcément de ce courant, Marc Herrera ne met en avant qu'un collectif, un esprit et un plaisir dans les enchaînements de jeu. " Je suis arrivé en Bretagne, en 1971, directement de l'OGC Nice. Dans le Sud, nous avons une mentalité plus individualiste. Je me suis très vite bien senti avec le football breton, beaucoup tourné sur la qualité d'équipe. Mon club référence a toujours été le FC Nantes, dans la philosophie du jeu. Mes meilleurs émotions et vibrations ont été de voir des matchs du FC Nantes, avec José Arribas, Jean-Claude Suaudeau et Reynald Denoueix. C'était la mise en avant de la beauté du jeu, pas forcément l'efficacité, mais c'est le style de foot qui m'a rendu le plus heureux. Maintenant, le football, c'est devenu trois matchs par jour à consommer à la télévision. Trop d'images tuent le spectacle. Avant, on rêvait du match, 15 jours avant qu'il ne passe à la télévision. On n'en avait pas beaucoup, mais on n'était pas dans cette sur-consommation à l'excès. Les footballeurs, c'est comme les musiciens, il faut avoir l'envie de jouer ensemble, un même tempo, une même tonalité....".

Autour des terrains, au milieu d'un groupe, Marc Herrera ne laisse pas indifférent par une énergie intacte. Un temps qui s'arrête soudainement quand la lumière foot est allumée. L'AS Loctudy profite à plein de la dernière tournée de cet éducateur hors-pair, qui attend patiemment le retour sur scène. " J'ai un effectif sympa pour le niveau D2 et à l'écoute. Il y'a de la qualité, de l'envie, de la solidarité, et un collectif. On peut faire quelque chose une saison. Ou même peut-être deux...", conclut-il avec sa pointe de malice habituelle.

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