C'est la rançon de la gloire : à peine avez-vous franchi la ligne d'arrivée (en l'occurence celle du Bretagne de duathlon à Châteaulin) que le cercle de vos connaissances vous tombe dessus. C'est ainsi qu'avant d'entrer en contact avec la néo-duathlète Aodez Le Fourn, il m'a fallu me débarrasser d'un confrère, l'expert en cyclisme Guy Jourdren, venu féliciter celle qu'il a connue presque gamine et qu'il peinait à suivre sur les pentes du Menez Quelerc'h. Car avant d'être duathlète, Aodez fut une cycliste réputée du club de Plouzané dont elle détint la présidence. Elle participa même dans le cadre du projet "Donnons des Elles au vélo" au tour de France féminin 2018. Il m'a fallu encore écarter une vieille connaissance, Thierry Goulard, figure tutélaire du hand châteaulinois. Quel rapport avec Aodez ? Aucun sinon qu'une année ils ont tous deux participé à l'élaboration de l'épreuve de maths du concours de l'école normale. C'est que dans le civil, Aodez est prof de maths. Agrégée s'il vous plaît. Aodez, c'est la tête et les jambes ! Et les jambes moulinent bien puisque pour l'un de ses tout premiers duathlons, la Guengataise d'adoption a intégré le top 10 de ce championnat de Bretagne.
Légende: Engagée sur les championnats de Bretagne, de Châteaulin, ce week-end, la Guengataise d'adoption, Aodez Le Fourn a rapidement eu ses premiers résultats en duathlon. Crédit photos: DR
Un passé de cycliste, une inclination naturelle pour le trail (qu'elle pratique avec succès)... C'est somme toute assez naturellement qu'à 35 ans, la Landernéenne d'origine Aodez Le Fourn a opté pour le duathlon. Une 4e place à Auray, une première début mars au Relecq. L'immédiateté de ces bons résultats a ouvert l'appétit d'Aodez. C'est donc sur le sélectif circuit châteaulinois qui a servi de théâtre aux Bretagne que je l'ai retrouvée. Elle y signe encore avec une concurrence tout autre une prometteuse 10e place à 5 minutes seulement de l'intouchable Camille Le Guen (Pontivy Triathlon). "En course à pied, ça part un peu trop vite pour moi. Je le sens assez rapidement. Je m'applique alors à gérer. Et sur la partie vélo, je n'arrive pas à accrocher le bon peloton. Je me retrouve un peu esseulée et dans ces conditions, je paie mon manque de puissance."
Un résultat plus qu'honorable quand on songe au (faible) volume d'entraînement consenti par Aodez pour en arriver là. "En moyenne hebdomadaire, une sortie vélo d'une heure et demie avec Vincent mon conjoint (lui même membre de la team Quimper Triathlon) et un footing d'une heure." C'est peu, voire famélique ! Et quand on lui rétorque qu'elle pourrait en faire davantage vu que le métier de prof offre quelques libertés horaire, la réponse fuse.
"Tout dépend du temps que vous consacrez à la préparation de vos cours. Et puis, je dois aussi m'occuper de ma petite Erell (2 ans bientôt). A 17 heures après les cours, c'est moi qui l'ai en charge." La solution ? tracter la petite Erell dans une carriole aménagée, ce que font tantôt Aodez et Vincent mais la méthode a ses limites...
Mais au fond, qu'importe ! Aodez ne se met aucune pression et ne court sous aucune étiquette. Le Quimper Triathlon de Vincent lui fait bien les yeux doux mais elle ne semble pas avoir plus envie que ça de s'engager. "Je cours pour ma ville de Guengat", se marre-t-elle en enfilant un maillot refilé par la copine pro Aude Bihannic sous l'oeil envieux de Vincent. "Il voudrait bien me le piquer mais son gabarit le lui interdit. Pour la photo, ça Ira ? " m'interroge-t-elle goguenarde. Inutile de la questionner sur ses projets et ses ambitions sportifs à venir... Elle ira au feeling où bon lui semble. On l'y retrouvera avec beaucoup de plaisir.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec