Laurent Chambertin: " Sans humilité, impossible d'avoir un succès sur la durée"
Au rendez-vous de l'Open de l'éco, en plein dans l'Open de Tennis Quimper Bretagne Occidentale une conférence-débat coordonnée par l'école de formation, Sup'Iroise, s'est déroulée, ce jeudi matin, au parc des expositions de Penvillers sur le thème, Manager ses forces de vente par le mental. Très incliné vers le management sportif, à travers ces intervenants, l'interaction entre le management et le coaching sportif a été univoque et intégrable. De nombreuses questions et réponses ont été balayées par l'expérience, les témoignages et l'analyse des quatre spécialistes: Dominique Duvivier, coach du Quimper Volley 29, Lauriane Truchetet, responsable du centre de formation du Quimper Volley et ex-international, Laurent Chambertin, 350 sélections en équipe de France de volley-ball, et Ronan Salaun, double champion du monde de duathlon en 1995 et 1996. Riche dans le contenu et le partage, ils analysent leur quête et recherche de la performance sportive, qui ne s'accomplit que dans un sens et esprit collectif.
Deux heures passionnantes autour de la quête de performance au service d'un collectif
Le leadership est un art solitaire dans un ensemble collectif. Dans la difficulté, les regards convergent vers le manager ou le coach, incapable de mener ses troupes dans la satisfaction de la victoire. Dans les succès, le danger est que la confiance boostée vers son maximum ne vire à une arrogance et un manque d'humilité. La frontière entre le coaching sportif et le management en entreprise a évidemment des frontières communes à travers une gestion humaine précise, articulée vers des buts individuels à intégrer dans une forme collective. " Il faut faire en sorte que le projet personnel coïncide avec le projet de l'équipe", souligne Laurent Chambertin.
L'échange devient quotidien, ajustable, souple pour connaître les personnes d'une équipe, comprendre leurs leviers pour faire un consensus d'équipe. " De mon côté, pour arriver à une performance globale dans un sport collectif, il me faut beaucoup échanger avec les joueuses. Je me dois de connaître ce qu'il leur fait avancer". Pour Ronan Salaun, sophrologue et préparateur mental au Quimper Volley 29 depuis quatre ans, le secret de la performance émane de la concentration. " Le coeur du mental se situe autour de la concentration".
L'entraîneur est au coeur de ce projet. Directif, intrusif, collaboratif, le discours de la méthode varie selon la personnalité de l'entraîneur. " C'est un équilibre à gérer. Les entraîneurs généralement qui hurlent ou invectivent les joueurs sont toujours de mauvais exemples. On n'arrive pas à la performance en poussant la voix. On peut être plus directif pour rappeler le pacte défini. On peut secouer un groupe mais en régle générale, la bienveillance est l'élément fondamental, positive, à intégrer. Avoir une écoute, installer une communication d'égal à égal". Lauriane Truchetet est attentive à l'évolution de ses joueuses, très souvent de jeunes joueuses du centre de formation. " Un bon manager, à mon sens, est quelqu'un qui fait évoluer la personne. On donne beaucoup d'énergie, d'attention. Le respect s'acquiert par cette base. J'ai un fonctionnement très délégatif, très participatif. La différence avec le monde de l'entreprise avec le sport se fait dans une échéance chaque week-end".
Englué par cinq défaites consécutives en début de championnat, le Quimper Volley 29 a connu un état fragile au départ de championnat. " Quand nous sommes dans la difficulté, le recentrage se fait dans la réalisation des objectifs. Je suis un nouvel entraîneur qui a commencé par cinq défaites d'entrée. La plus forte charge de pression que j'ai ressenti ne venait pas du président, des sponsors mais du regard des spectateurs. J'avais la chance d'avoir 20 ans d'expérience quand cette période est survenue. On la gère différemment en relativisant ce qu'on peut dire à mon sujet".
Au contraire, quand la victoire arrive sur un cycle continu, la confiance est à son maximum. " Quand on manque d'humilité, il est impossible d'avoir une carrière, succès ou réussite dans la durée. Nous avons tous besoin des uns et des autres", affirme Laurent Chambertin. La bataille se fait à la chasse au négativisme, marquée à l'adolescence. " Les jeunes filles ont souvent un jugement très négatif avec elles-même. Quand elles n'arrivent pas, mon but n'est pas dans la critque mais dans l'apport d'une solution. Renforcer la confiance en soi est le socle qui permettra l'accomplissement d'un savoir-faire", explique Lauriane Truchetet.
Le management est-il si indispensable? Peut-il être réglé par une prise à charge individuelle? Pour Laurent Chambertin, très malléable dans son raisonnement, mais à la fin, ramenant son explication à un cycle longue durée, ne l'exclut pas mais ne voit pas cette proposition sur une longue durée. " On peut y croire. Sur un projet court, ça peut fonctionner mais pas dans la durée".
Dans cette recherche de la quête de la performance, la motivation est indéniable. Elle ne peut pas être activée par un mécanisme. Elle doit être une réponse individuelle. " Le talent nourrit la performance mais pas que. La complémentarité est essentielle dans le ciment d'une équipe. Le talent doit naître de connexions avec d'autres joueurs d'une équipe. On ne peut pas motiver les personnes. On peut seulement générer un contexte motivationnel. Le modèle de sanction ne fonctionne pas. Il faut différencier la motivation intrinsèque avec la passion, et celle extrinsèque comme la reconnaissance, le regard des autres, la gloire ou l'argent", relance Ronan Salaun. Le coaching ou management sportif repose sur un ensemble de paramètres subtiles, multiples avec des voies différentes. Concluant la conférence, le maire de Quimper, Ludovic Jolivet, a apporté un autre éclairage. " L'aspect humain est primordial car pour réussir, il faut aimer les gens, avoir de l'empathie et le faire ressortir. Il faut comprendre et gérer les contradictions. On ne peut être d'accord avec tout le monde, chacun a son égo et sa personnalité. Il reste à tisser un fil conducteur avec cette spécificité"
Christophe Marchand
