Le 29/03/2013

" Je suis la seule sportive de ma famille "

L'avantage d'une conversation avec un coach adverse est double: un excellent complément d'information et une compréhension technique des forces d'une équipe. Quand les différents constats convergent dans le même sens, il en devient évident à déceler une vérité. Le nom de Fatou Diouck revient régulièrement comme étant la fille Quimpéroise, la plus difficile à contrôler. Voir impossible pour au moins la moitié des staffs techniques. " Plus le block adverse est élevé, plus je vais haut. Comme face au Cannet, cette année. Je m'adapte!". Avec une détente estimée à 3m20, elle est la seule dans ce championnat de DEF, à rayonner dans ce champ d'action. Portrait de la capitaine du Quimper Volley 29 Elite.

Même en Ligue A féminine (1ère divsion française), il n'y a pas ou peu de filles capable de sauter aux 3,20 m. Cette altitude d'envol demande un don et un travail régulier pour l'entretenir. Dans votre vie, la rencontre avec quelques personnes modifie un destin, soit il l'embellit, soit il le contraste. Pour Fatou Diouck, la rencontre clé de sa carrière se nomme Laurent Delacourt, technicien de volley-ball au CREPS (centre d'éducation populaire et de sport) de Chatenay-Malabry et coach-adjoint à Clamart. En 2005, à l'arrivée de la fille de Ruffisque (Sénégal), en France, à Clamart, il a été le premier à croire à cet incroyable potentiel. " Je lui dois tout. Il est le premier en France à avoir crû en moi. Je marche énormément à la confiance. En complément de ces fonctions, il m'a aidé à travailler mon explosivité, ma vitesse et ma puissance dans les jambes et bras. Je faisais quatre séances de musculation par semaine de 19 à 22 ans. Nous avons travaillé sur un cycle de trois ans. C'est long mais dès trois semaines, j'ai senti déjà une amélioration. Je retrouve d'ailleurs à Quimper, certains exercices de musculation que je faisais avec Laurent", résume Fatou Diouck.

La capitaine du Quimper Volley 29 Elite, Fatou Diouck, est l'arme offensive numéro 1 de son équipe. Crédit photo: Kevin Coadou.

Un goût prononcé pour la liberté

Fille de caractère et de challenge, elle dénotait déjà une singularité évidente dès l'adolescence et un choix marqué pour une indépendance d'esprit. " Je suis la seule de ma famille à être sportive de haut niveau. Au Sénégal, tout le monde fait du football ou du basket-ball. Je voulais un sport original. En un an de volley-ball, j'étais déjà convoquée en équipe nationale Sénégalaise par Amadou Sené. C'était un ancien joueur de Clamart. C'est une autre personne importante dans ma carrière car c'est lui qui a téléphoné directement aux dirigeants de Clamart en leur parlant de moi. Convaincre ma famille et mon père n'était pas évident. Je devais avoir de bonnes notes sur un plan scolaire pour qu'il me donne la chance de vivre de ma passion. Nous avons discuté longtemps de ce choix. Mes parents ne sont pas sportifs. Ca ne fait que depuis deux ans, qu'ils m'appellent après mes matchs de volley pour savoir les résultats".

Seule sportive d'une famille composée de deux frères et deux soeurs, Fatou Diouck a toujours gardé comme un bien précieux une liberté de ton et une franchise. Son acclimatation à la France a été parfois difficile. " A Clamart, je ne sortais jamais. J'ai mis un an à observer les habitudes des gens, à comprendre leur quotidien. Ca ne me gêne pas car j'adore observer. Je tenais absolument à réussir à prouver à ma famille que mon choix personnel était le bon. Ma chance a été de tomber dans un club très familial pour mon arrivée en France. Le froid est dur à supporter. Je préfère mille fois la pluie au froid. Mon corps a dû s'adapter mais j'ai eu quelques blessures avec le froid. Le cap de janvier/février a souvent été compliqué à passer. Ca pouvait aller jusqu'à de la déprime dans ces mois-là".

Clamart, Calais, Nancy-Vandoeuvre, le parcours a balisé le Nord et l'Est du pays jusqu'à Quimper, en juillet. " Je voulais absolument privilégier une autre destination que le Nord et l'Est de la France. J'ai eu une proposition de Béziers en ligue A, une autre de Roumanie de Pitesti. Quimper est venu après. Avec mon ami, nous nous sommes décidés pour la Bretagne. J'ai pris du recul par rapport au volley-ball. J'aime toujours intensément ce sport mais il ne centre plus mon quotidien. J'ai 27 ans, je ne vois pas jouer jusqu'à mes 35 ans".

Sur le tarmac d'atterissage depuis la victoire, ce week-end, à Saint-Raphaël (1-3, 24-26, 22-25, 25-21,14-25) le prochain décollage de la compagnie Air Sénégal est prévu, à 19 heures, ce samedi à Toulouse. face aux espoirs de l'IFVB, Fatou Diouck s'envolera encore pour aider Quimper à réaliser son rêve, d'être la première équipe Bretonne dans le volley-ball féminin à rejoindre l'élite féminine.

Crédit photo DR   

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