Le 18/04/2021

SOUVENIRS & NOSTALGIE. Dominique Kervéant, le poil à gratter du district, a été bluffant

18 juin 2017. Comme son intervention, à la dernière assemblée générale du district du Finistère-Sud, à Pluguffan, le samedi 4 juin 2016, Dominique Kervéant possède la maîtrise du langage, le mot acéré et l'esprit clair et limpide. Son art de la rhétorique a encore été bluffant et remarquable à l'assemblée générale de Landivisiau, ce samedi 17 juin. L'homme de Guiscriff qui a dit non au district du Finistère, a fait vaciller sérieusement la pyramide proposée par la commission sportive dirigée par Yves Sizun et Jean-Yves Le Droff. Tout ce dernier mois et demi a soufflé un vent contestataire dans le Sud-Finistère dans les réunions de travail et de coordination. A Pleyben, à Pluguffan, à Châteauneuf du Faou, le passage d'une D1 à 5 groupes et d'une D2 à 10 groupes n'est vraiment pas passé. Sous l'ire des dirigeants sudistes, le district a fait une première marche arrière avec un enterrement première classe de la D1 à 5 groupes. Une première victoire, qui a failli déboucher sur une remise en cause complète de l'échiquier à 10 groupes de D2. Parti à zéro en un laps de temps record, le projet de Dominique Kerveant, d'une sortie par le haut, a recueilli 187 voix contre 265 à la pyramide du district.

Projet contre projet, Jean-Yves Le Droff face à Dominique Kerveant

Dominique Kervéant contre un rétrecissement de la taille de la D2   

Aller contre une logique établie demande du courage et une obstination fondée sur un bien commun. Dominique Kervéant, dirigeant au FC Quimperlé, a défendu l'intérêt contre un rétrecissement de la taille de la D2. Un cheval de bataille marqué par une opposition directe au projet de la commission sportive du district du Finistère arguant d'une harmonisation avec les autres districts bretons (Morbihan ou Ile et Vilaine avec 10 et 9 groupes de D2), un non-intérêt sportif de la D3 et D4 dans les conditions actuelles et une meilleure densité sportive. 

Le projet de Dominique Kervéant a séduit une large partie de l'assemblée. Cette contre-proposition relayée par une quinzaine de clubs du Sud-Finistère proposait une vraie sortie par le haut avec une balance positive et excédentaire sur les montées/descentes, 72 montées en 2017/2018 pour 41 descentes. A l'opposé des instances départementales qui taillent dans le vif au coeur du peloton du district avec 58 montées pour 75 descentes. La colonne face à la pyramide, deux angles de vue différent ( Est-ce un problème géométrique? La survie des "petits" clubs vaut plus qu'une figure géométrique"). Ce contre-projet avait le mérite de la clarté dans l'exposition.

En 2017/2018, 6 groupes de D1, 7 montées en R3 (le premier + le meilleur deuxième des six groupes), 18 descentes en D2 (les trois derniers de chaque groupe), 11 groupes de D2, avec 11 montées directes pour le premier en D1 et la prime aux sept meilleurs deuxièmes avec 11 descentes en D3 (le dernier de chaque poule). Une casse bien moindre que celle du district avec 11 descentes contre 27 proposées par le district. En D3, 12 groupes, 23 montées en D2, Six pour les réprésentants du Sud-Finistère et 17 pour le Nord-Finistère (les deux premiers et les cinq meilleurs troisièmes pour 12 descentes en D4 (le dernier de chaque groupe). La D4 proposait deux phases, avec 9 groupes de 10 équipes et 6 groupes de 9 équipes de 9 équipes. De septembre à décembre, en match aller, de janvier à mai, 8 à 12 groupes de 6 équipes pour une prime d'accession en D3 aux deux premiers. Les 6 derniers de la première phase jouent dans une autre poule.

En 2018/2019, une D1 sans changement à 6 groupes, une D2 à 12 groupes avec une promotion en D1 pour les vainqueurs des poules et les six meilleurs deuxièmes pour 24 descentes en D3 (deux par poule). La D3, avec 12 poules, dont les deux premiers accèdent en D2 et les deux derniers descendent en D4. La D4 avec 14 groupes, toujours en deux phases avec une promotion en D3 pour les deux premiers.

La visibilité et la clarté de ce projet ont été salués justement par l'approbation de 187 voix, des applaudissements nourris et appuyés de l'audience. Le district du Finistère a fait front. Visiblement déstabilisé par l'audace, Jean-Yves Le Droff, vice-président de la commission sportive, a répondu par un affaiblissement sportif, un copier-coller de la proposition dans l'existant du Sud-Finistère et d'une volonté appuyée du district du Finistère de se rapprocher d'un modèle régional. A quoi Dominique Kervéant présentait la singularité de son action indépendante des instances. " A force de vouloir copier sur les autres, on perd de son identié propre". Un vent remonté est revenu de l'assemblée, avec Jacques Ropars de Kergloff sur les pourcentages de matchs d'intérêt dans la dernière journée, de Luc Tréguer, le président de Coataudon Guipavas, qui prit la défense des "petits patelins" et la vie communale, de Philippe Le Bars de Pouldergat sur la mort à feux doux des petits clubs. Christian Scordia, membre des GHM Plomodiern, accordant la mesure de la colère, avec un choix à faire sur une performance sportive ou une défense des territoires et des communes. 

Dans l'intensité du débat, Jean-Claude Hillion, le président de la ligue de Bretagne (qui a favorisé cette assemblée du Finistère sur celle de l'Ile et Vilaine) et Alain Le Floch, le président du Finistère, donnaient la parole à André Toulemont, ex-président du district du Sud-Finistère et président délégué de la ligue de Bretagne pour éteindre l'incendie naissant. " Il faut raisonner désormais en Finistérien". En équilibriste, il a pris soin de ne pas froisser la sensibilité de chacun dans ce débat démocratrique. Battant en brèche ce faux procès d'intention de ne pas se se soucier des "petits clubs" et privilégiant au final, la voie du district sur une logique plus globale d'une pyramide pour un intérêt sportif.

L'exemple du Drennec tombé en D4 et remonté a été l'illustration que cette nouvelle donne n'est pas insurmontable en cas de rélégation. En contre-exemple, plusieurs autres cas contraires comme Peumerit, relégue en D3 en 2014/2015, absorbé par le FC Bigouden, à la rentrée prochaine. Le soulagement du district du Finistère de ce passage de la D2 à 10 groupes, était manifestement visible mais le projet de Dominique Kervéant a eu le mérite de recentrer sur une vraie inquiétude, de voir plusieurs "petits" clubs mettre la clé sous la porte dans les cinq prochaines années, faute de bénévoles, de dirigeants ou de joueurs simplement. La pyramide redeviendrait alors une colonne par la force des choses.

Christophe Marchand

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