08/12/2022

Florian Guillou, complètement foot

Le choix de Florian Guillou, 27 ans, de rétrograder sa commande de "jeu" de quatre vitesses, de la National 2 avec le Stade Plabennécois à la R3 avec l'Espérance de Plouguerneau, peut surprendre, voir interloquer, à prime abord, et pourtant, quelques mois après, il y'a aucun regret chez l'intéressé. " Je l'ai fait parce que Plouguerneau m'a offert la possibilité de gagner ma vie avec le football. C'est un choix professionnel, arrivé en milieu de carrière amateur. Cette opportunité s'est présentée, à l'intersaison. Je ne regrette pas du tout, je commence à mettre de côté la frustration de départ, en tant que joueur. Parce que quand on fait ce choix, il n'y a pas de retour en arrière possible, le niveau N2 est loin maintenant. J'aspire encore à jouer plus haut, j'espère le faire à Plouguerneau, en R2, ça serait bien, mais je n'exclus pas de revenir un jour en R1 ou N3. La frustration, elle vient sur un plan technique, la passe qui n'arrive pas au bon timing, des séquences qu'on visualise avant, mais qui ne s'enchaîne pas concrètement parce que le ballon n'arrive pas. Oui, au départ, il y'a de quoi "pété un plomb", mais quatre mois après, je commence à avoir un côté zen, par rapport à tout ça, alors que j'avais du mal à l'accepter au départ. La grosse différence entre jouer en N2 et en R3, c'est la gestion des transitions offensives et défensives, complètement différentes", analyse Florian Guillou. Cet univers caché du départ est évidemment ressenti intensément, car il est nouveau, inconnu, et les mimétismes sont encore trop proches d'une exigence technique de niveau national.

Légende: Changeant de vie, à l'intersaison, le Plouescatais, Florian Guillou, a cette quiétude intérieure d'avoir fait le bon choix en se concentrant maintenant à plein sur son métier d'éducateur sportif à l'Espérance Plouguerneau.

Comme à chaud, sur une première question, qu'avez-vous pensé de ce match face à l'ES Cranou? Circonspection absolue de Florian Guillou, traduisant ce fossé et décalage plein de franchise. " C'est la première fois que je ne suis pas lucide pour analyser un match. Je ne sais pas du tout quoi penser de notre match, à part que pour moi, ça n'est pas du foot, avec un terrain, ce samedi après-midi, qui ne permettait pas d'exrpimer de jeu".

Ce sentiment d'être décalé n'empêche pas une lucidité sur le potentiel de l'Espérance de Plouguerneau. " Sincèrement, nous sommes l'une des meilleures équipes de ce championnat. On peut gagner tous nos matchs, de la journée 1 à celle 8, mais ça ne passe pas. Dès qu'il y'a une contrariété, on n'arrive pas à inverser le scénario. Ce match face au Cranou en est la preuve, celui de Coataudon, également".

Peut-être attendu aussi au tournant, avec un recrutement clinquant à l'intersaison, avec des profils calibrés au-dessus de la R3, comme Thibaut Inizan, Florian Guillou, Gaétan Balcon, Steven Primault, l'Espérance Plouguerneau n'a pas réussi à trouver sa phase de lancement, englué en milieu de tableau ( 8ème, 10 points).

Malgré ses aléas sportifs, l'énergie de Florian Guillou est perceptible, avec cet amour du football, ancré en lui. " La vie d'un football en National 2 est particulière. Elle est faite de beaucoup de sacrifices. Dans ma situation, à Plabennec, je ressentais les contraintes de mener une vie de semi-pro, sans en avoir les bénéfices. Avoir fait ce choix de ne vivre que du football, avec ce poste d'éducateur à Plouguerneau, m'apporte de la sérénité, du confort. Dans ce nouveau métier, je ne me fixe pas de limites, je passe mes diplômes, le BMF et le BEF. Mon avenir, il est dans le football. C'est une certitude. Ca a été toute ma vie, dès l'âge de 3 ans, j'allais voir mon père, Ludovic, joueur à la Saint-Pierre de Plouescat. Son frère, Fabrice, a fait sa formation à l'En Avant de Guingamp. Mon frère, Théo, joue à Plabennec, en N2 ( " C'est ce qui me manque le plus, en fait, de ne plus jouer avec mon frère"). Ma mère, Nathalie, nous suit partout également. Le foot a toujours été au coeur de notre famille, même si nous avons beaucoup déménagé".

Fermant la page du football de haut-niveau pour en ouvrir une autre, encore plus riche et complète sur le métier d'éducateur ou entraîneur dans une projection future, Florian Guillou est vraiment dans cet enthousiasme, dès qu'on allume la lumière " foot". Et a aussi trouvé sa soupape, avec le futsall à Plabennec. " A Plouguerneau, le bonheur est de jouer dans une équipe de potes. Plabennec, au futsall, je retrouve un bon compromis personnel, entre ce football de potes et la sensation du haut-niveau. On vient d'éliminer le Stade Brestois 29 en coupe de France. Nous avons de sacrés joueurs dans notre équipe: Antoine Fontaine ( gardien de Plabennec en N3), Axel Bellec ( le buteur de la SP Plouescat), Benjamin Pellen ( notre avant-centre à Plouguerneau). Le futsal représente l'avenir de notre discipline. Il y'a du spectacle, c'est en salle. Face au Stade Brestois, il y'avait bien 200 personnes dans les tribunes".

En ayant opté pour ce poste d'éducateur à Plouguerneau ( " Par hasard, après une discussion, avec Hugo Inizan, un des meilleurs potes, et aussi co-président de Plouguerneau, il m'a parlé de ce poste, sans me le proposer au départ, mais je lui ai dit sur notre échange que ça pouvait m'intéresser"), il est aujourd'hui apaisé, certain d'avoir emprunté un chemin qui lui menera sur une route large en perspective. Au poste de meneur de jeu, à Plouguerneau, il sera un atout certain de la prochaine " remontada" de l'Espérance de Plouguerneau, car sur la simple perception d'un match face à l'ES Cranou, il est certain que cette équipe des Abers de Cyrille Grenier et Stéphane Bescond n'est absolument pas à sa place au 8ème rang de sa poule A de R3.

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