Qu'est ce que ça fait du bien de ne plus être la risée du football Breton! Trop souvent, nous avons été mis de côté, poussés dehors, par des voisins plus forts, mieux structurés et préparés. Entendre dire que des grandes entreprises du Sud-Finistère investissent des sommes colossales, jusqu'à six chiffres à l'année, dans les clubs Bretons professionnels, au FC Lorient, au Stade Brestois ou au Stade Rennais, tout en snobant la demande du "petit" club local qui quémande un panneau à 150 €, déductible à hauteur de 60%, est tout simplement triste à admettre. Encore bravo à l'US Concarneau et le FC Quimperlé, d'avoir franchi ce stade symbolique du 8ème tour.
La coupe de France est vraiment une épreuve magique, qui permet à un club de se forger une histoire, et de souder toute une population derrière son équipe. " Calmez-vous! Ce n'est que du football", plaideront les médisants. Et pourtant, messieurs, dames, ça va bien au-delà. Ca touche le coeur! Ca vous enivre d'un parfum de bonheur! Apercevoir de ses yeux dans un car un jeune de 7 ans et une personne âgée de 80 ans, rigoler et se parler durant les 2h30 de trajet retour, ça n'a pas de prix, ce n'est pas une valeur marchande!
Il n'y a que le sport local, dans notre société aujourd'hui, pour nous permettre de vivre de moments pareils. Le monde pro est tellement une histoire d'argent, qu'il devient presque comme un vulgaire produit de consommation et de marketing. Les clubs les plus fortunés ont pris tôt le virage du marketing sportif, avec des tournées en Asie, dans les Pays du golfe persique, ou aux Etats-Unis. Le pire aujourd'hui est que les joueurs ( "le syndrome Beckham") ne sont plus considérés comme des êtres humains mais des marques pour les entreprises. La marque Léo Messi, Cristiano Ronaldo, Zlatan Ibrahimovic. A acheter quand ils sont au top de leur carrière, à jeter comme une marchandise alimentaire quand ils ont dépassé leur date de péremption. Et une omerta totale les empêche de dénoncer ce système inhumain et abject, qui font d'eux des pions (grassement payés) manipulé par un échiquier financier.
Deux présidents et deux coachs exceptionnels!
Le contraste est total avec le football amateur, qui respire encore, contrairement au football professionnel, qui devient soporifique. On sent l'immense bonheur d'un joueur amateur dans ses paroles, dans ses yeux, de vivre un rêve de gosse, avec la coupe de France. C'est vrai à l'US Concarneau! Et encore plus vrai au FC Quimperlé, pour qui l'accession en 32ème finale a été vécu comme un événement historique par tout un peuple orange. Derrière ses clubs se cachent deux grands hommes, à leur tête: Gwénaël Pothier et Jacques Piriou. Il n'y a jamais de hasard, dans la performance sportive. A la tête de la pyramide, on trouve toujours des êtres exceptionnels. A priori, leur parcours divergent. Cependant, ils ont beaucoup de similitudes dans leur approches: passionnés, humains, tenaces. Ils ne mettent pas de barrières, selon l'appartenance sociale des gens. Cette attitude prouve leur grande valeur!
Un groupe comme les chantiers navals Piriou, pourrait très bien s'asseoir à la table des rois au conseil d'administration du FC Lorient ou du Stade Brestois, mais leur attachement à Concarneau est enraciné dans le port du Moros. Guy, le père, Jacques, le fils n'ont jamais compté leurs heures pour l'USC. Peut-être le moment où Jacques Piriou a ressenti, cette année, la plus grande satisfaction intérieure, n'était pas dans la qualification obtenue face à Lannion en 32ème finale de la coupe de France, mais par son émotion visible, lors de la démonstration de football des U15 de Concarneau de Ronan Nédelec, face à Saint-Brieuc, en demi-finale de la coupe de Bretagne, fin mai.
Gwénaël Pothier a fait de la dévotion pour son club du FC Quimperlé, un superbe sacerdoce. Il est celui qui embraie la superbe mécanique du FC Quimperlé, toujours respectueux dans des valeurs immuables, qu'on sent de sa part, qu'elles ne seront jamais bafouées. Les entraîneurs, Nicolas Cloarec de l'US Concarneau et Eric Gaillard du FC Quimperlé, se rapprochent par leur sur-investissement dans le football et leur passion pour le jeu Lorientais de Christian Gourcuff. La méthode du Trébouliste, (même si natif à Hanvec) a fait des disciples. Et le Sud-Finistère, avec ses deux coachs, profondément marqué par la discipline de jeu des Merlus, s'en sont inspirés pour reproduire certains principes à l'US Concarneau et au FC Quimperlé. Un club, c'est aussi une municipalité qui soutient! Le maire de Concarneau, André Fidelin, ancien directeur du centre de formation du Havre AC, aime le football et ça se sent, à travers ses nombreuses venues au stade Guy-Piriou (encore présent, ce samedi, jusque dans les vestiaires pour communier avec les joueurs et dirigeants de la qualification en 32ème finale du club Usciste).
Le district 29 Sud est à féliciter
L'US Concarneau et le FC Quimperlé mettent le Sud-Finistère, à l'honneur, par leur performance en coupe de France. Prononcer deux fois le nom d'un club du Sud-Finistère, à la télévision en 32ème, est un plaisir, qui ne peut être dissimulé et doit être pris à sa juste valeur. Les multiples élans de sympathie des clubs comme le TGV, le Quimper Italia, les Paotred de Briec, les Cormorans de Penmarc'h... marquent la solidarité de tout un district envers ses deux clubs fanions du département. L'US Concarneau est notre locomotive, le FC Quimperlé, son premier wagon! Aux autres clubs phares du département de mordre d'envie de suivre ces exemples, lors de la prochaine édition, pour à nouveau mettre en avant notre formidable travail de fond dans les clubs. En englobant des clubs comme Spézet (D1), absolument admirable, qui avait fait déplacer 1.500 personnes au 4ème tour de la coupe de France face à Pontivy ou notre petit poucet en coupe de Bretagne, l'ES Plogonnec, qui a atteint, ce week-end le cap historique du 7ème tour. Dans son discours d'accueil, à la prochaine assemblée générale annuelle du district 29 Sud, le président André Toulemont pourra s'enorgueillir du superbe parcours en coupe de France de l'US Concarneau et du FC Quimperlé, tel un symbole d'un redressement du football en Sud-Finistère. A l'Ouest, du nouveau!
Christophe Marchand
