Le 14/07/2022

Coup de chaud sur le Trail du bout du monde

Si vous deviez ne retenir qu'une chose de ce trail, laquelle ?  C'est la question que je suis allé poser à l'arrivée aux un(e)s et aux autres du mythique  trail du Bout du Monde (37 et 57 kms), sur la côte Nord-Finistérienne, du côté de Plouzané, Locmaria-Plouzané, Plougonvelin et du Conquet. L'idée, c'était de couper l'herbe sous le pied aux bavards tentés de raconter leur course jusque dans les moindres détails et de vérifier l'esprit de synthèse des candidats pour en extraire la substantifique moelle. A qui s'adresser ? Rien de mieux qu'une sélection au feeling avec une prédilection assumée (ils ou elles me pardonneront) pour toutes celles et ceux qui semblaient avoir payé de leur personne sur le fameux GR 34 pour grimper vaille que vaille jusqu'au phare de Saint-Mathieu. Une sacrée grimpette...

Légende: Par la beauté majestueux des lieux, le trail du Bout du Monde est unique en son genre, et devient de plus en plus choyé par les spécialistes du trail. Crédit photos: Pascale Férec

La réponse n'étonnera personne  mais c'est d'abord pour "la magie des lieux" que Karine Pasquier qui n'a rien d'une spécialiste de trail mais qui s'accommode de tous les terrains est revenue au Bout du Monde. Et son approche du 37 bornes qu'elle a avalé en 2 h 54 est presque d'ordre touristique. "Je suis venue en famille. On est sur le site depuis vendredi en Airbnb." Et ce trail ? Une vraie partie de plaisir ? Pas le moindre nuage à l'horizon ? "Si, si, j'ai été contrariée par une crampe au mollet sur la fin de course", finira par confesser l'ex-championne de France de cross dont l'état de fraîcheur tranchait singulièrement avec le rictus souffreteux de nombre de concurrents.

Mais comment fait-on pour apprécier le paysage quand on va par monts et par vaux sur le GR34 ? C'est la question qui me turlupinait. C'est la Brestoise Sonia qui me vantait à son tour la beauté du panorama qui m'a éclairé. "C'est quand on se relâche dans les descentes qu'on peut l'observer."

Ce que m'a confirmé Glenn (vainqueur avec Adrien de l'épreuve en duo sur le 37 kms), tout en se goinfrant d'une volumineuse barbe à papa. "Quand on lève les yeux, le paysage est magnifique." Attention tout de même à ne pas verser dans l'euphorie des jolies perspectives... Une erreur d'inattention et c'est la chute... Le genou écorché du Vannetais Christophe Olliero victorieux du 37 kilomètres peut en témoigner. "J'étais venu pour découvrir ce coin de Bretagne que je ne connaissais pas. Superbe ! Mais à 800 mètres de l'arrivée, j'ai voulu regarder le phare les yeux dans les yeux et j'ai chuté." Maudit phare !

Cette édition du Trail du Bout du Monde a encore confirmé ce que tout le monde savait déjà : le Finistérien n'aime pas la chaleur. Mais alors pas du tout ! Demandez donc à Erwan Quemeneur, le footballeur de Guipavas venu lui aussi se tester sur le 37 bornes. "Atroce, cette chaleur. Je ne m'attendais pas à souffrir autant. A 10 kilomètres environ de l'arrivée, je sentais une faiblesse du côté de l'ischio droit. C'est le gauche qui m'a lâché." Clopin, clopant, Erwan aura gagné l'arrivée pour décrocher une méritoire 10e place.

Mythique, le trail du Bout du Monde ? Sans doute mais entre le mythe et la réalité du terrain, certains ont pu mesurer le (grand) écart. Extraits choisis : Pierre-François Douguet (Landerneau) : "La chaleur, c'était l'enfer aujourd'hui." Gaël Nelz-Moreau (Guilers) : "J'ai abandonné au 39e kilomètre. J'ai vraiment souffert dans ces conditions autant mentalement que physiquement." Dans ce concert de traileurs (gentiment) râleurs, mention particulière à David Le Gall du Conquet qui a réussi à traîner sa grande carcasse (1,90 m et 105 kilos) sur les hauteurs de Saint-Mathieu, sans jamais se plaindre. "Et pourtant, m'a t-il confié, je n'ai pas dormi avant la course. J'ai un mental de chips."


La force mentale, le club Hermine Sport Nature de Kernilis la tire de l'esprit de groupe. Un groupe qui vit bien, comme en convient Patrice. "On a beaucoup misé sur la bière pour renforcer la cohésion du groupe. Peut-être un peu trop..." "Moi ce que j'ai apprécié par dessus tout, a renchéri Lionel, c'est la séance de massage à l'arrivée." "Et aussi, ont ajouté Benoît et Philippe, les gens qui nous arrosaient sur le parcours." C'est Mélanie Chever (Team Trail Aber Benoît) qui m'a aidé à synthétiser la journée. "Ce que je retiens : La beauté du parcours et le plaisir de courir, l'ambiance conviviale, la super organisation et la chaleur."

C'est vrai qu'il faisait chaud et après cette séance rondement menée, on avait bien mérité un petit rafraîchissement ma photographe et moi... On a crapahuté via le sentier côtier pour gagner 5 kilomètres plus au sud une crique insoupçonnée. Et on a encore croisé quelques concurrents durement éprouvés par la canicule. En plongeant dans l'eau azur, on a eu une petite pensée pour la dernière qui se reconnaîtra si elle lit ces quelques lignes.

Confidences recueillies par Marc Férec, pour sa rubrique hebdomadaire Carte Blanche

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