Le 16/08/2022

Le parfait trailer ne court (presque) jamais nu

"Jusqu'ici, j'étais habituée à courir pour ainsi dire nue ! Mais puisque je vais me mettre sérieusement au trail et augmenter les distances, il faut bien que je m'acclimate à tout l'équipement indispensable. Bon ! Je cours encore avec la gourde à la main. Mais aujourd'hui par exemple, j'ai fait un premier pas : j'ai couru avec un Camelbak, histoire de m'habituer à le supporter. Ce qu'il y avait dedans ? Rien sinon mes clés de voiture et mon portable ! " Comme bon nombre de néophytes, la kiné brestoise Victoire Alzon n'utilise encore qu'avec parcimomie tout l'attirail de la parfait traileuse, ce qui ne l'a d'ailleurs pas empêchée de remporter le trail  d'Huelgoat.  L'habit ne ferait donc pas toujours le moine ?  Sur la ligne d'arrivée du Circuit des Sangliers,  je suis allé interroger coureurs et coureuses. L'objectif ? Valider ou pas l'efficacité de tout ce qui constitue la panoplie du traileur type, dissocier l'utile de l'inutile et vérifier jusqu'au contenu de la gourde de ces amoureux de la course nature.  Une enquête très enrichissante...

Légende: Comme tout sport, le trail n'échappe pas à des équipements spécifiques, dont l'utilité diffère selon les caractères de chacun. Crédit photo: DR

Dans la grande famille des traileurs, il y a ceux qui prônent la sobriété et le dépouillement. Le Réunionnais Eddy Huitlec, grand traileur devant l'Eternel, fait partie de ceux-là. "Moi, je cours à la sensation ! Pas de lunettes, pas de casquette, pas même de montre. Pour les chaussures, une paire de baskets classique peut convenir surtout quand le terrain est sec comme aujourd'hui. Le seul accessoire essentiel au fond quand le trail n'excède pas 25/30 kilomètres : le gilet avec les deux gourdes. Au-delà, c'est une autre affaire."

La simplicité épurée, c'est aussi la position que défend la gracile Plomelinoise Charlotte Delabarre, 18 ans, qui ce matin-là a donné du fil à retordre à bon nombre de spécialistes. "Je ne dis pas que je ne vais pas m'équiper - je ne suis encore qu'à mon troisième trail - mais pour l'instant, je me contente de mon short fétiche et de mes bonnes jambes ! Ah ! j'ai quand même une montre connectée que je ne consulte qu'après la course, histoire de l'analyser." Une montre GPS qui peut s'avérer bien pratique quand par mégarde on s'aventure hors des sentiers battus.

Soyons honnête ! Ces deux ou trois exemples dépouillés ne sont pas très représentatifs. Car dès que les distances viennent à s'allonger, on reconnaît visuellement le traileur à son sac ou gilet d'hydratation à l'intérieur duquel nos ami(e) traileurs vont fourguer indifféremment eau, nourriture, vêtements, portable ou clés de voiture... "C'est l'accessoire indispensable, me confirme le vainqueur du 27 kilomètres, Yohan Le Goff, le paysagiste originaire de Saint-Herbot. Contrairement à d'autres, je le préfère à la ceinture que je n'aime pas surcharger." Pas trop encombrant ce sac en forme de gilet pare-balle ? "On s'y habitue rapidement, témoigne la Quimpéroise Anaïs Duval qui prépare les Templiers (68 kilomètres). Et si je prends mon exemple, cela a été d'autant plus facile que je fais beaucoup de randonnée avec sac à dos''

J 'ai sauté sur l'occasion pour lui demander d'ouvrir le fameux sac. Rien d'extraordinaire ! "Sur les ultra trails, je privilégie cacahuètes, barres de céréale survitaminée et sandwiches. Aujourd'hui, j'ai voulu tester des gels, faciles à absorber." De son côté, Géraldine Martin, victorieuse du 27 kilomètres, quand elle ne cède pas à la facilité des Pom'Potes, se concote des purées maison tout aussi faciles à ingérer. De la vraie gastronomie !

Outre les chaussures spécifiques, le cuissard et le t-shirt soigneusement sélectionnés pour éviter les zones de frottement ou encore la casquette voire les lunettes de soleil, quoi d'autre ? "Les manchons de compression, me glisse Victoire. Ils sont censés activer la circulation quand on est sujet par exemple à des problèmes veineux. Moi je les utilise quand je sais que ça va être boueux ou pour me tenir chaud en hiver. C'est confortable."

Sacrée Victoire, qui assume sans vergogne son penchant pour l'accessoire inutile (le bandeau fétiche ou le petit drapeau breizh ficelé au dos du sac) et qui sait se rendre si utile  au sein de son association ''Défi Matthieu Craff''  pour laquelle elle court par monts et par vaux... On est loin d'avoir fait le tour de la question mais dans la liste des accessoires intelligents,  on m'a encore cité le petit filet à déchet (le traileur a la fibre écolo). Evidemment, certains petits malins n'ont pas manqué de me faire remarquer que dans l'affaire, c'est surtout un solide mental qu'il fallait embarquer dans l'aventure,  mais cela, je l'avais bien deviné avant eux...

Rubrique Carte Blanche à Marc Férec

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