Face à une National 2, en face, Esteban Louarn, 20 ans, au club de l'AS Brestoise, depuis ses 12 ans ( auparavant à la VGA Bohars), a démontré ce qui en faisait un joueur spécial. Sa capacité à dérouter complètement des adversaires habitués à une forme de jeu standardisé, à ce haut-niveau, rappelant ainsi une phrase d'Hugo Nigues, à l'AC Carhaix (D3), dans l'aventure du 5ème tour face à Plouzané (DH), en 2014/2015. " Si jamais balle au pied, on est capable d'éliminer et de percer dans l'axe du milieu, on est sur des espaces ouverts de 20 à 30 m derrière". Exactement ce qui est arrivé à Esteban Louarn, se faufilant tout en vitesse et malice entre deux adversaires malouins, ébahis face à une telle spontanéité. Crochet extérieur, puis de suite intérieur, il mit dans le vent trois adversaires, près de l'axe central, provoquant la première salve d'applaudissement dans ce match, en tout début de match, à Menez Paul, ce samedi soir. Même si la qualifcation malouine ne porte pas à discussion, Esteban Louan, comme ses partenaires, a monté le curseur. Maintenant, ce match est aussi un miroir, de ce que l'AS Brestoise a à améliorer pour aller chercher le palier supérieur, mais en 90 minutes, les Brestois ont été capables d'éblouir cette rencontre et faire valoir aussi une qualité de jeu, avec un électron libre, Esteban Louarn.
Légende: Désarticulé, avec un centre de gravité bas, Esteban Louarn, ici face à Franck Hery, dans son style caractéristique, de protection, de dribble et d'avancée constante vers l'avant.
Etre capable d'éliminer balle au pied deux, voir trois adversaires de niveau National 2, n'est pas anodin, ça marque une complète maîtrise du temps et de l'espace. Savoir quand faire le crochet, quand porter l'accélération, ça peut s'apprendre, mais c'est en partie inné dans les gênes d'un pur dribbleur. Ce type de profil apparaît très rare, en fait, dans le Finistère. Il y'a peut-être Sullivan Le Noc, aux Paotred Dispount, mais pas dans cette forme de nonchalence, et d'acclération brutale.
Esteban Louarn, c'est autre chose, comme un volcan qui apparait endormi et qui érupte soudainement, crée l'inattendu dans sa conduite de balle atypique. " Esteban, c'est un joueur particulier parce qu'il a énormément de liberté quand il a le ballon. Il reste imprévisible dans tout ce qu'il fait. On ne peut pas le brider dans son expression. Il progresse sur le travail défensif. Quand il a le ballon, avec le groupe, il a carte blanche. On a l'impression qu'il est tout le temps déséquilibré, qu'il a une forme de nonchalence. Il peut aller à gauche, à droite. Après, quand il va sur du un contre un, il a tendance à y aller, et s'il passe, il préfère parfois attendre l'adversaire pour replacer une accélération. Il faut qu'il travaille le fait de conserver son temps d'avance sur sa première différence, de garder son avance et être plus efficace. D'être dans la demande du jeu, parfois, il fait un crochet, le but est ouvert pour une frappe mais il va refaire un autre. S'il arrive à avoir cet instinct de " tueur" dans le dernier geste, il sera très fort, parce que tout ce qu'il fait avant, ça reste incroyable à chaque fois. Il me fait penser un peu à Sullivan Le Noc, dans un même style, mais fait d'une manière différente", confirme son entraîneur, Alex Duprat.
Capable de créer des différences, d'ouvrir les espaces sur un geste n'appartenant qu'à lui, il amène une forme non académique au jeu de l'AS Brestoise, dans un ensemble au demeurant structuré et offensif. A 20 ans, son champ d'expression est redoutable car il a cet instinct du dribble, de la coordination et du déséquilibre permanent. Un peu à la manière du Brésilien, Garrincha ( dribbleur des années 50/60), qui partait quasiment tout le temps, d'une situation arrêtée ou au ralenti, pour accélérer soudainement. Il en a aussi cette caractéristique surprenante. Buteur au RC Lesneven en championnat (2ème journée, 1-3), premier buteur à Larmor/PLage (0-2), au 5ème tour, triple buteur l'an dernier au 4ème tour face à Châteaulin (4-0), il peut décanter un match à tout moment.
" Nous avons tenu le match en première avec ce 0-1, à la pause. Les trois niveaux d'écart ont fait qu'ils nous ont mis le bouillon en entrée de deuxième mi-temps. On paie cash nos relâchements. Nous n'avons pas de regrets face à Saint-Malo, on tombe face à une grosse équipe, on arrive au 6ème tour. C'était une belle expérience. On aurait pu en mettre un, voir deux. Franchement, on aurait pu faire mieux que contre Concarneau. La première demi-heure, on est bien, on arrive à aller vers l'avant. J'ai essayé d'aller vers l'avant tout le temps. Mon jeu est fait de percussion, de tenter des choses, dribbler. Mon entraîneur me disait au début ou à la mi-temps, ne pas se poser de questions et de faire ce que je savais faire. C'est mon jeu", ajoutait-il à la toute fin de la rencontre face à l'US Saint-Malo.
Le petit frère de Cyriaque, joueur aux GDR Guipavas, a réalisé par séquence, des dribbles qui ont mis sur le reculoir tout le collectif malouin. Sans se procurer de situations, ni cette ouverture vers la surface adverse, le championnat reprendra ses droits maintenant pour l'AS Brestoise, qui souhaite mettre à profit cette aventure en coupe de France, pour tirer profit de ces leçons transmises par le niveau supérieur, qui adaptées à leur niveau, en feront une très belle équipe de R2.