Cédric Fabien, le guide bienfaiteur de la Saint-Pierre Milizac
L'âge n'a pas d'emprise, sur Cédric Fabien. A 39 ans, il revêtit toujours avec ce même plaisir le brassard de capitaine de la Saint-Pierre Milizac (N3). Educateur salarié au club, le Guyanais distille son expérience du haut-niveau au club milizacois, tout en préparant en interne un virage important basé sur la formation des jeunes. Car excepté Thomas Jacob, Killian Uguen, Gauthier Rogel ( et Mathis Abjean en équipe réserve), l'ensemble de l'équipe première, voir même la réserve en D1, n'est pas originaire de Milizac Guipronvel. Un fossé évident à mesure que le club grimpait en ambition, jusqu'à ce niveau historique de la National 3. Pleinement investi au club, Cédric Fabien guide ses partenaires sur le terrain, au poste de défenseur central. Même si la vitesse et l'explosivité ont diminué, la compensation, l'oeil et la qualité de son placement jouent toujours un rôle évident. " J'ai toujours la flamme. A 39 ans, je donne le maximum que je puisse faire pour transmettre aux plus jeunes, cette mentalité du niveau supérieur. Ma carrière touche à sa fin. J'ai en face des jeunes qui vont très vite". Interrogatif sur son prolongement en senior, son entraîneur, Yohan Boulic tient fermement à son joyau défensif. " Cédric est un élément essentiel. Humainement, c'est un mec en or. Il est performant sur le terrain. Physiquement, il a encore une ou deux saisons dans les jambes".
Légende: Avec ce temps de lecture et d'anticipation, sur les actions adverses, Cédric Fabien garde intact son leadership sur ce groupe milizacois.
Natif de Cayenne, la préfecture de la Guyane, Cédric Fabien appartient à une terre qui a fait naître de grands footballeurs. Limitrophe du Brésil, en Amérique du Sud, ce territoire continental français a éclos des joueurs comme Bernard Lama, Jean-Claude Darcheville ou Florent Malouda. Sous le maillot guyanais, Cédric Fabien a même participé à la Gold Cup. " J'en garde un formidable souvenir. Florent Malouda est sans doute un des joueurs qui m'a le plus impressionné. La grande classe, un grand frère. Dès qu'il touchait le ballon, on sentait que c'était la classe au-dessus".
Après une carrière professionnelle riche démarrée au Stade Rennais, en formation, puis bifurquant par le Mans UC 72, Tours, Brest ( 2005 à 2010 avec la remontée en L2), Boulogne/Mer et Tarbes, en National 2, avant de reposer ses bagages en 2017 dans le Finistère, à Milizac; " Ma femme est originaire de Plougoulm. Quand je suis arrivé de Brest, la première fois, il pleuvait toute l'année. De la Guyane, c'était dur. Au-delà de tout ça, il y'a ici une vraie terre de football, avec une mentalité et sincérité des gens qui me correspond totalement. Je suis très content d'être revenu dans un endroit où je me sens très bien. Après, la Guyane me manque. Ce sont mes racines, mon enfance, ma famille. On a toujours envie de rentrer chez soi. Ca peut être un projet pour plus tard mais dans l'immédiateté, il y'a beaucoup à construire à Milizac".
Milizac, à la trajectoire ascendante, depuis trois ans, Cédric Fabien juge en ces termes la météorite jaune et bleue. " Les valeurs sont là, dans ce club. On travaille dur. Sans ce travail obstiné, nous n'aurions pas eu ces résultats". En interne, Milizac fait aussi sa révolution, en prioritisant sa formation chez les jeunes. Quittant le groupement jeunes avec l'AS Guilers récemment, par simple obligation de sa montée en N3, la Saint-Pierre commence un gros travail de fond. " Nous voulons amener plus de jeunes Milizacois, dans nos équipes seniors. Ca passe par former des bons jeunes. Ils pourront aller ailleurs sur leur qualité, mais l'important est d'avoir cet état d'esprit dès les premiers pas d'un enfant, à notre école de football. On est conscient d'avoir 10 ans de retard sur d'autres clubs, à même niveau senior. On travaille sur les 5-6-7 ans, ses premiers âges fondamentaux. Ca n'est pas que le football. Ca passe aussi par le respect du matériel, des infrastructures, d'aller dire bonjour à l'ensemble de ses éducateurs. Ca peut paraître simple mais c'est difficile à mettre en place. On leur demande d'avoir du respect pour nous car on en a énormément pour eux", explique Cédric Fabien.
Ayant connu le monde professionnel, avec parfois ses excès et extravagances, Cédric Fabien y est redescendu, simplement, humainement, à son image pour contribuer à l'essor de son club, Milizac. La prochaine génération des Thomas Jacob, Corentin Jacob, Killian Uguen, Gauthier Rogel, Mathis Abjean est en train de germer à l'école de football. Dix ans après ce travail de l'ombre, ils auront certainement les clés du camion, en équipe première. Sûrement qu'ils auront le plus grand des respects pour leurs premiers éducateurs à l'école de football, car c'est là que cette foi unique et conductrice se gagne et se forge.