Jean-Claude Plessis, redonner au club de l'ASB la valeur qu'il mérite
La fièvre du samedi soir a rajouté un piment à ce 5ème tour de la coupe de France, entre l'AS Brestoise (R3) et l'US Concarneau (National), à Menez Paul. Jouée devant 1125 spectateurs, cette partie a tenu toutes ses promesses, sur et en dehors du terrain, avec un kop de l'ASB fantastique, qui a donné de la voix tout le match, et même plus encore quand l'équipe locale se retrouvait acculée et vacillante lors de la tempête concarnoise, portant l'avantage à 1-4, à la 69ème minute. Brest a encore démontré que c'est une vraie ville et terre de football. Toutes ces énergies ont innervé les joueurs, qui ont retrouvé du tonus en fin de partie, finissant même bien le match face à des Concarnois, sérieux et appliqués. Une image aussi symbolique de ce 5ème tour, a été dans la complicité instinctive entre Jean-Claude Plessis, le nouveau président de l'AS Brestoise, et son bras droit, Jacques Jousseaume. Au même niveau, le premier (évidemment) dans les tribunes, mais éloigné d'une rangée, ils se sont soudainement retrouvés côté à côte, quand l'ASB retrouvait un temps fort, vers la 75ème minute. Cette complicité marquante apporte le nouveau ciment du club. Avec en prévision, un nouveau terrain synthétique, à la place du terrain stabilisé en haut et le remplacement de la pelouse synthétique du terrain principal ( elle sera déplacée sur le synthétique du haut), et des bâtiments neufs pour son confort, l'AS Brestoise bénéficiera prochainement d'un standing supérieur pour travailler tout son volet essentiel de sa formation. Revenu au club, sorti de sa retraite, pour les besoins de la cause, le coeur a parlé, pas une seconde d'hésitation, à vrai dire quand il s'agit de l'ASB pour Jean-Claude PLessis, l'ancien président du FC Sochaux-Montbéliard. A 77 ans, il relève le défi de remettre dans la lumière un club phare du Finistère et de Bretagne, au niveau amateur.
La montée en L1, la victoire en coupe de la ligue au Stade France face à Marseille, la victoire en coupe de France face au FC Nantes ( panenka raté de Mickaêl Landreau), la campagne européenne du FCSM, balayant le Borussia Dortmund à Bonal (4-0), tenant en respect l'Inter Milan (2-2, 0-0) restera l'achèvement de ses presques 10 ans de présidence de Jean-Claude Plessis, au FC Sochaux Montbélliard. Les Santos, Monsoreau, Mathieu, Pedretti, Frau, Isabey ont replacé Sochaux sur la carte des clubs majeurs en France, dans cette décennie 2000, avec tout un volet formation important.
Le parallèle est similaire, à une échelle différente, à l'AS Brestoise, c'est à dire redonner à ce club, la valeur qu'il mérite. " Alexandre Dumas avait fait 20 ans après son retour, à l'ASB, je le fais 40 ans après. Je bats le record (rires). Ma dernière saison au club remontait en 1984/1985. Je revis parce que ce soir (samedi), on a vécu une belle soirée, un public conquis, c'était inattendu, les joueurs ont fait ce qu'ils pouvaient sur le terrain. Il n'y a rien à dire, ils ont joué leur match, le public était présent pour les soutenir. J'ai bien aimé la fin de match, la communion avec les supporters on avait besoin de ça à l'ASB. Tous ces jeunes qui sont derrière, qui sont les futurs joueurs de l'équipe première. C'est ça l'ASB. Ce n'était pas l'envie de retrouver l'AS Brestoise, c'était le hasard. J'habite à Porspoder et à Brest, toute l'année. C'est le hasard avec Jousseaume, Melazza, un jour, ils m'ont dit le président de l'ASB a démissionné, il faut qu'on y aille. Alain Ogor est resté évidemment avec nous. On a complété l'équipe qui y avait auparavant. Jacques a un enthousiasme, il est le meneur. Ca va marcher. Il faut être prudent, y aller tranquillement. Je voyais ça de loin, dans la presse surtout, je pensais que c'était peine perdue pour eux en senior. Aujourd'hui, il faudrait remonter de R3 en R2 et de R2 en R1. En R1, ça serait déjà un bon niveau".
En retrouvant sa colonne vertébrale dirigeante, densifié par l'arrivée de Jean-Claude Plessis, à la présidence, l'AS Brestoise retrouve une force motrice. Son arrivée a déjà permis de débloquer plusieurs éléments structurants pour le club, dans son développement. Comme par magie, comme si tous les souvenirs étaient revenus à la surface d'un club finaliste de la coupe Gambardella en 1973, quart de finaliste de la coupe de France, dans les années 50, symbolisé par les années Martial Gergotich.
" Au niveau senior, c'est de remettre l'AS Brestoise plus haut. Le public a donné un signal important, ce soir, ils sont prêt à revivre des grands moments. Ce match contre Concarneau est un révélateur de l'attrait de ce club. L'AS Brest est un club de formation, mais pas que de footballeurs, mais aussi de formation d'hommes. Je vois beaucoup de gens qui me disent, j'étais à l'ASB, mon fils y était aussi et mon petit-fils y est maintenant. C'est plutôt sympathique. L'ASB est le club amateur de Brest, il y'a le club pro qui est différent, et le club amateur qui faut qu'il redevienne un des clubs moteurs de la région. C'est plus difficile de revenir dans le football amateur quand on a connu le football professionnel. Le football professionnel, il y'a de l'argent et des revenus, qui tombent des droits TV et qui font ton budget. Tu achètes, tu vends des joueurs, ici, c'est complètement amateur. On va s'en sortir, j'ai des gens compétents autour de moi, et puis, j'y crois. Je n'ai pas hésité. Ma femme m'a dit " Va t'en, j'en ai marre que tu ne fasses rien à la maison, tu fais du vélo, ça suffit (rires). C'est le bénévolat, c'est un autre système, mais je suis tout simplement heureux. Ma récompense, c'est cette soirée, quand je vois le public, les spectateurs, venir nous voir jouer, ça fait chaud au coeur. Les gens qui nous ont vu ce soir, vont revenir au stade".
Malgré la défaite (2-6), face à l'US Concarneau, l'AS Brest a beaucoup plus gagné que perdu, ce samedi soir. Elle a retissé le fil avec son histoire, avec son passé, en faisant reparler du club, et en proposant sur le terrain, un vrai beau match de football dans la qualité et l'intensité déployée des joueurs face à l'ogre concarnois.
