14/05/2024

Lettre ouverte de Luc Tréguer au président de la FFF, Philippe Diallo

" Tout va très bien, madame la Marquise", ce refrain entraînant extrait d'une chanson à succès d'avant-guerre, semble aussi être celui chantonné par la fédération française de football. Confirmé par son président, Philippe Diallo, dans sa venue à Châteaulin, avec une poussée de croissance jamais vue sur l'hexagone avec 2,4 millions de pratiquants. Par une lettre ouverte, Luc Tréguer, licencié et dirigeant bénévole à la FFF depuis de nombreuses années, a voulu faire entendre une autre voix, qui aussi sous ce vernis d'un monde merveilleux, masque en effet un revers de la médaille, à ses yeux. " Je ne partage pas ce point de vue. Ainsi lorsque que le site officiel de la FFF annonce 14000 clubs, vous savez comme moi qu’en juin 2023, le nombre de clubs s’élevait en fait à moins de 12000 (référence : ligue de football amateur). Depuis des années, le nombre de clubs ne cesse de diminuer et c’est notre modèle qui est en danger. Je m’explique : Si j’en juge des difficultés des clubs ruraux sur un département comme le Finistère et dans une ville comme Brest de conserver une école de foot et des équipes jeunes en foot à 11 sans recourir à la création de groupements, je me dis qu’à l’avenir, il sera compliqué de disposer comme ce fut le cas par le passé (pas si lointain) d’un club dans chaque commune ou dans chaque quartier. C’est ce qui faisait la force de notre modèle dans lequel chaque enfant pouvait avoir accès à la pratique". Ce football de paroisse, qui avait presque pour corélation, une commune, un club de football, est aujourd'hui à deux vitesses. Toujours en lien avec cette lettre ouverte au président de la FFF, Philippe Diallo. " Vous me répondrez peut-être que les effectifs de licenciés sont en progression. Si cela est exact, je nuancerai cette analyse en vous faisant remarquer qu’en Finistère par exemple, des clubs de taille moyenne comme en périphérie de Brest, il y a dix ans sont devenus de gros clubs bénéficiant d’installations sportives avantageuses et surtout de terrains synthétiques. A l’inverse, les clubs de taille moyenne de certains quartiers et communes voient leurs effectifs diminuer année après année au risque de devoir fusionner pour survivre en ne permettant plus au plus grand nombre d’accéder au football". 

Légende: Luc Tréguer ( au centre), membre du district du Finistère, a établi 11 propositions concrètes, un par poste sur le terrain pour faire avancer le "Schmilblick", à la fédération française de football.

Le football diversifié et l'essor du football féminin n'est qu'un masque face à l'érosion marquée de ces bastions communaux, près de 20.000 clubs en France, à moins de 12.000 clubs aujourd'hui. 8.000 clubs mis en sommeil ou qui se sont arrêtés tout simplement. " Un autre aspect de l’augmentation du nombre de licenciés réside dans le fait de l’essor, et je m’en félicite, de la pratique féminine qui malheureusement risque de stagner pour les raisons évoquées plus haut. Le développement de nouvelles pratiques comme le foot en marchant, le fut-net, le foot-golf, le fit-foot participant également à cette augmentation du nombre de licenciés et c’est une bonne chose, ne saurait masquer les difficultés des clubs à proposer la pratique du football aux jeunes des quartiers et communes rurales. Bien sûr, cette chute du nombre de clubs n’est pas imputable aux bénévoles à la tête de ces clubs, bien au contraire. Mais il arrive un moment où la lassitude face aux responsabilités, aux sanctions, aux obligations sans recevoir la juste reconnaissance qu’ils et elles sont en droit d’attendre finit par prendre le dessus malgré la passion et conduire au découragement. Ainsi, l’on demande aux dirigeant(e)s de clubs en plus d’enseigner le football, de remplir le rôle d’éducation après les parents et l’école. Lorsque vous mettez cela en avant au nom de la FFF, je me permets de vous rappeler que ce sont les clubs qui sont en première ligne pour faire face par exemple à toutes les formes de violence. Si je suis satisfait qu’enfin la fédération prenne les moyens de les accompagner à travers le plan d’engagement, ils se sentent bien souvent seuls pour assumer ces tâches et les responsabilités qui en découlent".

Avec cette sensation que ces changements perçus d'en bas ne seront jamais amenés en haut de la pyramide. " Depuis de nombreuses saisons, malheureusement, à chaque fois, je me heurte à un mur de mépris et même lorsque le comité directeur du district adresse des vœux votés en assemblée générale de district par une grande majorité de clubs ou des courriers aux instances régionales et fédérales, il n’y a pas de réponse de leur part et cela en dit long sur le manque de pratique démocratique au sein de la FFF. Sur ce sujet également, je pourrais vous donner de nombreux exemples mais comme je vous le disais je ne me contente pas de critiquer et je vous soumets pour améliorer la vie démocratique à la FFF, 11 propositions".

11 propositions pour améliorer la vie démocratique à la FFF

Proposition N°1 : permettre à l’ensemble des 12000 clubs amateurs de disposer de 50% des voix minimum plutôt que 33%, les 44 clubs professionnels et les présidents de ligue et de district (environ 120 personnes) disposant du même nombre de voix pour l’élection du COMEX.

Proposition N°2 : ne pas permettre à des présidents de clubs (amateurs ou professionnels) en exercice de figurer sur une liste candidate lors de l’élection du COMEX.

Proposition N°3 : doter la ligue de football amateur (LFA) d’un véritable statut juridique à l’instar de la ligue de football professionnel (LFP.)

Proposition N°4 : que les clubs ayant formulé un vœu lors d’une assemblée générale de district et de ligue soient informés avant le jour de l’AG des arguments qui seront présentés par le contradicteur du district ou de la ligue afin de leur permettre à leur tour de défendre leur position de façon loyale comme cela se fait pour les assemblées fédérales.

Proposition N°5 : faire en sorte que les vœux et questions votés et adoptés par les assemblées générales de district et de ligue fassent l’objet d’une réelle étude et soient soumis aux assemblées fédérales.

Proposition N°6 : que les candidats au poste de délégué aux assemblées fédérales puissent se présenter physiquement en quelques minutes devant les clubs avant l’élection lors des assemblées générales de ligues.

Proposition N°7 : que les courriers des comités directeurs de district et de ligue adressés aux instances supérieures fassent systématiquement l’objet d’une réponse dans le mois suivant leur réception.

Proposition N°8 : que les courriers des dirigeants de clubs adressés aux instances fassent systématiquement l’objet d’une réponse dans les 2 mois suivant leur réception.

Proposition N°9 : que les courriers des licenciés adressés aux instances fassent systématiquement l’objet d’une réponse dans les 3 mois suivant leur réception.

Proposition N°10 : Etudier enfin sérieusement la possibilité d’intégrer le club dont un joueur devenant professionnel y a pris sa première licence avant 10 ans dans la liste des clubs devant percevoir une indemnité de formation ou préformation. Cette demande a fait l’objet d’un vœu déposé par le district du Finistère et adopté en AG de Ligue de Bretagne et à ma connaissance, depuis rien n’a évolué.

Proposition N°11 : travailler avec les autres fédérations et les ministères concernés pour accorder enfin aux bénévoles un véritable statut.

Luc Tréguer, licencié et dirigeant bénévole à la FFF depuis de nombreuses années

Mentions légales - Protection des données - CGU / CGV