Comment aborder le cas Alexandra Rannou ? Pas simple ! Non pas que la licenciée de Courir à Coray soit intimidante, elle est même très avenante... Mais embrasser la carrière de l'ex championne cycliste reconvertie en traileuse pour la résumer, c'est prendre le risque d'oublier quelques titres en cours de route. Un exemple : j'avais lu dans un article qui lui était consacré en 2009 qu'entre VTT, cyclo cross et vélo sur route, Alexandra cumulait alors 19 titres de championne de Bretagne. Désormais, elle avait raccroché et allait privilégier la course à pied. Mais on ne se refait pas : Sans (me) prévenir, notre championne tout terrain a remis le pied à l'étrier (ou plutôt au pédalier). Et à 43 ans, elle vient de décrocher le titre de championne du Finistère de vélo sur route. A l'en croire, contre son gré. "J'ai pris une licence vélo pour encadrer les jeunes du club d'Ergué, c'est une obligation si on veut les encadrer, et je me suis prise au jeu." Pas plus compliqué que cela !

Légende: Excellant dans tous les sports d'endurance, Alexandra Rannou loue surtout l'esprit collectif qui en émane, et le plaisir de transmission aux plus jeunes. Crédit photo: DR

On l'aura bien compris : Si Alexandra Rannou excelle aujourd'hui en trail - elle a par exemple remporté en 2019 à Guerlédan le titre de championne de Bretagne - le vélo demeure dans son coeur "le sport numéro un". La championne y a d'ailleurs rencontré - du temps où elle était licenciée au Vélo Sport Quimpérois - celui qui est devenu son conjoint, Marc Rannou. Elle y a également cultivé un certain nombre de réflexes dont elle a du mal à se défaire. "Au trail de la pointe du Raz, soufflait un vent latéral et pour ne pas en subir les effets, je m'abritais derrière Eric, un copain du club qui a fini par me glisser : T'es pas en vélo ici, Alexandra." Entre vélo et trail, les similitudes ne s'arrêtent pas là. "En termes de puissance, le vélo que je continue de pratiquer m'apporte beaucoup pour le trail. Si je devais trouver un avantage à la course à pied par rapport au vélo, je dirais que chacun y trouve plus facilement sa place."

La remarque est loin d'être anodine car en trail (comme dans la vie d'ailleurs), c'est au sein d'un collectif, le club "Courir à Coray", qu'Alexandra, la secrétaire du club, s'épanouit. Oui, dans une discipline par essence individualiste, la championne de Bretagne privilégie toujours l'esprit collectif. C'est ainsi que dans son emploi du temps très chargé (elle occupe des responsabilités à la communauté de communes de Châteauneuf où elle exerce à plein temps), Alexandra ne manque que rarement les entraînements du mardi et du jeudi soir, avec les copains et  copines au premier rang desquelles l'incontournable Catherine Letty.

Et parmi les motifs de satisfaction du moment, il y aura justement le plaisir d'entraîner en septembre avec elle, les licencié(e)s du club au très couru trail de Belle-Ile en Trail ("Je me suis inscrite sur le 45 kilomètres mais suis tenté par le 80 bornes"). Autre échéance très attendue, celle du 18 juin pour la festive course Nature organisée par Courir à Coray. Des rendez-vous importants dans la vie du convivial club finistérien.

Quand on voudrait ramener le sujet à son cas personnel, sans cesse l'altruiste Corayenne (c'est vraiment comme ça qu'on dit ?) nous renvoie aux autres. Parmi les rôles qui lui tiennent particulièrement à coeur, sa fonction d'éducatrice au sein du club de vélo d'Ergué-Gabéric (Le week-end dernier, elle était encore avec l'école de cyclisme sur le Tour du Finistère à Quimper). "Je prends beaucoup de plaisir à encadrer les jeunes et à les voir progresser. Pour moi, le sourire d'une gamine à qui j'ai appris à se saisir d'un bidon en roulant, ça vaut toutes les victoires du monde." On imagine aussi la jeune femme très impliquée dans son rôle de maman de deux enfants. "Maureen, l'aînée vient de prendre une licence au Quimper Athlé et Raphaël fait du foot. Oui, dans la famille, le sport fait partie intégrante de notre vie. On en retire beaucoup de plaisir et je trouve que c'est une vraie école de vie, qui donne le sens de l'effort. Et puis c'est bien de transmettre à ses enfants ce qu'on a eu soi-même l'opportunité de vivre. Moi, mes parents m'ont suivie dès le début quand j'ai commencé à pratiquer. J'en mesure aujourd'hui la chance."

Rubrique Carte Blanche à Marc Férec

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