C'est sur l'Argolienne (9,2 kms) avec les contreforts du Menez Hom en toile de fond que l'on s'était donné rendez-vous, Isabelle Rannou et moi. Enfin, pour être honnête, la présidente du Team Triathlon Châteaulin ignorait encore qu'elle allait faire la Une de Newsouest... Mais avec mon photographe attitré Pierre L'Haridon, on s'était dit que le moment était venu de mettre à l'honneur l'une des coureuses les plus populaires du peloton. Bon photographe mais piètre pronostiqueur (cf l'article Armand Vic le nouveau romantique), l'ami Pierre avait soutenu après avoir épluché minutieusement la liste des engagées qu'Isabelle figurerait sur le podium. 15 minutes déjà que la première féminine suivie par quelques autres avait coupé la ligne d'arrivée, 15 minutes qu'on attendait et toujours pas d'Isabelle à l'horizon ! Égarée dans les Landes, Isabelle ? plaisantions-nous Pierre et moi. On ne croyait pas si bien dire...
Légende: Isabelle Rannou est passé de la course à pied avant d'élargir sur du triathlon où elle est la présidente du Team Triathlon Châteaulin. Crédit photos: DR
"J'ai fait 13 bornes au lieu de 9. On s'est perdu quelque part sur la Départementale. Cela m'était déjà arrivé de m'égarer par le passé mais à ce point-là, jamais. On a mis beaucoup de temps à retrouver le bon chemin. " C'est par ces mots qu'Isabelle plutôt amusée que fâchée par la déconvenue m'a accueilli. Faute de concentration, erreur de balisage ? La Châteaulinoise d'origine ne s'est pas cherché d'excuses. Et n'a pas tardé à passer aux aveux. Dans un éclat de rire. "C'était moi la meneuse. J'ai entraîné tout un groupe derrière moi (1)."
Des brebis disséminées sur les pentes du Menez Hom par la faute d'Isabelle et à l'arrivée 4 kilomètres de rab. Mais la meneuse semblait aussi fraîche qu'un gardon. Et pourtant, la présidente venait précédemment d'avaler à vélo en guise d'échauffement les 30 bornes qui séparent Châteaulin d'Argol...
C'est qu'Isabelle Rannou a du coffre ! Du plus loin qu'elle se souvienne, le sport, elle l'a toujours pratiqué. "Je le vois comme un moyen de me vider la tête, de me libérer. A la base, je suis une coureuse à pied (la triathlète a fait les beaux jours de l'Asso Courir à Châteaulin). Si je suis venue au triathlon, c'est pour varier les plaisirs mais aussi parce que la course pédestre, à la longue c'est usant. Avant de venir à Argol, je n'avais pas couru depuis le mois de mars. Un problème de genou..." Molle du genou, Isabelle ? Ce serait mal la connaître, elle qui s'est encore joué l'an dernier du triathlon format long de l'Alpe d'Huez ("Un moment inoubliable") : 2 kilomètres de natation, 118 de vélo avec un dénivelé de 3000 m et 21 bornes en course à pied...
C'est qu'avec le triathlon, la (très) sympathique quadra a tout de suite accroché. Une reconversion totalement réussie. "Il faut dire qu'on a un super coach, Raphaël Bounéa et qu'on est un petit groupe très convivial, un petit groupe d'une vingtaine de triathlètes tous très soudés. Châteaulin, c'est vraiment un club familial. D'ailleurs, si tu pouvais en toucher un mot, on va ouvrir à la rentrée une école de triathlon. Dès l'âge de 9 ans, il sera possible de s'inscrire. Chacun y sera bienvenu."
Sûr qu'avec le sourire communicatif d'Isabelle, les enfants seront royalement accueillis... Le week-end prochain, on la retrouvera de nouveau sur le terrain à Telgruc, aux Radieuses. Un adjectif qui lui va comme un gant !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec
(1) La mésaventure semble assez répandue dans le milieu du trail. Et elle réserve parfois d'excellentes surprises. (cf cette fois l'article Coup de foudre dans la forêt de Coat Loc'h)