Si les apparitions de Karine Pasquier se font de plus en plus rares, elles n'en sont pas moins attendues. Elles sont même doublement attendues. Je l'avais croisée victorieuse du Trail du Bout du Monde cet été sous le soleil lumineux et la chaleur écrasante de la pointe de Saint-Mathieu, je l'ai retrouvée toujours victorieuse cette fois de la course du Cabri dimanche dernier dans le petit matin blême, le long de la rivière de Pont-l'Abbé. Pas besoin de vous faire un dessin ! A 45 ans, Karine Pasquier n'a rien perdu de sa superbe et elle  ferait encore le bonheur de tous les clubs de France (et même de Navarre). Et mon petit doigt me dit que, pour peu qu'elle en remette une couche à l'entraînement,  elle retrouverait rapidement des capacités quasi intactes. Oui mais voilà ! la Concarnoise est exigeante envers elle-même et elle connaît bien les sacrifices qu'il lui faudrait consentir pour revenir là où elle voudrait être : tout en haut, au plus haut niveau. Alors, quand bien même le Quimper Athlé ou tout autre club lui ferait-il les yeux doux, il n'est pas dit qu'elle rempile.

Légende: D'une compétitrice hors-pair à une recherche exclusive du plaisir, Karine Pasquier a effectué une bascule, suite à la parenthèse Covid. Crédit photos: DR

A quel moment  le rapport de Karine Pasquier à la course à pied a-t-il changé ? Le point de bascule, ce fut la parenthèse Covid. Elle me l'avait confié en mars dernier à l'issue du semi marathon Locronan-Quimper. "Aujourd'hui, je ne suis plus dans une dynamique de compétition. Je privilégie la notion de plaisir. Je cours à la sensation. Prendre une licence, c'est s'engager et je ne suis pas sûre de vouloir renouer avec toutes les contraintes que cela suppose. Je vais avoir 45 ans, la vie avance vite et j'ai envie aussi de découvrir avec mes deux enfants qui font du sport, d'autres horizons sportifs."

Huit mois plus tard, sa position n'a pas ou peu évolué. "Normalement, je ne devrais pas reprendre de licence. Je ne suis pas en grande forme. Disons que je me maintiens." Pour l'athlète de haut niveau que fut Karine, que signifie se maintenir ? "Je fais trois sorties hebdomadaires de 20 kilomètres, pas davantage." Pour le profane, une performance ! Mais pour l'ancienne championne de France du 5000 mètres, le volume d'entraînement est sans rapport avec celui du passé. "En termes d'intensité, cela n'a plus rien à voir. Je ne construis plus de séances en fonction d'une progression et d'un objectif déterminés. En revanche, j'ai introduit une nouveauté dans mes sorties : j'écoute des podcasts en courant, j'écoute France Inter, des trucs philosophiques... Non,  ce que je fais, c'est du bricolage. " A évoquer  le sujet avec elle, on sent bien pourtant  que la passion latente pour la course à pied ne demande qu'à ressurgir. "C'est difficile de lâcher prise, d'être dans l'entre-deux."

Autrement dit, compliqué pour cette compétitrice dans l'âme de ne courir que pour le plaisir. Oui, on sent bien qu'entre la course/plaisir et la course/compétition, le coeur de Karine oscille encore. Si j'étais dirigeant , comment la convaincrais-je de signer dans mon club? Je lui rappellerais qu'il y a peu encore elle fut championne de France de marathon (Albi 2018), qu'elle signa sur cette distance un chrono de 2 h 34' 55 qui ferait rougir d'envie bien des athlètes masculins, je lui dirais encore qu'en cross, elle décrocha une 3e place individuelle en senior (2015) ou qu' elle fut tout récemment championne de France master ! Et pour achever de la convaincre,  je lui assénerais l'argument ultime : les championnats de France de cross auront lieu à Carhaix cette année (11 et 12 mars) ! Je sais que l'argument ne la laisse pas insensible ! Alors, dirigeantes et dirigeants du Quimper Athlé et d'ailleurs, appuyez là dessus ! Et rendez nous Karine Pasquier !

Rubrique Carte Blanche à Marc Férec

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