Le 27/12/2013

Etre indispensable mais pas irremplaçable!

27 décembre 2013. A la fin de l'année 2013, invité par le club entreprise de l'US Concarneau, le sélectionneur national, Didier Deschamps, en résident de la commune, et ami de longue date de l'US Concarneau, était intervenu une heure et demie, au centre des arts et de la culture face à 250 spectateurs et aux 110 partenaires économiques du club. Symbole de la France qui gagne, Didier Deschamps cultivait la victoire, avec une volonté quotidienne de réussir ses buts fixés.

Animé par Jean-Paul Ollivier, journaliste de Lanriec, le sélectionneur national, Didier Deschamps, est revenu de long en large sur son parcours de vie, à travers le football. Crédit photo: René Riou   

La France n'aimait pas les premiers! Le culte des perdants magnifiques, Raymond Poulidor et sa quête effrénée et vaine du tour de France, dans les années 60, l'équipe de France de football demi-finaliste de la coupe du monde 1982, avec son trident créatif, Giresse/Platini/Genghini, ou les Bleus de 1987, en rugby, battus en finale de la coupe du monde par les Blacks, après une demi-finale d'anthologie face à l'Australie (30-24).

Longtemps, notre pays a vécu sur ce mythe de la défaite avec panache, dans le sport collectif. Or, toute une génération de sportifs est née et a grandi, dans les années 70 et 80 avec cette frustration en tête. Cette faiblesse originelle est devenu une vraie force et a exprimé un culte presque assumé et libéré de la victoire, par la suite quand ils sont devenus adultes.

Dans les années 1990, est apparu la France qui gagne dans les sports collectifs. Le handball, champion du monde en 1995 en Islande, et le sport roi sur la planète, le football, avec la coupe du monde 1998.

Didier Deschamps est sans doute le sportif Français, qui a "magnétisé" le plus cette volonté de vaincre, une grinta jamais mise à défaut. Tel un sourcier permanent, il a compris qu'il ne pouvait pas faire gagner les matchs sur le terrain, mais en coulisse, il pouvait être un créateur surprenant du succès.

Une conception personnelle du leadership

Dans les yeux dans les bleus, avant le premier match face à l'Afrique du Sud, il alla même jusqu'à donner le scénario aux acteurs, qui tenaient le premier rôle de la pièce, dans les vestiaires, avec toujours un mot, une attention, qui fasse tilt, chez le joueur.
" Etre un leader demande des prédispositions. La première et principale est d'être bien dans sa vie personnelle, ne pas avoir de soucis et passer beaucoup de temps pour les autres".

Cette conception du leadership, dans une entreprise ou dans le sport, est une réflexion neuve, car ce n'est pas l'autorité, ni la prise arbitraire de décisions, qui fait naître le consentement général. Il passe donc d'abord par une paix intérieure avec soi-même pour un meilleur regard sur l'autre.

Didier Deschamps marque par son attitude, ses mots réfléchis, obsédé par un même but: la victoire. " Hasta la victoria, siempre", symbole du révolutionnaire Cubain, Che Guevera. Reprise et adaptée dans le sport et la vie par Didier Deschamps. " Même enfant, je n'ai jamais joué pour jouer. J'ai toujours joué pour gagner. Aux cartes, aux boules, je cherche toujours à gagner. Après, je peux perdre. C'est le jeu mais avec la certitude d'avoir tout fait pour gagner. Ca implique une très grande exigence personnelle au quotidien pour atteindre ses objectifs".

" J'ai dit non à Bernard Tapie"

Cette rigueur, ce perfectionnisme qui le définit, qui tend presque vers une obsession du projet et de l'objectif est une matrice de la personnalité du Basque. Sa force est sa personnalité forte et son refus de la compromission. " Je déteste qu'on décide à ma place. Le FC Nantes avait décidé de mon transfert en novembre 1989, à l'Olympique de Marseille, pour des raisons budgétaires. Ca ne m'a pas fait plaisir! Mais comme je suis fier, je me devais de réussir à Marseille puisqu'il m'avait choisi. J'ai dit non à Bernard Tapie pour un transfert définitif à Bordeaux. J'ai reçu quelques coups de fil, peu sympathique de sa part, en vacances dans le Pays Basque. Mais je n'oublie non plus quand c'est lui qui m'a donné ma chance à mon retour à l'OM".

Ne pas oublier, sans être rancunier, le cap est fixé en permanence au loin sur les objectifs, que lui seul se fixe dans la tête. Et comme il transpire la rage et l'ambition, il met tout pour atteindre ses rêves en donnant une force énorme à ses collaborateurs directs appelé footballeurs dans son milieu professionnel.

Un détachement permanent sur le superflu pour une focalisation totale sur l'essentiel

" La Juventus de Turin m'a marqué. J'ai trouvé le club qui correspondait le mieux à ma personnalité: une exigence au quotidien, une grande structure sportive, une histoire, un passé, et une culture du travail et une remise en question permanente".

Petit, il notait sur un cahier, les grandes dates de l'équipe de France, joueur, il faisait attention à ne pas se blesser, lors d"un match de l'équipe de France (" Avant ou après, mais jamais à cette échéance), champion de France minime en athlétisme, DD sait s'entourer de personnes de confiance, comme Guy Stéphan, son adjoint et confident. Meneur d'hommes, chercheur d'idées, créateur de bien-être pour les autres, il dévie parfaitement les questions embarrassantes, en retournant comme une crêpe, la balle vers son interlocuteur, qui se trouve alors pris à son propre jeu.

L'auto-dérision est permanente, qui prouve un détachement sur sa personne. C'est sa manière de se protéger par rapport à la bulle de sollicitations quotidiennes. Sa façon de sourire immédiatement aux moindres louanges, marque une modestie et un recul nécessaire dans sa fonction. Car il est ailleurs, dans sa bulle intérieure, tout en donnant la sensation d'être en permanence connecté avec le moment présent. Il est capable de faire la concordance des temps pour réussir ses buts. Un exemple? La victoire face à l'Ukraine a crée des liens, des attitudes, qui est un cap franchi et qui seront une force dans notre vie collective à la coupe du monde au Brésil 2014.

Un plaisir partagé par les 250 spectateurs du CAC

Seuls les êtres extraordinaires, assorti à une rigueur personnelle extrêmement forte, y arrivent! Ce n'est pas un hasard, c'est une question de vision permanente, actualisé sans cesse au quotidien. Pierre par pierre, Didier Deschamps construit sa maison à trophée. Il a fait d'un souhait individuel une vocation collective. " La où Attila passait, l'herbe ne repoussait plus", " Là où Didier Deschamps passe, la victoire vous gagne".

" Joueur, je me suis toujours mis en tête d'être le premier inscrit sur la feuille de match par l'entraîneur. Etre indispensable mais non irremplaçable".

Attaché à Concarneau, comme port de coeur et de vie, il tire aussi sa force de cet alliage basque/breton, de ces terres, qui façonnent les caractères, en détachant par une auto-dérision constante, une retenue sur son quotidien. Le plaisir a été immense pour les 250 spectateurs, au centre des arts et de la culture, ainsi qu'aux 110 partenaires économiques du club, via le carré bleu, présidé par Jacques Stefanczyk, d'assister à cette conférence-débat mené par le journaliste Concarnois, à France Télévision, Jean-Paul Ollivier. Une chance inouïe d'être présent, ce vendredi soir, face à un homme qui a tout gagné, gagne inlassablement et gagnera toujours et encore, à l'avenir.

Christophe Marchand

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