16/10/2016

US Concarneau: Rendez-vous en terre inconnue

Comparé aux mastodontes du championnat national, à l'image du Paris FC et ses 5 millions d'euros de budget, l'US Concarneau apparaît être un poids plume de cette division budgétairement parlant. Sportivement, Concarneau a renversé cette logique financière, qui veut que sur la durée, les accessits de promotion arrivent en majorité des cas aux clubs les plus fortunés. Pour être à leur côté, les Thoniers se doivent d'être exemplaires dans tous les autres domaines. Après une lune de miel de deux mois avec ce tout nouveau championnat national, les joueurs de Nicolas Cloarec arrivent aux premières contariétés d'automne. Un temps de confrontation et d'opposition en interne dans le groupe, étape nécessaire et clé dans une saison. " Je suis comme un capitaine de navire qui doit amener de la tempête quand c'est calme et du calme quand c'est la tempête", mentionnait Nicolas Cloarec. Remis à la réalité du national, avec deux lourds revers successifs à Boulogne/Mer (4-0) et Dunkerque (1-3), l'US Concarneau touche au premier virage important de sa saison 2016/2017 avec un enchevêtrement de situations à aborder intelligemment et collectivement.

Le championnat National est résumé à une aire de passage sur une autoroute pour Nicolas Cloarec. " Le National, soit on en meurt, soit on voit au-dessus ou en-dessous". Sur ce chemin, l'US Concarneau négocie en ce moment un tenant important de sa saison, avec un essoufflement collectif. " Je ne pourrais rien reprocher, ni critiquer mes joueurs au vu de leur investissement, par contre, je me dois d'être exigeant". Avec une majorité de joueurs dans l'effectif cumulant un emploi dans la vie civile, parfois des 35 heures/semaine et un complément important en charge horaire et émotionnelle avec le football, l'US Concarneau se sait dans un modèle précaire sur la durée en championnat National. 

Les valeurs-maisons appliquées par les cadres de l'équipes, comme Jérémy Drouglazet, Guillaume Jannez, Christophe Gourmelon, Maxime Toupin, Ivan Seznec, se calent sur une aventure commune de sept ans. Un âge de raison qui les a fait grandir ensemble à un niveau inespéré au début de l'ére Nicolas Cloarec à la barre des Thoniers en 2009/2010. A un cran de la division d'honneur pour se retrouver aujourd'hui sous le feu des caméras de Canal + Sport, ce samedi après-midi, face à Dunkerque. Autant d'épreuves surmontées dans l'obscurité des séances d'entraînements. Autant de travaux auto-financés tels la construction d'une fosse synthtique pour éviter ces creux hivernales de séances, un club-house flambant neuf ou ce quartier VIP, investissement de 130.000 €, dévoilé ce samedi après-midi qui offre une vue imprenable sur le terrain de Guy Piriou. L'US Concarneau séduit par ses qualités, ses valeurs et son identité club. Fort de 400 licenciés, des équipes jeunes au meilleur niveau régional et national, les Thoniers présentent la meilleure offre de football dans le Sud-Finistère et une des meilleures en Bretagne.

La passion à Guy-Piriou n'est pas un vain mot. Plus de 2.000 personnes se pressent désormais pour assister aux joutes des Uscistes, dans cette galère du National. J'ai vraiment conscience des difficultés qui nous attendent sur la durée. Le contexte concarnois s'enthousiasme, et non s'enflamme. C'est très bien. Les joueurs ont besoin de ça. C'est un championnat qui se gagne vraiment dans la durée. Il est très exigeant avec une densité forte d'équipes. Tout le monde peut battre tout le monde. Les points sont très compliqués à prendre. On est jeune et tendre. Il faut apprendre".

Après un petit mois de coupure estivale pour recharger les influx et se vider la tête, les Concarnois ont attaqué bille en tête un championnat hautement plus exigeant que la CFA avec des contraintes nouvelles. " Notre modèle repose sur une validation du statut joueur/salariés en entreprises. Nous avons pris en compte en décidant de privilégier les déplacements en avion pour gagner du temps sur les agendas de chacun", remarquait le président de l'US Concarneau, Jacques Piriou. 

Dans une conférence remarquée sur Concarneau, la semaine dernière, Laurent Bezeau, le coach de handball du Brest Bretagne Handball, révélait les quatre phases automatiques d'un groupe de haut-niveau sur une saison dans un sport collectif: la phase de découverte romantique d'un nouveau groupe et de nouveaux adversaires, passée par Concarneau, la phase de confrontation et d'opposition des égos (Concarneau est en plein dedans), une phase de compromis et d'accord entre les cadres (à venir) et une phase où toute cette richesse humaine aboutit à la réalisation de l'objectif commun.

Après ses deux défaites coup sur coup, Concarneau arrive à un carrefour d'une première remise en question collective. Beaucoup de joueurs, après le match, avaient eu la sensation de ne pas avoir joué en équipe. Une parole rarement entendue sur les dernières saisons. La défense, point de référence, a encaissé sept buts en deux matchs, soit presque trois fois plus que sur les huit premières journées. " Une grosse déception sur le comportement général des joueurs et de l'équipe qui n'a pas été à son niveau. Le paradoxe, c'est qu'on est premier. On n'a pas vu l'équipe de Concarneau qui joue à son niveau habituel mais une équipe de Concarneau", relevait Nicolas Cloarec. Un propos singulier et franc qui prend un sens capital dans la nature et la chair même de l'US Concarneau.

Christophe Marchand

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