Très peu blessé, précis, incisif dans ses interventions, Le Renanais, Romain Cabon, 29 ans, est une voix qui compte dans le vestiaire de l'US Concarneau. Joueur d'expérience après un vécu de plusieurs saisons à ce niveau à Avranches, il s'est installé au coeur de la défense des Thoniers, réputé pour être une des plus efficaces du championnat. Sans son pendant, Guillaume Jannez, depuis un mois et demi, Romain Cabon est le pilier fixe de la défense sudiste. Au sortir de Quevilly Rouen (1-2), il regrettait un non-match en première mi-temps avec des lignes dissociées dans les efforts. Ce contre-temps dans l'expression du jeu de l'US Concarneau explique un coup de moins bien imputable dans les résultats et visible à travers des faits de jeu, où les erreurs se paient cashs à l'arrivée, à ce niveau.

Romain Cabon, défenseur central de l'US Concarneau

Redescendu d'un étage pour remonter, le stoppeur concarnois, Romain Cabon avait fait le choix d'opter pour une reconversion professionnelle en se rapprochant de ses attaches géographiques. Originaire de Saint-Renan dans le Finistère, ayant fait ses classes de formation au Stade Brestois, un passage au Quimper Cornouaille en senior, le joueur n'a connu que trois clubs dans sa carrière senior. Quimper, Avranches et Concarneau, un signe d'une exemplarité et une fidélité à un projet et une qualité de vie. Stabilisateur de la défense, dans sa zone gauche de la défense, il a apporté tout son vécu, son placement et sa soif de compétiteur au groupe Concarnois.
Après une montée et une première de partie de saison flamboyante, l'US Concarneau arrive, au stade de leur saison, à ce fameux mur du 33 km pour les marathoniens. Quand la fraîcheur mentale et physique n'est plus en quantité suffisante, l'esprit d'équipe et un plaisir de faire les efforts ensemble se doivent d'être reconquis par les Thoniers. « On perd le match contre Quevilly Rouen en première mi-temps sur notre non-match. Derrière ou dans le milieu, nous n’avions pas de bloc avec une partition individuelle. Forcément, on se met en difficulté. Ils marquent sur leur occasion. On est passé à côté. Il fallait réagir dans l’état d’esprit et l’abnégation. Sur les mots, il y’avait beaucoup d’envie qui ne sont pas matérialisés par des actes. Quand on est moins bien en National, on ne passe pas. Si on ne fait pas les efforts ensemble, nous ne gagnerons pas »
Défait 1-2, Concarneau rentre dans le rang après deux mois euphoriques portés par une vague de compliment et de résultats favorables. Perturbés dans leur étau défensif avec des largesses dans le marquage serré, les Thoniers veulent retrouver ce dosage subtil du même jeu en commun. « Hormis cela, nous avons des sources de satisfaction : nous ne prenons pas beaucoup de buts, même si on n’en marque pas non plus beaucoup. Après, ce n’est pas chacun dans son coin, mais plus un manque de liant. Ca peut arriver ! »
Avec un effectif restreint, un profil majoritaire de joueurs-salariés en entreprise, Concarneau est dans la découverte du troisième niveau français. Son absorption et sa digestion ne se feront qu'après une année complète pour avoir ces fameux temps de passage requis. « On espérait être dans la course des 4/5. L’absence de Guillaume Jannez pèse. Au même titre que Jaffray N’Simba ou Guilaume Gegousse, nous savions au début de saison que notre effectif serait juste à hauteur des meilleures formations de ce national. Après, ceux qui sont là font un bon match, comme Cyril (Benamara) »
On est plus attendu sur la poule retour
Avoir la pancarte du leader, celui du champion d'Automne, donne un surplus de motivation aux autres équipes en donnant envie d'être à la hauteur, voir de surpasser la première équipe. C'est un phénomène humain qui pousse le dépassement et l'envie de se mesurer aux plus forts. En CFA, Concarneau a été dans son dernier championnat pendant un semestre l'équipe à battre. L'usure mentale du dernier match contre Trélissac, associé à la montée a puisé les organismes jusqu'au 2 juin. Avec trois semaines de coupure complète en été, les organismes ne se sont pas rechargés automatiquement. Même avec un effectif sur le onze de départ, modifé à 50%, Concarneau s'appuie avant tout sur son socle de leaders bretons et joueurs-clubs: Ivan Seznec, Guillaume Jannez, Maxime Toupin, Maël Ilien, Herman Koré, Jérémy Drouglazet, Vincent Richetin... « On est plus attendu en poule retour. Il y’a moins le phénomène découverte qui entre en jeu. On fait moins d’effort dans le sens, où sur la première partie de saison, nous ne voulions pas passer pour des « guignols ». Il ne faut pas remettre tout en cause en raison de notre non-match en première mi-temps. Il y’a la qualité des joueurs en face de Quevilly Rouen. C’est une équipe de haut de tableau. »
Quatrième en championnat avec 36 points, à quatre points du leader, Dunkerque, à cinq points de la 10ème place, les Thoniers arrivent dans la vérité de leur saison. Le maintien était l'objectif de départ, le seul affiché. Dans cette forme de fatigue et d'usure, le plaisir est un élément indissociable pour casser cette spirale. Retrouver une grande envie de jouer au football, de se déchirer pour son partenaire, d'arracher des résultats pour le fêter dans les vestiaires, l'état d'esprit en seconde période était bien meilleure. Même brouilonne parfois, cette emprise locale est grandemment apprécié par le public fervant. Chaque match, plus de 2.000 personnes prennent trois heures de leur week-end ou fin de vendredi pour voir jouer une équipe. Ils ne demandent pas beaucoup, mais qui peut paraître à ce stade de la saison, seulement de voir 11 joueurs sur le terrain donner leur maximum du moment.
Christophe Marchand