SOUVENIRS & NOSTALGIE. Maël Illien/ Florian Le Joncour. En avant Concarneau
Pièces majeures de l'échiquier concarnois en 2014/2015, Maël Illien, 24 ans et Florian Le Joncour, 19 ans représentent deux tours à leurs postes de milieu de terrain défensif et arrière central, capable de se mouvoir très vite vers l'avant ou dans les déplacements latéraux. Tous les deux ont rêvé adolescent de passer professionnel à l'En Avant de Guingamp. Mis en sommeil, ce songe a trouvé un échappatoire heureux à l'US Concarneau. Sans se projetter au-delà sur leur futur dans le football, ils savourent à fond ces moments précieux dans une carrière sportive. Au bonheur de vivre à fond cette aventure, ils ont trouvé à Concarneau, une joie simple de jouer au football, diffusée à l'ensemble de leurs partenaires. Pourquoi partir quand on est heureux?, remarquent en symbiose les deux joueurs. Portrait des deux ex-Guingampais.
Maël Illien, Florian Le Joncour, les deux ex-Guingampais avec Laurent Palut de Concarneau
Maël Illien, poumon du milieu de terrain de l'US Concarneau.
Florian Le Joncour s'est imposé au coeur de la défense Concarnoise.
La route vers le milieu professionnel est semée d'incertitudes et d'embûches. Cette voie n'est pas seulement accessible par un centre de formation car elle peut aussi trouver un débouché avec les championnats du national ou de la CFA/CFA 2. Leur parcours semble commun malgré leur cinq ans de différence d'âge. Génération 90 pour Maël Illien, 95 pour Florian Le Joncour, avec des racines personnelles et respectives dans les clubs du Faouët (22) et de Saint-Thois (29S). Le tremplin d'accession vers le haut-niveau se nommera l'En Avant de Guingamp, un club famillial qui a conservé le bon côté amateur dans son adaptation au monde professionnel. " J'ai grandi avec l'En Avant de Guingamp. J'avais fait un essai concluant à 12 ans, lors d'un tournoi à Epinay/Seine en région Parisienne. J'habitais à 15 minutes du centre de formation. Etant le seul joueur du coin. Je rentrais tous les jours chez mes parents car je ne dormais pas au centre". Pour Florian Le Joncour, l'apprentissage du haut niveau se fait aussi par la case rouge et noire. A 16 ans, après une formation au pôle espoir de Plouffragan et un an au gros chêne à Pontivy, il est repéré par l'EA Guingamp. " J'avais signé mon contrat un jour de neige".
Au milieu des pros de Guingamp à l'entraînement
Intransigeant, le haut-niveau est une affaire individuelle dans le paraphe du précieux sésame. Les candidats sont forcéments nombreux et les places limitées et chères. Le couperet tombe! Implacable, infaillible à chaque saison. Pour Florian, il intervient le plus tôt, à 18 ans. Mais déjà un pressentiment personnel que ça ne passerait pas. " Je sentais que je ne serais pas gardé. Je m'entraînais avec les U19, tout en jouant avec les U17 avec Philippe Lemaire. C'est Lionel Rouxel qui me l'a annoncé. Le club avait une superbe génération 1996 et voulait miser dessus. Mon choix était fait déjà de retrouver un club amateur. Et Concarneau me semblait être le choix logique et approprié". Quant à Maël Illien, il persiste jusqu'à ses 21 ans, au milieu des entraînements avec les professionnels. Le rêve à portée, toutes ces années d'effort pour vivre parmi ce monde envié et convoité. Pour son premier match en CFA avec la réserve de Guingamp à 19 ans, il se retrouve au milieu de terrain face au Paris Saint-Germain, des professionnels comme Pegguy Luyindula, le Serbe Mateja Kezman, l'ex-terreur du PSV Eindhoven ou Clément Chantôme. Barré au même poste par Gianneli Imbula (Olympique de Marseille), il reste dans la salle d'attente du haut niveau. " Je me suis blessé deux fois au mauvais moment, au ménisque. Je n'ai jamais lâché car c'est dans mon caractère Même si "Coco" Michel, notre coach en équipe réserve me disait de tenir bon, j'avais prévu de tourner la page dans ma tête".
L'US Concarneau ne s'est pas trompée en misant sur ses deux joueurs talentueux, parfaitement éduqués et respectueux de l'entité club. " Je voulais continuer à un bon niveau. Concarneau est le parfait compromis entre le milieu professionnel et amateur. Nous sommes une équipe de copains. On ne se prend pas la tête. J'ai repris mes études en parallèle avec un DUT Technique de commercialisation en alternance, à l'IUT de Quimper. Je n'ai pas fait une croix sur le football professionnel mais je n'irais pas le chercher. Je connais mon bonheur aujourd'hui", relativise Maël Illien. Pour le benjamin de l'équipe, Florian Le Joncour, 19 ans, qui avait tapé dans l'oeil de Patrick Battiston, entraîneur de la réserve Bordeaux et ancien défenseur central de l'équipe de France dans les années 80, le football professionnel n'est pas une fin absolue, non plus. " Je n'ai pas d'agent. Mon agent, c'est mon père. Je m'éclate à Concarneau. Même la première année, quand je ne jouais pas en CFA, mais en équipe réserve en DSE de Pascal Laguillier, j'étais épanoui avec au bout, ma première montée à ce niveau-là. J'ai profité au début de la blessure de Maxime Le Borgne, en défense central et de la suspension pour 4 matchs de Thomas Cotty, en latéral gauche, pour avoir une place dans l'équipe de départ. Je prends ça comme une aubaine et une chance de pouvoir jouer titulaire en CFA. Je suis là pour aller le plus haut possible!"
Tout le monde nous en parle dans la rue!
Dans la colonne vertébrale de l'axe Concarnois, les deux ex-Guingampais sont un repère essentiel du jeu des Thoniers où leur abattage, leur vision et leur technique font merveille. Avec en spécialité un gros volume de jeu pour Maël Illien - " Je travaille en priorité mon pied gauche. J'ai une qualité qui est aussi un défaut. Je suis très exigeant et je déteste rater. Il y'a un gros côté perfectionniste et une remise en question constante. Je ne supporte pas non plus d'être passé balle au pied par mon adversaire direct" -, et pour Florian Le Joncour une relance parfaite et magique du pied gauche sur plusieurs dizaines de mètres. " Je ne peux pas l'expliquer. J'ai toujours eu une bonne frappe. Après, j'ai travaillé pour en arriver à cette justesse et précision. Des entraîneurs, comme Pascal Laguillier, me demandaient aussi beaucoup de rechercher long, côté opposé du jeu". Pris dans le tourbillon du championnat et de la coupe de France, les deux compères ressentent ce magma local en ébullition interne. " Tout le monde nous en parle dans la rue! A Concarneau ou à Quimper, à l'IUT, on n'arrête pas de parler de ce 16ème de finale contre Dijon. Je ne suis pas du genre stressé, j'ai même hâte d'y être. Le seul moment où je stresse, c'est 10 minutes avant le match. Mais ça part avec les premiers ballons", justifie Florian Le joncour.
Son aîné, Maël Illien ressent également ce plaisir de partage avec les gens. " Nous sommes là pour prendre du plaisir et donner du bonheur aux gens. C'est magique et un sentiment incroyable de plénitude. On prendra réellement conscience à la fin de la saison. Nous n'avons pas le temps pour prendre du recul. La Réunion, un nouveau 16ème de finale, ca marquera à jamais notre vie. On se préparera comme il faut contre Dijon. Personnellement, je ressens le besoin de partager et d'entrer dans une bulle le jour du match. Là, je coupe tout, à commencer par le portable".
A quelques jours de l'évènement, l'US Concarneau forge son identité sur un esprit fédérateur et local d'une équipe de copains. Florian Le Joncour et Maël Illien se sont parfaitement intégrés à cet esprit-maison. Les deux ex-Guingampais donneront tout avec l'ensemble du groupe pour entrer dans l'histoire du club et être la première équipe Concarnoise, à jouer un 8ème finale de la coupe de France. En avant Concarneau!
Christophe Marchand