A sa cinquième année en National, l'US Concarneau en a acquis une légitimité, une tenue de rang dans la durée et une équipe maintenant reconnue dans sa division. Pourtant, paradoxalement, dans une perspective sérieuse d'établir son meilleur classement final, à l'issue de cette saison, Concarneau apparaît dans une claire expectative, par rapport à la situation délicate du moment, et observe avec crainte et espoir l'évolution de ce National, naviguant toujours entre deux eaux - à ne pas vouloir choisir - tanguant de la FFF à la LFP. Or, ce mercredi, réuni à Paris, les 18 présidents des clubs de National ont marqué une étape capitale, même cruciale, en quittant leur Amicale pour ériger une Union des Clubs du National, présidée par Gilbert Guérin, le président d'Avranches. En martelant son unique priorité, celle de passer le cap du professionnalisme pour de bon, avec la création d'une Ligue 3, à moyen terme: une troisième division en France à statut complètement professionnel. La bataille se positionne avec les instances, sur ce virage décisif, clé, même au développement de l'US Concarneau et des 17 autres clubs embarqués dans ce championnat, pour l'instant, hybride.

Légende: Jacques Piriou et Stéphane Puloch brandissent l'écharpe confectionnée spécialement pour les 110 ans de l'US Concarneau.
A ce jour anniversaire de ses 110 ans, en 1911, rue Dumont d'Urville, dans la boutique Victor Hémon, tailleur en son état, avec Julien De Malherbes, en premier président, le club usciste affiche fièrement son histoire, des coupes de Bretagne et Cornouaille remportées dans les années 20, à son mano à mano avec l'EA Guingamp pour le billet de D3 en D2 en 1976/1977 (1er ex-equo), à ses parcours de coupe de France historique dans la décenie 2010, l'US Concarneau, 440 licencié(e)s, 2 millions d'euros de budget, passe une année anniversaire bien particulière, dans le tourbillon de la Covid-19, qui fait tant de ravages et dégâts colatéraux.
" Pour une saison comme celle-ci, nous savons déjà que nous finirons dans une situation déficitaire. C'est une certitude, nous pouvons l'atténuer avec un retour du public, en cette fin de saison. Même si nous n'en avons aucune information officielle. Si tel est le cas, vu notre classement et la façon dont on joue actuellement, et l'attente très forte, on peut ramener 2.500 à 3.000 personnes à Guy-Piriou. Nous sommes en alerte orange, avec 15% en moins de sponsoring, une perte sèche estimée entre 20.000 à 30.000 € par match à domicile. On rajoute les 250.000 € budgetés en entrée, par le contrat Mediapro, à raison de quatre annuités du même montant. Le tribut est lourd mais on n'est pas mort! Le président Noël Le Graët nous a accordés à tous les 18 clubs du National, un versement de 100.000 € et se bat pour une rallonge supplémentaire de 50.000 € par club du National. On est en alerte orange, comme les 17 autres clubs de notre niveau. Notre gros problème est d'être assis entre deux chaises, entre ce statut professionnel ( 5 clubs du National ont ce fameux statut: Le Mans, Red Star 93, Orléans, Bourg en Bresse, Quevilly Rouen) et statut amateur avec contrat fédéraux pour les joueurs. La logique de passer à une Ligue 3 est d'amener une transparence et un mode de fonctionnement égal à tous", analyse Jacques Piriou, le président de la SAS.
Dans ce balancier entre une ligue professionnelle, qui avait refusé d'élargir l'assiette des clubs professionnels, et une fédération qui pousse à cette Ligue 3, l'US Concarneau penche pour la deuxième voie, qui fait l'unanimité aussi chez les autres clubs du National. " Pour la pérénisation de ce championnat, il y'a moyen de faire des choses extraordinaires. Le National est une très belle vitrine. Je suis certain que Concarneau s'épanouirait avec cette fameuse Ligue 3. C'est un travail de longue haleine, mais que nous devons porter en commun. Le contexte peut nous aider à franchir cette marche capitale. Il y'a tellement de disparités de fonctionnement, en ce moment, dans notre championnat, que ce n'est plus tenable. La création de la Ligue 3 doit se faire dans les deux à trois ans. Plus qu'une question de survie pour l'US Concarneau, c'est avant tout un positionnement et une question stratégiques pour le National"
Amortissant ce déreglement budgétaire par un allègement des charges, l'US Cocarneau garde le lien social avec ses licencié(e)s, ses 70 bénévoles et ce public qui manque terriblement à l'équipe première. " Je suis sûr qu'avec l'appui du public, on aurait gagner un ou deux matchs de plus à domicile", reprend Jacques Piriou. A ses côtés, Stéphane Puloch, le président de la partie amateure, mesure le bonheur apporté à l'ensemble du club par ce parcours de l'équipe première, 5ème dans le National au bout de 24 jours.
" Dans cette grisaille, l'équipe première apporte du bonheur. Le fait de voir l'équipe à ce niveau-là, fédère à l'intérieur du club. Stéphane Le Mignan a amené l'équipe à ce bon niveau. On ne peut que s'en réjouir. Il y'a aussi derrière une très grosse frustration, de ne pas venir aux matchs. L'attente est énorme, si c'est ouvert au public, il y'aura un énorme engouement derrière l'équipe. On atteindra à coup sûr les 2.500 personnes au match. Pour les bénévoles du club, on essaie de les faire tourner au mieux sur nos matchs à domicile, pour maintenir le lien. On fait quelques entraînements encore, sur les autres équipes du club, on bricole comme on peut".
A une vraie croisée des chemins, ce gros orage de ces deux dernières saisons, avec des exercices à contexte extraordinaire, renforce l'US Concarneau dans sa capacité à bien faire dans le National. Comme aime à le rappeler Jacques Piriou " En 110 ans, le club n'a jamais changé de nom, ni déposé le bilan. Mon objectif, plus qu'une montée ou non, est d'aller au-delà de ses 110 ans, pour péreniser encore plus notre club"