Guillaume Jannez et Thibault Sinquin, les deux derniers Mohicans
C'est comme s'ils avaient été mis enfant dans une même classe d'une école maternelle, et 15 ans plus tard, ils s'étaient toujours suivis, au collège, lycée et à l'université, Guillaume Jannez et Thibault Sinquin sont les deux derniers Mohicans de l'US Concarneau. Ayant charbonné dans les bas-fonds du CFA 2 ( à l'époque) pour s'extraire en dernier étage de la fusée, à cette montée fabuleuse en ligue 2, ces deux joueurs symbolisent, personnifient l'US Concarneau, dans son passé amateur dont le bouchon a été tellement poussé qu'il a explosé vers le niveau professionnel, avec cette entrée dans le cercle fermé des 38 meilleurs clubs de France. C'est une magnifique histoire qui récompense aussi tout leur travail, leur volonté de progresser avec l'US Concarneau. A regarder les effectifs de Ligue 1 et Ligue 2, est-ce qu'il y'a des même exemples de joueurs qui ont fait respectivement 17 ans et 15 ans dans un même club? Pour qu'un club soit aimé par ses supporters, il a besoin que les gens se rattachent à ce type de joueurs locaux, qui ont gravi les marches une à une, qui imposent le respect et force l'admiration. Donnant aussi du courage à tout le monde parce qu'à travers eux, on ressent aussi une fierté d'apercevoir que des joueurs issus du Sud-Finistère, comme Guillaume Jannez avec l'AS Baye, Thibaut Sinquin avec le FC Rosporden ou Maxime Etuin avec le Quimper Penhars FC, puissent atteindre un très haut-niveau dans leur sport, en Sud-Finistère. Ce jeudi matin, ils se sont retrouvés pour une nouvelle rentrée des "classes", la 16ème en commun, et parlent de cette entrée dans un univers inconnu, la Ligue 2 qui cristallise maintenant leurs pensées sportives.
Légende: Tout sourire pour la reprise de l'entraînement, 2023/2024, Guillaume Jannez et Thibault Sinquin parlent des perspectives de cet ancrage en Ligue 2.
" C'est une reprise comme une autre, elle est classique. Il n'y a pas grand chose qui change. On est content de revoir le staff, les coéquipiers, les copains. On est loin du début du championnat", confie Guillaume Jannez. A ses côtés, pour la 15ème saison ensemble, Thibault Sinquin insiste sur le départ, ces premières poussées après les startings-blocks qui seront jugées cruciales, pour prendre le pouls de suite de ce nouveau championnat.
" Il va falloir parce que dans un mois, on y est. Le 5 août, on va rentrer dans un nouveau championnat. Par rapport aux autres saisons, nous n'avions pas non plus beaucoup arrêté à l'intersaison. On a eu des émotions très, très fortes, sur la fin du mois de Mai. Maintenant, on a respecté un programme de reprise. Il fallait bosser pour revenir en forme, parce que nous n'avons que cinq semaines et demi, pour être prêt pour le coup d'envoi de la ligue 2. Ca sera un championnat compliqué avec le fait de ne pas jouer chez nous. Maintenant, notre départ sera une clé importante, car il faudra aller faire des résultats plus que positifs, parce que ce championnat sera long. On ne connait pas ça, avec les trêves internationales"
Avec un menu copieux au départ, la Ligue 2 amène Concarneau, dans ce nouveau monde, poussé dans les plus hautes sphères, espérant trouver un parachute au plus vite pour amortir au mieux ce fossé promis entre le National et la Ligue 2.
" On réalisera quand le calendrier va tomber. Quand on va aller à Saint-Etienne, quand on va aller à Bordeaux.... Pour l'instant, on est dans la préparation. Déjà nos matchs amicaux en préparation, ça vaut tous les discours. C'est relevé, on jouera le Stade Rennais, le FC Lorient, le Stade Brestois, nous avons connu ça, mais on reprenait normalement contre leur B. Aujourd'hui, en quelques années, on affronte maintenant leur A, on en est là. On rentre dans un nouveau monde, dans le monde professionnel. Il faut prendre ça avec le sourire, on ne va pas stresser pour quelque chose qui est très positif. On a travaillé pour en arriver là, comme disait Thibault, cet été, on n'a pas beaucoup coupé. On revient le plus affûté possible, même s'il y'a toujours un ou deux kilos en trop. On a vécu de belles émotions l'an dernier, il faut se projeter pour se dire qu'on va en revivre d'aussi belles cette année"
Ce qui est bien avec Guillaume Jannez et Thibault Sinquin, est qu'ils ramènent à des discours non-formatés et les racines du départ, avec toujours une pensée pour les joueurs qui ont démarré cette aventure incroyable à leurs côtés. Guillaume Jannez l'avait fait spontanément, à Orléans, à chaud du dernier match. Sans se concerter, Thibault Sinquin emboîte ce même chemin.
" On a commencé l'aventure avec d'autres garçons, qu'il ne faut pas oublier, à une échelle moindre. Ces mecs-là font parti de l'aventure, même s'ils ne sont plus avec nous sur le terrain. On les voit toujours d'ailleurs. Les Drouglazet, les Toupin, les Gégousse... on ne peut les citer tous. On a une grosse pensée, ce matin, pour ces mecs-là, on sait qu'ils nous suivent, qu'ils sont amoureux du club. Aujourd'hui, ils sont fiers de ce qu'on fait. Quand on est sur le terrain, on représente bien sûr les valeurs du club, mais aussi tous les copains, les supporters, les bénévoles".
Symbole de ce club, ils ont été certainement les deux premiers joueurs que le président Jacques Piriou et son bureau ont voulu rencontrer pour entrevoir à la mi-saison, la projection sur la prochaine en 2023/2024.
" Pour mon contrat 2023/2024, j'avais eu des garanties avec le club en janvier 2023. Les dirigeants m'avaient dit peu importe le projet, j'en ferai parti en National ou en Ligue 2. C'était sûr, c'était clair, après il fallait juste se mettre d'accord autour d'une table avec le président. Ca s'est fait très rapidement et en bonne intelligence. On est content d'y arriver. Pour moi, ce n'était pas une fin en soi d'être professionnel dans ma vie. je suis très content que ça m'arrive", avertit Guillaume Jannez.
" Ca s'est exactement comme Guillaume. Ce contrat professionnel, ce n'était pas une fin en soi. Cette première année, elle ne doit pas être celle de l'ascenseur avec un retour en National, il faut jouer pleinement notre chance. On peut avoir que des bonnes surprises sur cette saison. Mais comme je l'ai dit, il faudra bien commencer le championnat. Après sur le plan personnel, il y'a encore cinq ans, on alternait entre le travail, la journée, plus les entraînements le soir et les matchs, le week-end. C'est top, ce qui nous arrive, c'est top. Maintenant, on a travaillé pour, on a fait ce qu'il fallait pour passer les étapes. Ce n'est pas un aboutissement, il faut aller chercher. Comme on a toujours fait", relance Thibault Sinquin.
Intégrant le cercle fermé des joueurs sous statut LFP, Guillaume Jannez et Thibault Sinquin embarquent dans ce TGV hexagonal, faisant étape en gare de Geoffroy Guichard, de Bonal, de la Mat Mut Arena ( A Bordeaux, pas évident à trouver par rapport au mythique Parc Lescure ou Chaban-Delmas).
" Le rapport au football ne va pas évoluer. Le National, c'est pour moi, une troisième division professionnelle. Le National est une ligue pro, aujourd'hui. Les mecs, ils ne font que ça du football. Avec les six descentes, le niveau du National était plus qu'élevé la saison dernière. On voit que des clubs qui descendent de Ligue 2 sont dans le dur, quand ils viennent jouer dans le National. Ca ne changera pas grand chose, mais forcément, dans les équipes, il y'a des Bordeaux, Saint-Etienne. Ca descend de Ligue 1, comme Angers. Ce n'est pas le même championnat, pas les mêmes moyens, non plus en face. Ce n'est pas ça qui va nous arrêter", notifie Thibault Sinquin.
Ayant fait le grand écart du FC Quimperlé en DSR, avec son frère, Fabien, à cette nouvelle saison en Ligue 2, le capitaine thonier aura un aperçu, un avant-goût avec les matchs de préparation, qui permettront à Concarneau d'entrer dans le vif du sujet de suite, sans perdre de temps.
" On rentre clairement dans l'inconnu. Je suis arrivé de DSR du FC Quimperlé, ma première année ici, en CFA 2, je trouvais déjà que le niveau physique augmentait de folie. CFA2/CFA pareil, CFA/National, pareil. On s'attend à un autre niveau d'intensité, physique. Dès qu'il va y avoir une perte de balle dans notre camp, ça peut de suite être payé cash. Quand tu es en National ou en CFA, la moindre erreur est payée directe. On sera d'autant plus vigilent sur les premiers matchs. C'est bien de faire nos matchs de préparation contre des grosses équipes, ça nous mettra de suite dedans, on sera de suite dans le dur. Il y'aura des joueurs qui arriveront dans notre groupe, peut-être plus expérimentés, avec une connaissance de ce niveau. On prend cette nouvelle saison, avec beaucoup de plaisir. On est dans l'inconnu, mais on va arriver là, avec cette notion de plaisir qui va nous animer", conclut Guillaume Jannez.