Antoine Ruis, rencontre avec un joueur devenu un acharné du but
90 minutes de championnat, déjà installé à la première place des buteurs, en compagnie de son coéquipier, Alan Kerdreux, Antoine Ruis a donné de suite l'impulsion et le ton sur ce retour gagnant crozonnais, en D1, ce dimanche. Victorieux 6-1 du Quimper Italia B, Crozon a passé sa première, et voudra confirmer à Gourlizon Sports, pour son deuxième match de la saison en D1, poule D. Dans son dernier chaînon offensif, l'US Crozon Morgat présente un joueur au calibre supérieur, Antoine Ruis, 27 ans, auteur de près de 30 buts en championnat par saison, depuis son arrivée en Presqu'île à ses 25 ans. Ayant grandi en région parisienne, où il avoue même n'avoir jamais été un buteur auparavant, il l'est devenu à Crozon. Pour rien au monde, il ne retournerait sur Paris, son épanouissement sur le terrain est aussi lié à celui personnel. Il est en symbiose avec le territoire de la presqu'île de Crozon et avec ses partenaires. Il sait les guider, leur donner confiance, et il leur renvoie cette confiance, en marquant presque à chaque match. L'image qui restera de ce premier mois de saison est de le voir courir rechercher le ballon derrière les filets, alors qu'il ne restait que deux minutes à jouer, et que le score était d'1-6 pour son équipe face à Quéménéven, en coupe de ... solidarité. Du jamais vu en match amical de pré-saison, ça en disait long sur sa joie d'être sur les terrains, et d'être face à son miroir de vérité le dimanche, le but, avec une ligne directrice fixe, son gouvernail, faire trembler les filets.
Légende: Arrivé à 25 ans à Crozon, il a en deux ans, complètement métamorphosé cette jeune équipe de l'US Crozon Morgat, revenu en D1, en cette saison 2024/2025.
" Crozon, c'est d'abord un choix de vie. J'avais de la famille dans le secteur. La mer, le paysage, c'est un coin magnifique, le cadre de vie y est parfait. C'est toujours plus sympa de courir derrière une falaise, plutôt que dans la ville, avec des immeubles et des voitures. Je suis originaire de Rueil Malmaison dans le 92", explique Antoine Ruis.
Rattrapant le temps passé, il est devenu un joueur complètement différent, en Bretagne. Toujours en mouvement et donnant une élasticité au jeu de son équipe, par ses appels de rupture, il n'en devient que plus dangereux quand il fait parler sa vitesse et puissance. Les deux combinés font des gros dégâts en district, et en plus il rajoute souvent l'adresse dans la surface. Son profil n'a pas d'équivalent, il donne le ton d'une équipe qui joue, qui ferme jamais le jeu.
" Quand j'étais à région parisienne, je jouais à Rueil Malmaison, mais en équipe 2 (D2). L'équipe 1 était en R3, mais je ne prenais pas le football au sérieux. J'étais plus à jouer avec mes potes qu'à prendre le football au sérieux. Dès mon arrivée à Crozon, j'ai commencé à m'investir vraiment dans ce sport. Mon attitude a changé, et mon niveau de jeu a suivi. Hygiène de vie, assiduité aux entraînements, l'investissement, je suis passé de rien à tout. Je ne l'avais jamais fait avant. Prendre le ballon au fond des filets? Oui, je le fais souvent. Dès que je marque, j'ai envie de remarquer. Ca devient mécanique comme fonctionnement. J'ai faim de marquer, je continue à chaque fois. Il y'a cette notion de rattraper le temps perdu, je me dis que j'ai eu trop longtemps cette image de dilettant, que maintenant, je veux la casser et me donner à fond dans chaque rencontre"
Engagé sur le terrain, dans tout ce qu'il entreprend, il entraîne ses coéquipiers, à aller dans cette exigence et cette envie de jouer contagieuse, en le voyant accumuler les sprints et les appels. Même avec le revers des blessures, son appétit n'a pas chuté, il est maintenant devenu un obsessionnel du but, le chassant avec continuité sur les 90 minutes du match.
" Je voulais arrêter le football, j'ai eu beaucoup de blessures avec ce sport. Encore en fin de saison dernière, je rate les trois derniers mois. C'est douloureux, quand le docteur me dit le mot blessure, dans ma tête, je le prends comme arrêt du sport. Ca m'est insupportable ce mot, j'ai trop besoin de bouger, j'ai un caractère impatient. Le foot, c'est ma passion, à chaque fois, je me suis dit, j'arrête après une grosse blessure, mais la passion reprend toujours le dessus. En région parisienne, je marquais au maximun trois ou quatre buts par saison. Je n'avais endossé le numéro 9, plus ailier sur un côté. J'aime faire les appels, aller vite, je ne suis pas surpris, car je veux hausser la barre à chaque fois"
Epanoui depuis son arrivée en presqu'ile à ses 25 ans, il a donné de suite une dimension nouvelle à son équipe. Passant la barre des 25 buts en champoinnat la première année, la repassant sur l'année de l'accession, et ce en ratant les trois derniers mois de la saison, par une blessure contre Dirinon B, Antoine Ruis a retrouvé les terrains et par la même occasion, l'accès au but.
" Crozon, j'y suis fortement attaché. Le complexe est top, la pelouse est magnifique, le contexte aussi. Il y'a toujours de la bienveillance avec moi depuis que je suis arrivé au club. Mes coéquipiers sont jeunes mais très sympas. A 27 ans, je commence à avoir de l'âge. Je voulais jouer en D1, j'aimerais aussi jouer en R3 avec Crozon. Nous n'avons pas eu forcément de recrues, plus des U17 qui sont montés en senior. Le football en Bretagne, c'est beaucoup plus détente qu'en région parisienne, il y'a de la hargne sur le terrain, du contact, mais c'est moins violent, moins agressif qu'en région parisienne, où ça part en bagarre plus souvent. Mon style de jeu était ici, le fait que je sois parfaitement épanoui, à Crozon, ça rejaillit forcément le dimanche sur mon jeu"
En trouvant son lieu de vie et son club, Antoine Ruis a repris son rythme devant le but. Marquant à chaque match, pouvant même voir double comme ce match de reprise face au Quimper Italia B, il est devenu le baromètre de son équipe qui vire au vert dès qu'il alimente son compteur but.