Le 14/02/2021

SOUVENIRS & NOSTALGIE. Philippe Le Moigne, le coeur couleur blanc et noir

13 novembre 2017. Si les 3.000 spectateurs ont vécu un immense bonheur avec ce Stella Maris Douarnenez - FC Lorient, ils le doivent à l'acharnement des dirigeants de la Stella Maris, à plus d'un titre. A l'agonie financière en 2013/2014, avec un déficit budgétaire avoisinant les 30.000 € , la Stella Maris n'a pas vécu que des moments idylliques sur la dernière décennie. Cette journée du samedi 11 novembre, un clin au destin avec la pierre stellaire à l'intérieur du stade, en hommage aux disparus de la grande guerre, a fait chaud au coeur de toute une ville et de la Cornouaille réunie. Avec un homme, à saluer et remercier évidemment pour son abnégation, sa foi inaltérable de remettre la Stella Maris au sommet de la pyramide régionale, le président, Philippe Le Moigne. A 53 ans, il est revenu aux commandes de la section football de la Stella Maris, en plein ouragan. Trente ans après, il a retrouvé ce grand frisson de son premier match avec l'équipe première de la Stella Maris, saison 1983/1984, avec un match de la coupe de France face au Stade Rennais (1-3). (" Je pensais à nos gamins dans l'équipe. L'image, la boule, que j'avais eu en 1983 à la sortie du tunnel face à Rennes, ils ont du la ressentir face à Lorient"). Neuf ans plus tard, avec la génération des Paul Youinou, Claude Le Saos, Claude Dulak, les Douarnenistes rataient pour un pénalty (le mien, j'avais raté le troisième essai), un billet pour un 32ème finale de la coupe de France face à la GSI Pontivy (2-2, battu 7-8 aux pénaltys), en 1992/1993. Ce samedi 11 novembre était aussi sa victoire, avec celle des dirigeants comme Stéphane Sévellec, l'enthousiaste directeur du centre du mondial à Douarnenez, de la secrétaire si précieuse pour le club, Sylvie Le Coz, de l'entraîneur, Tanguy Niox ou du capitaine emblématique, Mickaël Bescond. A l'image du stoppeur, Antoine Trétout, debout le jour du match à 5 heures du matin, pour son travail de mise en rayon dans un supermarché, de ses 6 à 9h30, la Stella Maris de Douarnenez s'est dépouillée sur ses deux dernières semaines pour offrir une belle fête aux 3.000 spectateurs à la Sainte-Croix. Le respect qu'a eu le FC Lorient pour ce travail de l'ombre, a encore plus magnifié cette journée particulière.

Philippe Le Moigne, de joueur à président, un parcours complet en noir et blanc.

" Aujourd'hui, faire un 7ème tour de la coupe de France, c'était la cerise sur le gâteau! Recevoir le FC Lorient, un club de ligue 2, avec des joueurs de ligue 1. Nous ne pouvons rêver mieux. Nous perdons 0-4 mais nous avons réussi 0-0 sur l'ensemble de la seconde période. C'est pourquoi on s'est battu avec l'ensemble du bureau, tous les jours pendant deux semaines pour faire ce match à Douarnenez. Pour remercier le public, les joueurs, les bénévoles au club, les partenaires. On voulait faire une belle fête. Je pense que nous avons réussi. Le club ne peut que grandir avec un évènement comme ça", souligne Philippe Le Moigne.

En tribune, tout le match, Philippe Le Moigne a gardé son esprit joueur et compétiteur. Jusqu'à venir dans les vestiaires d'avant-match, faire monter en envie tous ses joueurs, avec une énergie supplémentaire transmise à sa voix et son attitude, il a vibré tout le match. " On est trop gentil! On est vraiment trop gentil". En première mi-temps, ses exclamations dans ce sens le faisait presque regretter d'avoir 20 ans en plus pour venir lui-même aider le groupe de Tanguy Niox. Le milieu de terrain défensif, compère de Claude Dulak, aurait certainement aimé cette atmosphère et le duel avec les Wadja ou Gaël Danic. " Les joueurs étaient crispés au départ. On n'était pas si mal sur les cinq premières minutes. Je pense qu'on s'est crispés à leur ouverture de score. Lorient a levé le pied, fait des changements. On tient à souligner le super esprit du FC Lorient. Mickaël Landreau, super bonhomme! Ca n'a été que du bonheur, ce samedi"

Bâtisseur dans l'âme, ce rapport de proximité est le succès de ce renouveau de la Stella Maris de Douarnenez en accord avec des principes de bon sens et cette ouverture vers les autres. Il s'ouvre sur le projet du club afin de retrouver ce fameux iceberg émergé de la pyramide régionale.  " Ca fait prendre conscience de la valeur du club car le travail qui est fait avec les éducateurs, avec les bénévoles, en amont, au niveau de l'école de football. Ca rappelle le temps où dans les années 90, on était structurés, nous étions en DH. Nous étions en-haut de la pyramide régionale. J'espère arriver à moyen terme remettre la Stella en haut de la pyramide régionale en R1. Et pourquoi pas aller en N3 même si c'est un autre monde. Déjà, essayer de monter en R1 et faire remonter nos jeunes en ligue parce que toutes nos équipes de jeunes ne sont pas en ligue. C'est le projet du club"

S'étant battus jusqu'au bout, pour faire valoir les droits de la Stella Maris de Douarnenez de jouer ce match à Xavier Trellu, les dirigeants avaient bien fait de faire des travaux de réfection du stade. A l'image de son attitude sur le terrain, Philippe Le Moigne n'a jamais lâché. Dès qu'il franchit les portes de Xavier Trellu, il porte en lui un attachement exemplaire à son club de toujours, la Stella Maris de Douarnenez. Avec le geste en plus, comme de penser à inviter en tribunes d'honneur, les dirigeants de Plomelin, les co-présidents Jean-Michel Thomas et Jean-René Guellec, qualifié aussi pour le 7ème tour de la coupe de France. " Vous viendrez et nous irons vous voir, le dimanche, même fatigué". Présent ce dimanche, à Pennanguer, dès le coup d'envoi avec Stéphane Sévellec, pour soutenir l'AS Plomelin face à Saint-Malo (0-5),  Philippe Le Moigne avait été fidèle à sa parole, malgré une nuit écourtée.

" Nous avons repris le club en 2013/2014, avec des anciens stelliste. C'est ma quatrième année de présidence. Il y'a du monde sur Douarnenez. Même quand nous avons connu nos difficultés financières, l'ensemble de la ville a soutenu le club. Les gens, il faut aller les voir, leur expliquer pourquoi nous avons besoin d'eux, les remercier pour ce qu'ils font. Si nous n'allons pas les voir, si nous n'allons pas vers eux, ces gens-là, ils ne viendront pas vers nous. Nous avons décidé d'aller vers eux. Trouver des nouveaux partenaires aussi, comme Michel Salaun, à Pont de Buis. Je suis allé le voir directement là-bas. En expliquant les choses, il nous a fait confiance sur trois ans. Intermarché Douarnenez, qui est avec nous depuis 30 ans, a mis tout en place le buffet d'après-match. Ce ne sont que des exemples mais pour moi, c'est ça le football. Il faut aller vers l'autre. Ca ne marchera que dans ce sens-là". 

Christophe Marchand

 

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