Ce samedi soir, Romain Peron, 35 ans (Ergué Boxing Club) a connu le grand frisson des grands soirs, où il fut l'attraction de minuit, heure de son combat, de son championnat de France des super welters face à Howard Cospolite, devant plus de 1.000 spectateurs, à Croas Spern. Au terme des dix rounds prenants, vaillants, éminemment courageux, Romain Peron n'a pas remporté l'adhésion complète des juges. Deux ont donné vainqueur le Guadeloupéen de Saint-Ouen, un s'est reporté sur Romain Peron. Un déséquilibre fatal au moment d'attribuer la victoire finale et la ceinture symbolique. "Ca reste du sport. Romain n'a pas à rougir. On a montré qu'à Ergué-Gabéric, petit club breton, nous pouvons rivaliser avec une des trois grosses structures de boxe en France. Le combat fut magnifique avec deux grands sportifs qui se sont livrés corps et âme. La décision n'est pas contestable, je persiste à penser qu'elle a été très indécise jusqu'au bout. Ca se joue à une ou deux reprises", remarque Ludovic Guérin, son entraîneur au Ergué Boxing Club.
Romain Peron a été proche de la ceinture de champion de France des super welters.
Après un an de sacrifice au quotidien, un sacerdoce entièrement tourné pour ce combat d'une vie, cette opportunité unique d'être champion de France, Romain Peron n'a pas gagné mais a forcé le respect et l'admiration de chaque personne présente à Ergué-Gabéric. Elle ne soulage pas de la déception d'avoir perdu, qui restera, mais elle atténue le fait d'avoir tout donné, d'avoir tout fait pour se donner une chance de saisir le moment.
Sa fille, Solène, 8 ans, a été une des premières à sauter fièrement dans les bras de son papa héros. Sa femme, Stéphanie, aussi boxeuse, a tout partagé, à l'intérieur du cocon famillial et se montrait extrêmement fière du combat de son compagnon. " Ce soir, il a vécu l'aboutissement de toutes ses heures passées dans l'ombre à s'entraîner, à se restreindre, à être focalisé sur un objectif. Le public a été magnifique avec lui, il l'a porté avec lui. C'est évidemment beaucoup d'émotion car ça représente un investissement au quotidien, une hygiène de vie à respecter, peu de sorties extérieures. Avec Solène, nous sommes très heureux et fier de Romain, ce soir".
Peu après son combat, Romain Peron avait retrouvé toute sa lucidité pour analyser ce grand moment personnel et sportif. " Je me sens bien. Je reste déçu quand même. Le combat était bien engagé entre deux mecs qui ne lâchaient pas. J'ai moins souffert que je pensais. Il m'a trouvé dur. Il a changé sa boxe quand il a vu que j'aimais aller au combat. Je reste content de ce que j'ai fait, pour le club, pour les supporters, ça a été un moment spécial. J'ai eu ma chance d'être champion de France, ça restera en moi pour toujours. Comme je travaille à côté (carreleur), je ne peux pas me projeter sur une nouvelle chance car le chemin est très exigeant pour y arriver. Howard Cospolite était un mec super, ça s'est vraiment bien passé"
En amont de ce grand gala de boxe, Christophe Jégou, dans l'autre combat professionnel de la soirée, a fait match nul face au boxeur géorgien, Shervashidze. Côté local, les boxeurs gabéricois, Boina Kalaïdine et Walid Lécuyer ont remporté leur combat.