Le 19/06/2021

Yoann Gourcuff: " L'équipe de France représente une fierté et un accomplissement"

A mi-chemin entre le Finistère pour ses racines familiales et le Morbihan, Yoann Gourcuff clôt cette série des Capés du Finistère. De Loulou Floch à Yoann Gourcuff, près de quatre décennies les séparent, avec toute l'évolution du football qui en découle. Freiné par les blessures, il a été celui de cette série de six portraits, qui a été très vite mis sur un piédestal, avec ce fardeau oppressant, pour un jeune de 22 ans, de la succession en meneur de jeu de l'équipe de France de Zinédine Zidane, icône planétaire (1996-2006, sa période bleue). A l'image de Jean-Marc Ferreri, Gérald Passi ou Philippe Vercruysse, qui se sont brûlés les ailes à la suite de Michel Platini, Yoann Gourcuff aura connu les très hauts mais aussi les très bas, avec ces longs mois d'arrêt hors des terrains. Il restera pour toujours ses éclairs de génie, comme son but magnifique face au Paris Saint-Germain, au Parc Lescure avec les Girondins de Bordeaux (4-0) ou celui retentissant en Roumanie, avec l'équipe de France (2-2, éliminatoires coupe du monde 2010), il a accepté de revenir sur son parcours, du début au FC Lorient à son attachement final au Finistère.

Légende: De 2008 à 2013, Yoann Gourcuff aura comptabilisé 31 sélections en équipe de France pour quatre buts. Crédit photo: S. Plaine, Wikipédia.

Après un départ au FC Lorient, son premier club, jusqu'à ses 16 ans, Yoann Gourcuff a suivi les traces de son père, Christian, en rejoignant le Stade Rennais FC, exactement la même année, en 2001/2002. " Il n'y avait pas photo entre les deux centres de formations. Dans les moyens, les structures, le Stade Rennais était très au-dessus du FC Lorient. Durant toute ma pré-formation au FC Lorient, je ne pensais pas du tout passer professionnel. Quand j'étais petit, Lorient jouait en National ou D2, c'était incroyable pour moi, d'aller aux matchs. Ca allait trop vite. Je croyais que c'était trop difficile d'atteindre ce niveau. Même à Ploufragan, de mes 14 à 16 ans, je ne pensais pas passer professionnel. Tout s'accélère à mes 16 ans. Ca prend forme à mon arrivée, à Rennes. J'évolue, je progresse vite avec deux entraînements par jour. L'investissement paie car je suis vite appelé en équipe de France jeunes. Nous remportons aussi la coupe Gambardella face au RC Strasbourg (4-1, buteur)", explique Yoann Gourcuff.

Après une quatrième place du Stade Rennais, en 2005/2006, Yoann Gourcuff s'envole pour l'Italie, au Milan AC, à mes 20 ans. " Nous avions une très belle équipe à Rennes, sous Laszlo Boloni, avec les Monterrubio, Kallström, Utaka, Maoulida, Briand, Etienne Didot. Le Milan AC symbolisait la meilleure équipe d'Europe, à mes yeux. Ca marquait une énorme progression, toucher à l'intérieur le football de haut-niveau. A Milan, j'ai intégré un univers différent, au niveau qualité technique des joueurs, l'intensité aux entraînements, la récupération en dehors, l'exigence demandée. J'apprends beaucoup de choses en peu de temps. Dès que j'arrive, je me fais arrêter quelques semaines pour blessure. Mon premier match en ligue des Champions face à l'AEK Athènes est très abouti (3-0, un but)".

Avec la concurrence des Ronaldinho, Kaka, Seedorf, Pirlo, Gattuso, Yoann Gourcuff sera prêté aux Girondins Bordeaux à l'été 2008, pour la saison révélatrice de sa carrière avec Laurent Blanc. " Bordeaux a été une superbe expérience. Je venais de passer, au Milan AC, deux ans avec les meilleurs joueurs d'Europe et du monde. Même si je ne jouais pas régulièrement, je m'entraînais au quotidien, avec eux. Je quittais la meilleure équipe d'Europe, vainqueur sur Liverpool de la champions League, à Athènes (2-1, 2006/2007).  Bordeaux a été le club où je me suis affirmé. Je joue dans une superbe équipe. C'était très collectif, l'intelligence dans le jeu. Il n'y avait pas de stars, une équipe très bien huilée. On avait aussi un bon banc, avec des joueurs comme Jussié, Henrique ou Cavenaghi. On était dur à battre car nous avions plein d'automatismes dans cette équipe".

Ces excellentes performances à Bordeaux lui ouvrent naturellement les portes de la grande équipe de France. Le départ semble idyllique avec une prestation restée dans les mémoires en Roumanie avec un but des 25 mètres ( façon Zidane, pour sa première sélection face à la République Tchèque) ou un excellent match face à la Serbie dans la continuité (2-0), avant le fiasco collectif de la coupe du monde en 2010, en Afrique du Sud. " L'équipe de France représentait la fierté et l'accomplissement d'une carrière professionnelle. C'était dans la continuité de Bordeaux. L'atmosphère et le contexte en équipe de France ont été défavorables sur cette période, mais ce fut incroyable et enrichissant d'être associé à cette équipe, d'en faire parti. J'ai évolué avec des très grands joueurs".

Après son passage dans la durée à l'Olympique Lyonnais ou un retour au Stade Rennais, Yoann Gourcuff ne retrouvera plus la plénitude de ces années Bordelaises, où il a pu exprimer tout son potentiel sans être sujet aux blessures récurrentes. Son rapport avec le Finistère, Yoann Gourcuff en parle volontiers, ayant même choisi volontairement le numéro 29, à son arrivée à Lyon, en référence au Finistère.

" Je me situe entre le Morbihan et le Finistère pour mes racines. Je manque de temps pour aller plus visiter le Finistère. J'aimerai m'y rendre plus souvent. Récemment, je suis allé voir la maison de ma grand-mère, à Tréboul. Ma tante habite toujours le Pays Bigouden, à Pont l'Abbé. Mon père a grandi à Douarnenez/Tréboul. Quand je repense à l'enfance, le football représentait mes rêves, j'en avais plein la tête grâce à ce sport. En grandissant, on se rend compte du décalage en évoluant. La passion a été plus grande pour le football quand j'étais enfant ou adolescent. Après, adulte, tout devient différent. On se rend compte de plein d'autres choses qui viennent polluer cette passion du départ. Il y'a le contexte, l'environnement, plein de paramètres qui nous éloignent beaucoup trop du jeu, et de ce plaisir de jouer pour jouer. Revenir dans le football? Je ne ferme pas la porte, mais je profite aussi du temps que je n'ai pas forcément eu dans ma carrière, où un match chasse l'autre. On est toujours dans une immédiateté. Maintenant, je m'occupe de mes enfants, de ma famille, je jardine aussi. Je suis aussi licencié au club de tennis, de Larmor/Plage. J'apprends des nouvelles choses. Je n'ai jamais oublié la base, en conservant des solides amitiés, avec les amis d'enfance, notamment avec notre bande des quatre", conclut Yoann Gourcuff.

Sponsorisé par le groupe Trécobat, constructeur de maisons individuelles, dernier volet de cette série des Capés du Finistère, avec Yoann Gourcuff (6/6).

En plein dans l'actualité de l'Euro 2021, les épisodes précédentes de cette série Les Capés du Finistère ( + 10 sélections):

1- Loulou Floch (1970-1973), le voltigeur léonard
2- Yvon Le Roux (1983-1989): " L'équipe de France a toujours été une période heureuse"
3- Paul Le Guen (1993-1995): " J'ai été un international de passage"
4- Corentin Martins (1993-1996): " L'équipe de France a signifié beaucoup, à commencer par être dans les 23 meilleurs français"
5- Stéphane Guivarc'h (1997-1999: " Ma force? Mon caractère parce que rien n'a été simple"

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