Avec huit titulaires sur le flanc, avant le déplacement à Gourin, le CS Quéven (R3, poule N) n'en menait pas large. Râtissant le ban et l'arrière-ban, jusqu'à faire appel à trois jeunes de 17 ans pour compléter l'effectif, Quéven a fait le plein de confiance en allant chercher un succès inattendu au stade du Nouec (2-3). Efficace, sur leur situations, marquant ( chose rare) trois buts en dehors de la surface, les Quévenois ont réalisé le coup parfait, les ramenant à un point du leader, l'OC Riantec, avec 24 points, sur la mise à jour du calendrier. Jouant la montée en R2, avec un effectif diminué jusqu'à la fin de la saison, Quéven en lâchera rien dans cette poule N de R3. Le club formateur de Nicolas Ouédec, ex-international bleu dans les années 90, a un tempérament joueur, agréable à l'oeil, et va chercher ses résultats en proposant quelque chose de construit et travaillé. Dirigé par Anthony Ludéna, un ancien montagnard, l'abnégation fait parti des atouts de ce club, qui a tout pour évoluer au cran supérieur sportivement en senior. La victoire à Gourin, malgré les aléas de départ, illustre une autre capacité, celle d'endormir son adversaire par un jeu soigné et de qualité.
Légende: Loudement défait contre Riantec (1-5), Quéven s'offre une victoire bonus, dans un contexte particulier, au Gourin FC.
" Notre victoire à Gourin, c'est le coup parfait pour nous. On partait de très loin, dans ce match. On restait sur une grosse frustration contre Riantec, nous ne méritions pas de perdre. On prend 1-5 alors que franchement, s'il y'a une équipe qui devait gagner, c'était nous. Nous n'avons pas été bon dans les zones de vérité. En plus, on perd trois joueurs sur blessure, sur le match de Riantec. A Gourin, il nous manquait 8 titulaires en A et 7 joueurs de l'équipe B. Avec le Covid, nous avons eu du mal à faire une équipe, ce dimanche. On savait qu'on partait pour un dimanche difficile, face à une équipe de Gourin, qui joue la tête de notre championnat", affirme Tony Ludéna, l'entraîneur de l'équipe senior.
Très affaibli suite au match face à l'OC Riantec, Quéven a fait front, tout le match, face à un gros calibre de son championnat, le Gourin FC. Revenant deux fois à la marque, montrant du caractère, ne pliant pas à 10 contre 11, Quéven a compté sur un ensemble coordonné, avec un axe central, Moubi Moubinhou (impressionnant), Steven Akhdar et le capitaine, Mouctar Sylla, qui tient sacrément la route pour de la R3.
" Notre ambition est de jouer les premiers rôles. On monte, on ne monte pas, mais d'être dans les premiers du championnat. Notre équipe réserve est en première division ( 5ème, D1A). Il nous manquait du monde, aujourd'hui ( Clément Le Bars, Yann Micholet, notre attaquant, rupture du tendon d'achile, Jean Huet Pailhes...). A Gourin, il nous manquait 8 titulaires, et sur ces 8, 4 étaient Covid, et quatre autres que nous ne récupérons pas jusqu'à la fin de la saison. Ce n'est pas que ce match de Gourin, qui était compliqué, le reste de notre saison le sera aussi. Effectivement, repartir avec la victoire de Gourin (2-3), ça fait du bien à tout le monde. Ils sont récompensés de leur esprit commando, avec des joueurs moindres forcément, techniquement dans le jeu, mais ils ont compensé par une solidarité, une abnégation"
Piégeant Gourin, les amenant dans un faux-rythme voulu, Quéven a réussi à avoir ces temps de conservation qu'il leur a fait tenir la charge des 90 minutes. Gagnant 2-3, dans un virage important de ce championnat, Quéven peut croire à son étoile en fin de championnat, même si la route est encore longue jusqu'à la ligne d'arrivée.
" Au départ, on est venu à Gourin, pour faire un coup. Sans dénigrer nos joueurs, car pour la plupart, ils ont déjà joué en R3, on voulait les faire douter au maximum. Au bout de 15 secondes, notre plan tombe à l'eau, toute la causerie d'avant-match est achevée sur cette première minute. En même temps, nous avons des joueurs qui sentent le football. On leur demande d'être attentif défensivement, car ils sont souvent aspirés par l'avant. Il nous manque de la puissance et de la vitesse vers l'avant. C'est dur pour nous de contrer l'adversaire, par ces manques actuelles. Nous n'avons pu ces possibilités-là aujourd'hui dans notre jeu. Gourin ne nous a pas facilité la chose, mais on était bien en place. Ils nous ont surpris d'entrée, menant 1-0 très vite, mais notre chance est qu'ils n'ont pas appuyé du tout. Ils ne sont pas venus nous chercher, ils ne nous harcelaient pas, ils ne sont jamais venus au pressing pour gratter des ballons. Ils nous ont laissé le temps de nous remettre de ce but encaissé, de jouer, de commencer à mettre en place des enchaînements. On a pris confiance et nous y avons crû. J'étais étonné, on n'a jamais été pris à la gorge. J'ai des joueurs qui ont fini fatigué, à la fin, parce qu'on était 10, mais on n'a pas senti des décalages faits. Comme notre adversaire ne se donnait pas la possibilité de faire plus, il fallait juste y croire et attendre le bon moment de notre côté"
Après des années en gestation, la formation des CS Quéven commence à porter leurs fruits, avec une nouvelle génération émergeante et de talent. L'avenir semble assuré, pour une équipe qui va gagner en solidité et en maîtrise sur les années à venir. Hormis deux matchs, contre Bannalec (0-4) ou Riantec ( leur bête noire, 3-0, 1-5), le CS Quéven a toujours marqué au moins un but dans ses matchs, signe d'une équipe tournée vers l'offensive, peut-être trop parfois, mais ce groupe possède quelque chose pour aller au bout, cette saison ou à moyen terme.
" Nous n'avons pas eu peur. C'était important d'y croire, on y a crû. Malgré le carton rouge, ça a tourné pour nous. Nous avons fait l'unisson sur ce match, car dans la tête des gars, tout le club était avec eux pour les accompagner, le coach de la B est venu. C'était jeune chez nous. Nous avions 3 éléments de 17 ans, avec nous, le premier buteur, Logann Brener est un U17, Maxence Arnoult, Mathéo Le Créour. On commence à Quéven, à récupérer la formation, on commence à peine de récupérer des jeunes de notre formation. Ca devient intéressant, j'ai aujourd'hui 5/6 jeunes de 17/18 ans, formés au club, qui peuvent prétendre jouer en R3. Dans notre cas, on va faire au jour le jour. L'avantage dans notre situation est notre B est bien installé dans son championnat. Au niveau effectif, ça va être dur, mais ce succès inattendu à Gourin met de la joie dans tout le club. Ca va nous faire du bien", reconnaît Anthony Ludena.
