Le capitaine incarne souvent le caractère d'une équipe. Outre le fait d'être un relais priviligié de son entraîneur, il dégage aussi l'âme d'une équipe, la visualisation de son essence, qu'est ce qu'elle est vraiment? Comment réagit-elle lorsque elle rencontre une adversité? Quelles sont ses relais privilégiés? Qui est recherché sur les relances longues? En cela, le match du 7ème tour contre Sablé FC a été extrêmement intéressant, non pas dans la manière qui a laissé clairement sur leur faim les 2.000 spectateurs du stade Guy de Réals, entre deux équipes restées finalment sur la réserve. Or, dans l'attitude, dans sa préparation de l'entonnoir axial, dans sa manière de gicler en contre-attaque, Plouvorn a montré une réelle aptitude à jouer sur plusieurs schémas. Se laisser volontairement dominer, pour mettre les gaz, en transitions offensives, avec Matthieu Le Han et Romain Le Traon, Plouvorn a été dans ce registre. Son capitaine et avant-centre, le Lesnevien, Lucas Le Lann, 30 ans, n'a pas eu une partie facile. Se sacrifiant pour le collectif, à l'instar des ses partenaires, pris dans l'étau de la solide charnière adverse, Moussa Doumbia et Mohamed Camara, à défaut d'avoir été dans son rôle défini de finisseur, il s'est illustré plus en premier défenseur de son équipe, ce dimanche, au pressing, dans l'harcèlement de la première relance, jusqu'aux déviations de la tête pour exploiter la vitesse principalement de Romain Le Traon. C'est toute cette abnégation léonarde, à ne pas reculer, à ne pas céder de parcelles d'expression dans leur surface, aux Sarthois, qui a rejailli de cette confrontation. Non, Plouvorn n'a pas été dans leur registre attendu, ce dimanche, mais il est le signe d'une adaptation à plusieurs scénarri possibles, qui fait de cette formation, une vraie belle découverte, et une compréhension de sa quasi-invincibilité sur un an (0-0, 5-4 TAB).
Légende: A l'image de tous ses partenaires, ce dimanche, Lucas Le Lann s'est battu sur tous les ballons, pour accrocher cette équipe de Sablé Fc (N3), jusqu'au bout des 90 minutes, sur ce 7ème tour de la coupe de France.
" On a eu ce qu'on voulait: la qualif'. Nous aurions voulu jouer plus au ballon, les défier plus là-dessus. Maintenant, notre premier projet était de ne pas laisser jouer, qu'il n'ait pas d'occasions. Ils ont manqué de tranchant dans les vingt derniers mètres. Plus le temps passait, plus nous avons crû en nous. Nous avons mieux fini que nous avions commencé, nous sommes allés aux pénaltys. Ca passe pour nous. Tant mieux", admet Lucas Le Lann.
L'ancien avant-centre du Gouesnou FC, n'a pas eu de situations en 90 minutes, mais il a été précieux dans son attitude, tel un demi-centre au handball, tentant de gratter des ballons, d'inspirer la crainte aussi dans l'axe central. Est-ce un hasard si le numéro 7 adverse, Moussa Simaga a tellement dézonné pour se coller à sa défense centrale dans tous les lancements collectifs en première mi-temps? La crainte de ce premier pressing haut local installé par Lucas Le Lann, toujours en mouvement sur les phases défensives.
" On s'était dit avant le match que ce 0-0 nous convenait bien. Plus le match passera, plus ils s'énerveront, ou de toute façon, le public allait nous pousser encore plus. Ils ont essayé de mettre des ballons devant plus en 2ème, de changer leur manière de jouer. Notre défense a très costaude, aujourd'hui, c'est ce qui nous permet de passer à ce 8ème tour", relance le capitaine plouvornéen.
Meilleure attaque de toute la ligue de Bretagne, avec 79 buts marqués en championnat, en R2, poule B, la saison passé ( plus de 3,5 buts par match), l'AG Plouvorn n'a pas connu son rendement offensif, bloqué par une équipe de Sablé, extrêmement solide dans ses lignes.
" Depuis Fougères, en coupe, l'an dernier ( 6ème tour, 0-2), nous avions toujours marqué sur notre pelouse. J'ai même vu des joueurs et moi-même frustrés à la fin du match parce que nous n'avons pas assez joué au foot. Dans ce match, le plaisir n'est que la victoire. A 0-0, à l'heure de jeu, on ne pouvait pas se livrer. Sur le terrain, j'ai pris moins de plaisir que d'habitude, parce que nous avons produit moins de jeu mais sur des matchs comme celui-là, il fallait se battre"
Avec la prise en main de Benjamin Le Reste, sur cette formation, la relégation de R1 en R2 a été vite digérée, une étape nécessaire pour imprimer un style moderne à cette formation plouvornéenne. Du jeu combiné, l'exploitation de la vitesse sur les côtés, une maîtrise collective avec de vrais manieurs de ballon comme Argan Hillarion ( grand absent du match contre Sablé), Plouvorn agit comme une déferlante sur ses adversaires, avec Lucas Le Lann, à la pointe de cette attaque.
" C'est ma quatrième licence à Plouvorn. Je m'étais blessé la première saison. Avec le Covid, c'est ma vraie deuxième saison à Plouvorn. Depuis tout petit, j'ai toujours joué devant. J'ai toujours aimé marquer. J'ai déjà été à Plounevez Lanhouarneau, Plouvorn, c'est ambiance léonarde que j'aime bien. Il y'a le foot, en plus. Toutes les conditions sont réunies pour que nous prenions du plaisir à jouer au football. Il y'a des joueurs qui aiment jouer au foot dans l'équipe".
Enfin, Plouvorn et la coupe de France, ça reste un lien indéfectible. Atteignant déjà à quatre reprises ce 8ème tour, sans basculer en 32ème finale, l'AG PLouvorn (R1) aura une nouvelle chance d'y parvenir face à Vannes OC (N2), le 20 novembre. Même si la marche apparaît très haute face aux Vannetais, qui avait marché sur Plouzané au 5ème tour (1-7, R1, même division que Plouvorn), les Léonards joueront leur chance à fond. Sans complexe, ni retenue.
" Il y'a vraiment un esprit plouvornéen. Maxime Guillerm, le président, et Romain Floch, le co-président, son père, Alain avant était aussi président. Le message vient d'abord d'en-haut. L'ambiance générale vient souvent des présidents. Ca découle chez les jeunes. Il y'a cette ambition ancrée au club, cette envie de faire quelque chose qui reste. Les valeurs, l'ambition et une finalité, gagner. On démarre très bien notre saison en R1, ça nous permet de prendre ses matchs de coupe, très sereinement. On oublie le championnat quand nous sommes en coupe, car on a pris 7 points sur 9 possibles. On ne pensait atteindre ce total en 3 journées. En coupe, nous savons que tout est possible. Le public? Il est incroyable, ce public. Ce sont des fous furieux. Ils étaient dans le stade, à 10h, ce dimanche, pour mettre toutes les banderoles, pour installer l'ambiance. Les supporters ont été mangés ensemble à midi, et ils sont venus au match après. Même le week-end, contre Plab (B), ils étaient 150-200 personnes au stade", conclut Lucas Le Lann.