12/09/2014

So British. Dimitri Cricket

Ayant franchi le cross Channel, pour se fixer à Brentwood avec sa petite amie, l'ancienne volleyeuse Quimpéroise, Rachel Newton, Dimitri Le Cleach a ressenti un second coup de foudre, celui-là moins inhabituel pour le cricket. Capable sans lassitude de suivre devant sa télévision le Special Ashes, Angleterre - Australie, pendant 5 jours, il est devenu en un an de pratique, le premier étranger, hors nation historique, à avoir été élu capitaine d'une équipe. Joueur en troisième division anglaise, il s'est parfaitement fondu dans le paysage local, grâce en partie à sa surprenante découverte.

Le cricket, en dehors des nations historiques du Commonwealth, ne représente qu'un intêret très limité. En Angleterre, il est considéré comme le sport national avec le football. " Les Anglais divisent l'année sportive en deux: de septembre en mai, le football et de mai en août, le cricket", explique Dimitri Le Cleach. Une victoire face à l'Australie lors des Ashes est même vécue comme un boost moral pour le pays tout entier. Les Kevin Pietersen ou Andrew Flintoff sont des idoles nationales de la sélection des Lions. Les matchs ont une grande étendue temporaire, parfois cinq matchs sur cinq jours pour désigner le vainqueur final. Les postes de jeu? Celui de batteur, qui se doit en une fraction de seconde de frapper une balle lancée entre 120 et 150 km/h et celui de receveur, un rôle plus collectif, où l'équipe se doit de rattraper en l'air une balle tapée par le batteur.

Quand je passe en voiture, après le travail, il faut que je m'arrête au club pour être bien

Pour celui qui comprend les règles, ce sport peut devenir vite ennivrant. Il est assurément un des codes de la société Anglaise, qui déchiffré, amène l'ouverture du coffre-fort de cette culture, qui se vit à l'intérieur d'un clan, considérée comme une famille. " Il n'y a pas de règles au cricket. On parle de lois. Je ne peux pas expliquer ma soudaine passion pour ce sport. J'ai trouvé le parfait complément de ce que je recherchais dans le sport: un respect énorme de l'adversaire et de l'arbitre, et une plénitude intérieure. Il faut être très calme, ou le devenir pour jouer au cricket. Ca m'a apporté de la patience et du recul. Il faut savoir être tenace, car on peut taper huit heures d'affilée, sans exploser mentalement. C'est très subtil avec l'appartenance à un clan, qui est très fort".

Au club d'Herongate CC, près de Londres, il s'engage tous les week-end, en troisième division, à disputer une rencontre de mai à août. Et il a été élu capitaine de l'équipe réserve, à un niveau régional. Un synonyme d'intégration plus que réussi dans une société anglaise conservatrice sur ces fondements. " Ils me considèrent plus Anglais qu'eux, même parfois (rires). Je vis, dors et mange cricket. Quand j'ai été élu pour notre dernier match, en troisième division, homme de la rencontre, j'ai reçu la balle du match. Elle ne quitte plus la table de chevet. Rachel, ma compagne, ne comprend pas ma passion de ce sport. Elle aime bien, mais elle ne pourrait pas rester cinq jours à regarder un match, juste quelques heures. Le club, c'est le repère de vie. Quand je passe en voiture, après le travail et que je vois de la lumière, il faut que je m'arrête pour être bien. C'est une atmosphère incomparable".

Le sélectionneur Anglais en parrain

Ancien champion de Bretagne junior en cross-country, au Quimper Athlétisme, Dimitri Le Cleach ne se fixe pas de limites dans ce jeu. " Je ne quitterrais jamais mon club mais si on me propose un contrat en Australie, ou à un niveau supérieur en Angleterre, je ne dis pas non. Je vis à fond cette aventure. J'ai même démandé mon intégration au club fermé des Lords avec ses 18.000 spectateurs, à travers le monde. Il faut être coopté par trois personnes et payer une somme importante à cinq chiffres pour y rentrer. J'ai trouvé les partenaires dont le sélectionneur national Anglais, Jeff Miller. Le Lord Home Crciket est l'âme de notre sport. Assiter à un match au milieu de ses sociétaires serait mon rêve. Au musée, il y'a le trophée des Ashes. La réplique est remise, chaque année, au vainqueur d'Angleterre - Australie.  Il est infiniment petit pour un évènement planétaire".

Le cricket est le sport le plus regardé de la planète, devant le football, notamment en Inde où un milliard de personnes se passionne pour ce jeu. Le Quimpérois, Dimitri Le Cleach est entré dans la confédération des amoureux de ce jeu. A 25 ans, il a dépassé un stade d'apprentissage pour une connaissance plus approfondie et en accéléré des lois du jeu. British jusqu'au bout de la batte, avec ce tempérament têtu et obstiné qui nous caractérisent en tant que Breton. Un savant mélange qui a commencé à faire des étincelles dans un sport cloisonné et hermétique de l'extérieur, mais si intense et chaleureux de l'intérieur. 

Christophe Marchand

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