Sept ans, six accessions, l'US Quimper, 50 licenciés en senior, a le profil parfait de club champignon. Appelé ainsi en comparaison de villes à la croissance forte et rapide, telles Istambul, Lagos ou Le Caire, l'US Quimper agit intelligemment et instantanément. L'absence d'un historique marqué, comme ses proches voisins, les fait sans doute avancer plus vite car la prise de décision y est nettement plus rapide et testée directement. La grande force de cette équipe de l'US Quimper est l'anticipation à N+1. A chaque niveau supérieur, le recrutement se fait à cette période de Mars/Avril pour dégager les deux à trois profils capables de faire grandir le club. Ayant franchi le niveau district, l'intersaison avait été conclue sur l'arrivée de techniciens quimpérois connus, Lahouari El Ouariachi, Sébastien Le Naour, ou de joueurs confirmés, comme le défenseur, Adrien Le Grand, le milieu de terrain, Lorenzo Ucuncu ou l'attaquant, Sami Alkis. Là aussi où ce club fait preuve de malice, est qu'il sait saisir les opportunités immédiates, comme Kingsley Atasie, le buteur nigérian, recruté après une partie de football loisir, ou Maxi Rodrigues, l'Ivoirien de 17 ans, au profil dévastateur sur son aile droite.
Ali Reis et Haydar Serikaya, deux hommes importants du projet de l'US Quimper
Damien Guillerm a repris, avec Sébastien Le Naour, les rênes de cette équipe, après le départ de Lahouari El Ouariachi.
La trajectoire de l'US Quimper est surprenante de l'extérieur. Dès la saison 2016/2017, l'ancienne appelation des Turcs de Quimper a été changée pour donner une identité intégralement quimpéroise à leur nom. Le mental de cette équipe est aussi à souligner car les défaites face à l'US Portugaise (1-3 en D2, 2016/2017) ou Plogonnec (4-0 en D1, 2017/2018), sous l'ère Kamel Haddu, en février/Mars aurait pu entraver leur moral mais à chaque fois, ils se sont relevés plus fort.
Cette année, encore après un départ poussif, en R3, ce phénix de l'US Quimper a renait de ses cendres pour donner son meilleur au printemps (3ème en R3, à deux points du leader, Fouesnant). " Ca s'explique au fait que certains cadres ont repris très tard l'entraînement. L'équipe est clairement jeune, en terme d'âge et de vécu. Physiquement, la préparation avec Lahouari El Ouariachi a été dure et exigente. On en retire les bienfaits. Notre marge de progression est énorme. Nous sommes énormément perfectibles. Le plaisir de les entraîner est immense car ils sont demandeurs et sont bourrés de qualité.", souligne Sébastien Le Naour.
Cette équipe quimpéroise apparait clairement invincible depuis novembre. Trois mois de victoires, hormis un faux-pas à Plobannalec B, l'US Trégunc, l'Amicale Ergué-Gabéric, Fouesnant, Pont l'Abbé, les Paotred Dispount B se sont cassés les dents sur cette machine devenue redoutable. " Nous n'avons plus pris de buts depuis quatre matchs. On reste sur six victoires pour une défaite en championnat. Notre équipe réserve est également première en D2. Nous avons trouvé un équilibre dans notre jeu, qui fait que nous sommes devenus dur à jouer", analyse l'entraîneur-joueur de cette équipe, Damien Guillerm.
Capitaine de cette équipe, Adrien Le Grand, 27 ans, arrivait, cet été, avec son expérience de plusieurs années en R1. " Nous avons pris consciense de certaines choses. Nous avons mis plus de vice dans notre jeu. Nous avons su se remettre en question, moi le premier car il n'y avait pas forcément les efforts fait ensemble pour l'équipe. Notre première victoire en championnat face à Pont L'Abbé a constitué une sorte de déclic (2-0). Il faut continuer sur cette voie avec cet état d'esprit, cette mentalité et cette recherche de plaisir. On ressent une ambiance de copains dans cette équipe. La marge de progression est encore importante".
Liant très important de la montée en puissance de ce club, le président, Ali Reis, 32 ans, possède le recul pour analyser cette croissance hyper-rapide. Ces passages à niveaux n'entraîneront-ils une fragilité du club? " Non, car nous avons du football plein les jambes. Les structures sont bonnes avec les conditions d'entraînements et match à Creach Gwen. Les seules limites restent notre discipline et le fait de grandir très vite. Le sportif, on l'a. Le club aurait sa place en R2. Pour notre jeune club, ça nous surprend d'avoir été aussi vite. J'ai commencé avec Yasar Demir, en D4, à être vice-président joueur. Le club se veut ouvert à tout le monde. Au vu de l'équipe, c'est très cosmopolite. Nous nous connaissons pas nos limites. On fonctionne avec 0 € de subvention des collectivités publiques. Sportivement, notre club ne se cassera pas les dents. On est en règle avec l'arbitrage. L'école de football est développé avec Ruffin Gouedan, notre gardien, qui est président de l'école de football. Nous avons 70 enfants des U6 aux U13, avec une possible première équipe U13, l'an prochain. De nos débuts, deux joueurs sont encore présents: Ramazan Kose et Oktem Nusret".
D'ailleurs à ses côtés, le stoppeur Ramazan Kose parle de ses débuts et de l'esprit. " Le club a forcément changé depuis le départ. C'est devenu très axé sur la compétition en équipe première. Le niveau a voulu aussi cette rigueur et exigence. En B, nous avons gardé l'esprit avec une attitude plus cool et à la légère en B. Mais quand le match commence, on affiche une mentalité de victoire"