19 janvier 2015. Ce 22 novembre 2009, jour d'un 7ème tour de la coupe de France face au FC Nantes, a marqué le point de départ de la génération Nicolas Cloarec. L'US Concarneau s'était enivré d'exploit en terrassant les Canaris, déplumés 3-0, à Guy-Piriou. Remplumés de force et de conviction, les espoirs Concarnois, Ivan Seznec, Maxime Toupin, Guillaume Jannez, Christophe Gourmelon et Jérémy Drouglazet forment aujourd'hui la colonne vertébrale de l'US Concarneau. Cinq ans après, ils savourent cette aventure collective, marquée par leur passion du football et le partage de valeurs communes.
De gauche à droite: Guillaume Jannez, Ivan Seznec, Maxime Toupin, Christophe Gourmelon, Jérémy Drouglazet
Comment reconnaître un joueur-cadre dans un groupe? Celui qui efface sa prestation individuelle au profit du groupe, en privilégiant la première personne du pluriel au singulier. Et ceux qui s'inscrivent sur la durée, ont toujours un oeil attentif à l'historique de l'aventure, en garde-chiourme d'une recette maison, poutre de la réussite Concarnoise. " Aujourd'hui, la lumière est mise sur les joueurs actuels. Si nous en sommes là, on le doit tous aux anciens , comme Mathieu Viel, Marc Labat, Christophe Nicolas. Ils nous ont passé le témoin, nous sommes les garants de cet état d'esprit. Nous ne sommes pas qu'une équipe de football. Notre amitié dépasse le cadre du sport. Par exemple, avec Gaétan Arguilhé, qui a dû quitter le club pour raison professionnelle, nous sommes en contact régulièrement au téléphone", explique le latéral droit, Maxime Toupin.
Ce cercle de copains a été construit sur une génération qui portait les mêmes valeurs de football et de camaraderie. Christophe Gourmelon résume parfaitement cette symbiose totale entre des joueurs, au parcours différent, qui étaient fait pour jouer ensemble. " C'est un hasard exceptionnel! A la saison 2009/2010, nous sommes sept mutés dans l'effectif. Parfois, je ne jouais pas en première car Nicolas Cloarec ne pouvait pas tous nous aligner. C'était une addition de nouveaux joueurs aux mêmes valeurs. On est une bande de potes, qui prenons plaisir à se retrouver. Avec les anciens comme Mathieu Viel, Marc Labat, Laurent Palud, Arnaud Peron, Nicolas Plantec, Sébastien Clément, Ivan Seznec, nous avons pris l'habitude de nous retrouver le vendredi midi pour manger ensemble. C'est notre moment de la semaine".
Cette fidélité à un club est la marque de ce parcours dans la durée. A ses cinq noms, il faut associer des ex-joueurs Concarnois, comme Marc Labat, Christophe Nicolas, Alexandre Hubert, Guillaume Mulak, Matthieu Viel ou des joueurs actuels de l'effectif comme Sébastien Clément et Laurent Palut. Tous ont façonné à leur manière cette histoire entre potes. Ordinaire de simplicité à ses débuts, qui prend une vraie tournure extraordinaire et populaire. Faire se déplacer entre 5.000 et 6.000 personnes, un jour de semaine, est une certitude que beaucoup de gens se reconnaissent dans leur histoire.
Toupin/Jannez/Drouglazet: le trio Concarnois
Gardien formé à Plogastel Saint-Germain ("mon fief"!), Ivan Seznec est le dernier rempart de cette équipe, dans les buts. A la carrière atypique à ce niveau, sans être passé par un centre de formation, il a connu les deux meilleurs clubs Sud-Finistériens avec le Quimper Cornouaille FC (CFA) et l'US Concarneau sur cette décennie. " Je suis arrivé à Concarneau, à 24 ans. L'état d'esprit de notre équipe est le même qu'à mon arrivée au club. C'est la raison de notre succès. Personne ne change dans les défaites, ni les victoires. A 29 ans, je savoure à fond tous ces moments exceptionnels dans une carrière. Quand j'entends Mathieu (Viel) dire que la seule chose qui regrette, depuis qu'il a arrêté sa carrière, c'est la coupe de France. Ca fait forcément réfléchir. Niort était une performance et non un exploit. Pour que notre aventure soit exceptionnelle, il nous faut un exploit. Si on ne gagne pas contre Dijon, nous n'aurons rien fait d'exceptionnel. Sur ces niveaux de compétition, il y'a beaucoup de petits groupes de copains. Dans notre équipe, nous nous apprécions tous. D'année en année, nous sommes sur une continuité à 80%". Un avis corroboré par Christophe Gourmelon, attaquant/milieu de terrain. " Nous sommes 26 dans l'effectif de la CFA. Je ne peux pas dire que je n'apprécie pas quelqu'un. C'est rare et exceptionnel dans le haut-niveau. Je pense que le vrai départ de notre aventure est né quand nous avons connu sept défaites d'entrée, l'année de notre montée en CFA. Peu de groupe aurait résisté dans cette tourmente. Plus que dans les victoires, un groupe naît dans les défaites. Même dans le bus du retour, personne ne faisait la gueule".
La triade Concarnoise, unis comme les doigts de la main s'appelle Maxime Toupin, Jérémy Drouglazet, Guillaume Jannez, classe d'âge 1988/1989, formés au FC Lorient en jeunes. Ils habitent à Concarneau et respirent de cet amour pour le club, la ville et les copains. " Notre esprit club permet de nous arracher en coupe de France. On joue les uns pour les autres, pour les remplaçants, pour les joueurs qui n'ont pu être alignés, pour les bénévoles, pour les éducateurs, les jeunes du club et notre ville. Même en dehors du football, on ne peut s'empêcher de se voir, et même de partir en vacances ensemble". Jérémy Drouglazet a grandi avec l'US Concarneau, avec un père Jean-Claude, qui jouait en équipe première. Milileu de terrain relayeur dans l'axe, il a hâte d'être au match de Dijon, ce mardi soir. " C'est une histoire de copains. Nous avons tous trouvé dans ce club de l'US Concarneau, un cadre plaisant, familial, qui fait qu'on s'y sent très bien. Nous partageons ensemble l'avant, le match et l'après-match". Certains se sont même croisés avant leur 10 ans sur un stade de football. Comme Guillaume Jannez et Maxime Toupin. " La mère de Guillaume est Concarnoise. Le mercredi, même s'il était licencié à Baye, il venait participer aux entraînements de l'Hermine Concarneau, mon club de mes 5 à 14 ans. Nous avons un an de différence. Nous nous sommes connus dès tout petit. Quand on arrive sur la seconde partie de sa carrière, on savoure à fond ces moments. On sait que les jeunes poussent derrière et qu'il faudra un jour laisser sa place. Même à l'intersaison, il y'en a toujours un pour proposer d'aller prendre un verre, ou faire un barbecue, l'été. Cette année, avec La Réunion et jouer deux fois devant 4000 personnes, nous vivons quelque chose d'exceptionnel!", reconnaît Maxime Toupin.
L'aventure est à son sommet. Il y'aura une fin, comme toujours! Mais ces moments-là sont gravés dans leur mémoire. " Ce qui me manquera le plus quand j'aurai fini ma carrière, ce ne sont pas les matchs, mais cette ambiance du vestiaire, le partage d'un moment collectif et la montée de l'adrénaline ensemble dans ce lieu", affirme Christophe Gourmelon. Tous ces cinq joueurs, réunis un 22 novembre 2009, face au FC Nantes, endosseront une nouvelle fois le maillot de l'USC face à Dijon. Cinq ans d'exemplarité et de fidélité à un club, loin des artifices et dérives du football business, ils respirent la bonhommie des footballeurs amateurs, en façonnant ensemble un sacré mental de compétiteur. Leur histoire est devenue une part de notre histoire, par un effet boule de neige car beaucoup d'entre nous sont portés par ces valeurs simples et généreuses, dans la vie. Ce mardi soir, plus de 5.000 personnes donneront de la voix pour pousser les Concarnois à aller chercher ce fameux graal d'une qualification en 8ème finale de la coupe de France. Plus qu'une victoire ou défaite, ce groupe forgé ensemble à l'US Concarneau, a déjà gagné l'attachement d'un club, d'une ville et au-delà à leur aventure. Nous aurons tous le coeur rouge et bleu, ce mardi soir! Allez l'USC!
Christophe Marchand