A ma droite, Othman Chakroun, dit le Chak, 34 ans et 15 ans d'ancienneté au Basket Club Douarnenez Tréboul, ex joueur du COK (Wikipedia ne vous renseignera pas sur la signification du sigle de ce club de Kermoysan aujourd'hui tombé aux oubliettes). Poste de prédilection : ailier fort. A ma gauche, Samuel Kerrain (Sam ou Samy pour les intimes). Signe particulier : un amour indéfectible pour son club de coeur, le BCDT. 23 ans sous les couleurs du maillot Jaune et Vert. Bientôt les noces d'or. Seule infidélité : 1 an en benjamin à l'ASEA. Poste de prédilection : meneur. Le duo de choc du BCDT nous fait partager son expérience et nous livre à travers de réjouissantes anecdotes sa vision si particulière du basket.
Légende: Suvis de près par leurs fans (Oly et Magic), Othman Chakroun ( dit le Chak) et Samuel Kerrrain, ça sent bon les références de la NBA des années 90, avec les Shawn Kemp, Gary Payton (Sonics Seattle) ou d'Allen Iverson avec les Sixers de Philadelphie. Crédit photo: DR
L'EQUIPEMENT BASKET
Quelle importance accordez-vous à l'équipement de manière générale ?
Othman : Mon choix se porte toujours sur des chaussures de marque de joueurs NBA, en promo. Par superstition, je ne choisis jamais les chaussures d'un joueur qui s'est blessé. Je les use jusqu à ce qu'on voie les chaussettes. Pour tout dire, il m'arrive de m'entraîner en short de plage et t-shirt de chantier.
Sam : Moi, J'accorde une grande attention, au choix des chaussures. J'en change tous les ans. Je choisis les plus originales possibles en coloris et j'ai l'âme d'un collectionneur : je conserve précieusement dans leurs boîtes d'origine, toutes mes anciennes chaussures.
Quelle est la plus belle paire de chaussures que vous ayez portée ?
Othman : Ma première paire d'occasion : des Scottie Pippen.
Sam : Des Curry roses flashy qui m'avaient valu d'être chambré par un joueur de l'Etendard qui m'avait demandé si j'avais fait un pari... Et je me rappelle aussi des plus inconfortables, des baskets personnalisables. Des chaussures en béton.
Quel est le détail qui tue dans l'équipement, la faute de goût impardonnable ?
Othman et Sam : Là dessus, on a la même théorie. Mieux tu es équipé, plus tu es nul. Si on voit l'adversaire débarquer avec la panoplie complète : bandeau, manchettes et genouillères, on a tout de suite compris. Trop c'est trop...
LA SALLE OMNISPORTS DE L'IMPASSE GIOCCONDI, LE LIEU PHARE
Un petit mot sur la salle omnisports (construite en 1959) qui a vu évoluer des générations de basketteurs et vient d'être détruite...
Othman : C'était le chaudron. On est nostalgiques, surtout du local, théâtre de soirées mémorables.
Sam : Tout le monde la connaissait. A la fin, la toiture donnait des signes de faiblesse et il pleuvait dans la salle. On avait dû installer une poubelle pour récupérer l'eau. Le parquet rebondissait moins bien à certains endroits connus seulement des joueurs locaux selon les adversaires.
Othman : C'en était dangereux ! Un soir, je me suis cassé les dents de devant en glissant sur le parquet au moment où j'allais marquer...
Sam : Et ce qu'il faut savoir, c'est que ce parquet mythique, je l'ai en partie récupéré pour constituer mon sous-sol à la maison.
JEU ET JOUEURS
Quel est le niveau le plus élevé auquel vous ayez évolué et quelles étaient vos limites ?
Othman : J'ai fait deux saisons en R3. Mes limites ? Mon manque de coordination et mon trop plein d'appétit.
Sam : Une fois qu'il est lancé dans une action, il n'imagine plus faire de passes et dès qu'il prend un rebond, il estime avoir gagné le droit de shooter.
Et pour toi, Sam quelle a été l'apogée ?
Sam : Même chose ! Deux saisons en R3. Mes limites ? Je suis asthmatique, myope et un peu petit.
Othman : Et il persévère à faire des passes dans le dos surtout si ça ne marche pas ! Quand il n'arrose pas les tribunes... Il y a 10 ans, sa qualité première, c'était la défense sur l'homme.
Il y a entre vous des affinités sur le terrain ?
Othman et Sam : Oui, on se trouve bien. Un jour en B, le reste de l'équipe avait voulu arrêter le match parce qu'on se faisait trop de passes entre nous.
Quel est le truc le plus drôle dont vous vous souvenez sur le parquet ?
Othman : Un jour, à Vannes, en Région, j'avais oublié une chaussure. Seul un joueur de l'équipe chaussait comme moi du 46 et on se passait alternativement la basket si bien qu'on ne pouvait jouer ensemble. Cela ne nous avait pas empêchés de gagner...
Sam : Il y aurait beaucoup d'anecdotes. Lors d'un match de gala au club, il y avait un entre deux fictif et Othman qui l'ignorait avait gagné le ballon et s'en était allé marquer...
Othman et Sam : On a vu passer aussi au club de sacrées personnalités : un videur de boîte de nuit qui n'était pas venu au match parce qu'il était en garde à vue, un gardien d'alpagas qui avait déclaré forfait parce que ses animaux s'étaient échappés, des marins étrangers...
Quel est le geste de classe que vous auriez aimé réaliser sur le terrain ?
Othman : Le dunk mais avec mon appétit, la détente a pris un coup.
Sam : J'aurais aimé être aérien, faire des trucs en l'air...
Un mot sur Loïc (Raphalen), l'entraîneur et coach de toujours...
Othman : Il doit en avoir marre. Cela fait 15 ans qu'on lui fait les mêmes blagues.
Sam : 20 ans qu'il nous coache. Un super entraîneur !
CULTURE BASKET
Comment êtes-vous venus au basket ?
Othman : C'était une histoire de copains tout simplement.
Sam : Moi, ma mère m'a d'abord inscrit à la boxe (1 match, 1 défaite), puis à l'équitation (1 chute), ensuite à l'escrime. Là j'aurais pu faire une grande carrière !!! Mais finalement, c'est le jeu de la cour de récré, le basket, que j'ai retenu.
Quelle est votre philosophie du jeu ?
Othman : J'aime bien le basket physique, bourrin des années 80.
Sam : Ma vision ? C'est le basket hyper collectif qui doit primer. J'ai du mal avec l'excès d'individualisme des nouvelles générations.
Votre intérêt pour le basket, sa culture etc, quel est-il ?
Othman et Sam : Très fort. On est partis voir des matches de NBA ensemble à Toronto, on suit régulièrement les Béliers et on joue ensemble en ligne l'un contre l'autre aux jeux video.
Quel est à vos yeux le basketteur mythique ?
Othman : Shaquille O' Neal, inarrêtable. Un monstre physique. Je lui dois mon surnom, le Chak !
Sam : Iverson Allen le joueur de Philadelphie. J'ai plein de cassettes sur lui, un sacré dribbleur, un crosseur.
Propos recueillis par Marc Férec
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec, à retrouver toutes les semaines, sur le site newsouest.fr