Fragilisé à l'accoutumé, avec une baisse notable du bénévolat dans certains clubs, encore plus impactant avec la crise sanitaire, et un arrêt complet du sport amateur de 16 mois ( presque un an et demi), le football amateur sort forcément amaigri de ces deux dernières années, avec une fracture opérante entre les "gros" et les "petits" clubs. La nature veut qu'à la fin de la chaîne alimentaire, les " gros" mangent les "petits", mais ce samedi matin, au salon VIP du Stade Brestois 29, le district du Finistère avait voulu récompenser et mettre en lumière les clubs de - 160 licenciés, avec une école de football. Dans un département de la taille du Finistère, 35 clubs et 24 groupements étaient tout de même concernés, pour une dotation commune de près de 15.000 €, en matériel et ballons, à la charge du district. Cette matinée se voulait aussi être une passerelle, et une écoute sur la réalité vécue à l'intérieur de ces clubs, par les représentants du district. En lien avec la commission vie des clubs, représenté par Luc Tréguer, l'ancien président de l'AL Coataudon, les échanges ont été cordiaux et fructueux, même s'ils ont été significatif de moment précieux pour s'apercevoir du fossé grandissant entre les clubs qui peuvent et ceux qui ne peuvent plus suivre.
Regarder votre messagerie, soutenir des candidatures pour dôter les clubs d'équipements structurant, aller chercher les aides liés au FAFA ( fonds de soutien au football amateur), toutes ces procédures sont ancrées et connus par les " gros" clubs du département, mais beaucoup moins réel dans les " petits" clubs, déjà assommés en interne par une multitude de tâches.
Cette initiatiative du samedi matin, au Stade Brestois, était précieuse et riche, à refaire certainement, chaque année, pour suivre et marquer l'effort de la part du district du Finistère, qui a agi en son nom propre, à partir d'une réflexion entendue, à la suite de la dernière assemblée générale, tenue à Pleyben. " Il y'a eu un dirigeant de club, qui est venu nous faire remarquer, que chaque année, il n'y avait que les clubs importants récompensés dans les dotations en matériel, en fin d'assemblée générale. Cette phrase nous a poussés à nous organiser cette matinée spécialement pour les clubs de -160 licenciés. Nous avons dégagé un budget de 15.000 à 16.000 € pour cette opération spéciale, en leur faveur", précise Alain Le Floch, le président du district du Finistère.
A la visite faite des infrastructures du Stade Brestois 29, par Grégory Pelleau, le speaker attitré, les clubs ont aussi pu échanger avec Alain Le Floch et Luc Tréguer. " Remplissez les dossiers, allez chercher les fonds de dotation pour vous équiper, vous êtes prioritaires par rapport aux gros clubs. Si vous ne le faîtes pas, soyez sûr que les autres le feront et seront servis. Chaque année, le fonds FAFA, c'est 174.000 à 178.000 € annuel au niveau de la Bretagne, il faut se mettre en relation avec sa mairie, propriétaire des stades. L'ARS ( agence régionale du sport), c'est la même chose, il faut la solliciter. L'an dernier, 15 clubs du Finistère ont effectué une demande, tous ont obtenu quelque chose. Par exemple, à Coataudon, il y'a 10 ans, nous étions 250 licenciés, aujourd'hui, nous sommes 680. Notre développement tient aussi au fait que nous nous avons mis le nez dedans ces procédures administratives, et que nous savons faire maintenant. Et qu'on le refera tous les ans", ajoute avec toute franchise, Luc Tréguer.
Mettant toute son énergie à convaincre de l'utilité de ce travail de l'ombre, dans les dossiers à remplir, les clubs ont fait part aussi de leur situation. " C'est super mais sur un projet à 2000 € minima, si le FAFA ou l'ARS ne prend 50% du coût, il reste encore 1.000 € à trouver", souligne un dirigeant du Drennec. Autre remarque de l'ES Douron. " Oui, mais tous les gros clubs ont des salariés, nous ne sommes que des bénévoles, qui travaillons la semaine, on n'a pas le temps de faire tout ça". Avec une compréhension et une écoute. " Oui, nous savons, mais on peut vous aider à monter des dossiers au district. L'intêret, il est commun, pas individuel. Je le répète, si vous laissez les gros prendre, vous n'avez pas de soucis à vous faire, ils prendront", relance Luc Tréguer.
Au sortir de cette journée de soutien et d'échange, la mission avait été réussie de part et d'autres, avec le traditionnel verre de l'amitié, qui fait la force de ces moments de retrouvailles. Une prochaine réunion vie des clubs sera organisée dans le Léon. L'isolement est aussi un facteur fort, à rompre d'urgence, renforcé par les 16 mois d'arrêt lié au contexte sanitaire. " Par exemple, sur la dernière réunion, dans un secteur du Finistère, sur les 48 clubs conviés, trois seulement ont répondu présent".
En multipliant ce genre de rencontres, ça permet aussi de se retrouver et de voir qu'on est pas tout seul dans son coin. Ou encore le club de l'ES Carantec Henvic, justement intervenu, pour notifier toute l'importance de solliciter ces fonds d'aide. " Grâce à l'ARS, nous avons été aidés sur un contrat de trois ans, pour 17h/semaine de notre premier salarié au club, ça nous a changé la vie". Comme quoi, rien n'est jamais figé, d'un côté comme de l'autre.