SOUVENIRS & NOSTALGIE : Josette et Jean : " Le football, c'est notre vie"
2 mai 2013. Inséparable jusque dans leur passion pour le football, Josette et Jean Nédelec, 74 et 78 ans, sont à leur 37ème année de bénévolat à l'US Fouesnant. Depuis 1976, leur dévotion est totale sur de multiples postes. La richesse des clubs vient de cette fourmilière humaine, qui s'active dans l'ombre. A la buvette de l'USF, les époux Nédelec assurent le lien entre tous les membres du club.
Josette et Jean Nédelec ont oeuvré 37 années consécutives à titre de bénévoles, à l'US Fouesnant. Crédit photo: Christian Rose
Toute une vie, occupée par le football, le week-end, Jean et Josette Nédelec sont tombés dans la marmite de ce sport, dès l'enfance. Ayant construit sur Fouesnant dans les années 60, Jean Nédelec fait alors la première infidélité à son club de coeur, Gouesnac'h pour rejoindre le club voisin de l'US Fouesnant. " Joueur, j'ai été contacté de nombreuses fois par Fouesnant, mais je voulais rester avec Gouesnach à jouer en district avec les copains". Plus pragmatique aujourd'hui qu'à l'époque, Josette Nédelec concède un regret à ce choix. " A l'époque, Fouesnant lui proposait de l'argent. On venait de construire avec un crédit sur le dos et pas d'argent. Si ça avait été maintenant, je l'aurais obligé à y aller (rires)".
Sous l'initiative d'Yvon Morvan en 1976, Jean Nédelec franchit le rubicon à la création de l'école de football de Fouesnant. Il suit ensuite cette première génération de Fouesnantais formé au club, en minimes, cadets, junior. Seul autorisé à conduire le mini-bus communal en déplacement (" Le maire de l'époque ne voulait pas d'autre conducteur que mon mari"), il est pris tous les week-ends par le football: le samedi avec les cadets et minimes et le dimanche matin, avec les juniors.
Josette Nédelec ne chôme pas non plus le dimanche. Avec ses deux filles, Joëlle et Laurence, elles s'occupent de la préparation du casse-croûte d'après-match, 100 sandwichs à préparer, le pain et charcuterie à acheter. Les fils, Yves et Alain joueront à l'US Fouesnant. Alain est même le Fouesnantais qui a disputé le plus de matchs en senior sous le maillot de l'USF, environ 850 matchs en senior (Jean-Luc Ettori, avec 602 matchs en professionnel est battu!). " Le football, c'est notre vie! Je raccroche au terme de la saison car à 78 ans, je m'estime trop vieux. Je continuerais à suivre les matchs à domicile. Ca, je ne peux pas m'en passer. Le football amateur a beaucoup perdu dans l'esprit et dans le nombre de spectateurs. On s'amusait plus dans le temps", explique Jean Nédelec.
Des souvenirs qui marquent à jamais
Quant à son épouse, elle ne se sent pas prête à quitter le club. Serveuse dès 16 ans au bar des sports, l'US Fouesnant représente tant de choses. " Il n'y a plus la même ambiance. Les gens sont plus tristes aujourd'hui. Il y'a des jeunes au club que je ne connais même pas par leur prénom. Ils prennent un casse-croûte et une boisson et ils repartent chez eux. Dans les années 80, 90, les joueurs restaient facilement vers 22h, 23h au stade. Je suis un peu la grand-mère de tous ces jeunes. Dès fois, ils me chahutent! Ils sont tous adorables. Il n'y a jamais de problème avec eux. Et il y'a des rigolos comme Gaétan Lefevre, qui m'appelle ma fiancé".
Les souvenirs, forcément, vont de pair avec les années de service au club. Les jardins jouxtant le stade avec Jean Toux et Bernard Jourdain, le paiement d'un puit pour le jardin d'un Concarnois, qui s'était engagé à l'US Fouesnant, les sorties à l'Ile aux Moines en fin de saison ( " On ratait le bateau presque à chaque fois car nous n'arrivions pas à faire sortir les joueurs du bar"), le 6ème tour de coupe de France face à la Légion Saint-Pierre. ( " Nous avions été débordés au bar. C'était noir de monde. Les supporters Brestois fêtaient leur victoire en achetant carrément les bouteilles de vin et ils les buvaient au goulot").
La mémoire de l'évolution d'un club
L'époque était d'or. Le football rayonnait sur les communes, sans la concurrence directe d'autres sports. Une époque révolue pour Jean Nédelec. " C'est fini! Le football n'attire plus le dimanche. En 1980/1990, nous faisions 250 à 300 entrées payantes. Aujourd'hui, si nous en faisons 100, nous sommes contents. Ce n'est plus la même façon de s'amuser. Les gens sont beaucoup plus pressés alors qu'à notre époque, nous avions le temps ou nous le prenions. Le football, c'est les copains! Comme Jean-Jacques Tréguer, notre sécrétaire adjoint au club depuis des décennies".
Responsable sponsoring du club, Josette Nédelec aimerait avant de passer la main un jour, former son (sa) successeur. " On ne sera pas éternel. J'essaie d'apprendre à quelqu'un la gestion du sponsoring. C'est un poste difficile dans un club car il faut aller voir les responsables de magasins ou les grandes surfaces. Je n'ai jamais eu de difficulté à le faire. Partout, que je passe, on dit Mme Nédelec, vous venez chercher vos sous. Je réponds juste oui avec le sourire. Pareil pour les ballons de matchs. Cette année, j'ai tout vendu. Il me manquait même deux matchs supplémentaires pour contenter tout le monde".
Avec presque 40 ans de dévouement pour un club, sur de multiples fonctions (buvette, trésorier, responsable jeunes, préparation de l'après-match, sponsoring), Josette et Jean Nédelec forment un couple étonnant d'une fidélité exemplaire à l'US Fouesnant. Cette génération est la mémoire de l'évolution d'un club. Et elle nous rappelle que le football et le sport restent un lien social indispensable à toute commune , essentiel pour le bien-être de ses habitants au quotidien.