Espoir Basket Quimper Cornouaille : Les folles soirées de l'équipe B
23 h 30, mardi 6 avril, espace VIP des Béliers de Kemper. Tout le club verse dans l'euphorie d'une douce victoire face à Chalon/Saône. Laurie, elle, se verse un dernier verre, embarquée par Sam dans une discussion improbable sur les verres dernier cri (verres de lunette cette fois, elle est opticienne), qu'elle doit travailler le lendemain, Anaïs frise le fou rire en évoquant avec Enora son dernier séjour au ski, Illona raconte à Alicia et Thomas, son amoureux, comment elle a mouché les trop virulents supporters de Chalon, Lorène a disparu des radars mais on la reverra la soirée est loin d'être terminée, Marine F. précédée de Kevin, prend son mal en patience : le dernier fût de bière vient d'être éclusé et il lui faut attendre la recharge.
Et au fil de ces récits entrecroisés, tout le monde se marre! Haut et fort ! Crime de lèse majesté : la salle, oubliant même que Laurent Foirest sur son estrade est en train de débriefer le match, n'a qu'une envie : Rejoindre le bruyant groupe, rejoindre le vivant groupe. Ce que s'empresse de faire Théo Léon dont la petite amie Tiffany (on vous dit tout !) fait elle-même partie du groupe. Mais qui sont ces filles qui ne savent encore de quoi sera faite la suite de la soirée, à l'heure où les démons de minuit vous entraînent volontiers au bout de la nuit ? Les joueuses de l'EBQC B (C'est dur à dire !). Un groupe qui vit bien, très bien sur le parquet... mais plus encore en dehors.
A quoi tient la délicate alchimie d'un groupe ? Ou comment créer un esprit d'équipe ? Le dénominateur commun pour les Quimpéroises est d'abord d'ordre sportif : l'accession en Région (Attention, rien n'est encore fait mais comme aime à dire Laurie : "On est d'abord toutes soudées par cet objectif commun de montée."). Elles ne se connaissaient pourtant pas toutes quand a débuté la saison mais la mayonnaise a rapidement pris. Tout de suite ? Non ! Le coup de foudre ne fut pas instantané mais c'est aussi pour ça qu'il s'est installé dans la durée. Se remémorant le début de saison, les deux Marine en rient volontiers en mesurant le chemin parcouru. L'écart générationnel aurait pu constituer un obstacle, il est devenu une force. "Le seul problème, c'est la musique d'échauffement, plaisantent Marine T et Laurie. Quand on souhaiterait Céline Dion, Lorène nous impose Ninho. Comment ça s'écrit ? Je ne sais pas... " Quant à Lorène, représentante de la génération teen-ager, elle admet volontiers que "les vieilles de l'équipe ne font pas trop vieilles." Marine T. confirme "Il y a un bon mélange de générations." D'ailleurs, les unes connaissent-elles seulement l'âge des autres, de leurs coéquipières ? rien n'est moins sûr !
Mais la première vraie raison de l'alchimie, c'est peut-être dans la diversité des tempéraments qu'il faut la chercher. Attention on parle ici de vrais tempéraments. Marine T au caractère bien trempé mais qui peut se révéler hypersensible voire émotive quand on la taquine sur le rôle précis de l'intérieure, Illona dont on a parfois "l'impression qu'elle fait la tête, alors qu'elle elle est en réalité concentrée sur le match" (Marine F), Anaïs perchée sur son petit nuage, amoureuse de la sieste d'avant match, Tiffany, la douceur incarnée, la capitaine Laurie dont le calme apparent peut masquer une certaine anxiété, Lorène qui "aime quand on se dit les choses en face", Enora, avec son air rêveur qui cache une volonté farouche. Ou encore Alicia et Marine F, "deux filles solaires" (dixit Marine T). De forts tempéraments et des caractères qui se révèlent parfois quand on ne les attend pas. On pense à la tranquille Léa capable de déclencher un beau soir d'automne une vague sur la piste d'une boîte de nuit bien connue, et baptisée depuis "la Reine de la vague."
L'autre véritable raison de la communion entre ces filles est d'ordre festif. On n'exagère pas en disant qu'il ne se passe pas un jour sans qu'elles ne se voient. Et le groupe est cimenté par les soirées communes passées à tour de rôle chez l'une ou l'autre. "Depuis qu'on fait des soirées apéro, on est plus soudées encore et ça se ressent dans le jeu. On joue plus collectivement et surtout, si l'une d'entre nous commet une erreur, on l'encourage au lieu de la condamner", précise Tiffany. "On en fait peut-être un peu trop, non ? J'ai l'impression de délaisser mes enfants", reprend Marine T oubliant qu'elle a aussi un conjoint (Une chance pour elle, c'est un vrai papa poule).
L'esprit d'équipe ne se construit donc pas seulement sur le parquet. Il se construit surtout en dehors, lors de ces soirées Koh Lanta où on refait le monde, où on cause de tout sauf de Koh Lanta. Ne parlons pas de La soirée foot (ce soir là, c'était France - Côte d'Ivoire mais cela aurait tout aussi bien pu être Le Juch contre Kerlaz), où le match n'est qu'un prétexte à des discussions passionnées. Seule exception et encore : la diffusion des matches des Béliers lorsqu'ils jouent à l'extérieur. Toutes participent, toutes adhèrent, toutes festoient...
Légende: L'EB Quimper Cornouaille a construit sa folle saison, sûr et en dehros des parquets, une vraie alchimie entre toutes ces filles. Crédit photo: DR
Et qu'on ne me dise pas qu'on n'est pas obligé de s'aimer pour former une grande équipe. La parole à Marine F. "C'est vrai tant qu'on gagne mais dès qu'on commence à perdre, il en va tout autrement. Perdre tout en restant uni(e)s, ça, ce n'est pas donné à tout le monde." Dans ce concert de louanges, n'oublions jamais le coach. Kevin Busson est-il pour quelque chose dans le bon esprit qui règne dans le groupe ? Evidemment oui, dans la mesure où il tire le meilleur de toutes ces personnalités. "La recette ? Pas de miracle. Les filles sont assidues à l'entraînement. Elles se voient en dehors. Leur cohésion en est ressortie renforcée. Comme leur état d'esprit. Sur le parquet, jamais elles ne s'engueulent. C'est rare. De mon côté, c'est facile : Je laisse vivre le groupe. Je prends du recul."
Et comme le coach est partageur, il a su s'entourer d'un staff que bien des équipes lui envieraient : On pense à Sam, le partenaire d'entraînement, à Thomas le joueur de l'ASEA (et petit ami d'Illona) qui vient assister Kevin les jours de match ("Il y a beaucoup de plaisir à entraîner ce groupe le lundi et à traîner avec elles une fois la séance terminée") ou à Théo (Léon) qui prend en main l'entraînement du lundi pour le plus grand plaisir des unes et des autres. Marine T, Marine F, Enora, Alicia, Laurie, Lorène, Anaïs, Tiffany, Illona, Léa, on s'en voudrait de ne pas toutes les citer - et on n'oublie pas non plus les U 18 qui viennent donner de temps à autre un coup de main - forment une équipe, une VRAIE équipe, une chouette équipe de copines.
BONUS : La meilleure (ou la pire) anecdote : "Ce soir là, on avait décidé que le nombre d'écart de points entre notre adversaire et nous (en notre faveur, bien sûr) correspondrait au nombre de shooters qu'on boirait en soirée. On a gagné seulement de 24 points." (Alicia). |
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec