Victoire Alzon (défi Mathieu Craff), libre comme l'air
Avec Victoire, le feeling a été instantané. Il y a comme cela des traileuses dont on se sent proche sans pourtant les connaître. Oui, Victoire Alzon, c'est le genre de sportive qu'on peut aborder spontanément sitôt la ligne d'arrivée franchie. Jamais elle ne vous demandera de la laisser souffler. Peut-être parce que du souffle, elle en a à revendre ! Et puis Victoire, elle dégage quelque chose ! Ce n'est pas une traileuse ordinaire. Pas une traileuse tout court au fond ! Plutôt une sportive qui tâte de toutes les disciplines et qui tient par dessus tout à sa liberté. C'est pour cette raison que malgré son fort potentiel, elle n'est licenciée dans aucun club. Une individualiste ? Pas du tout car la jeune femme d'origine renanaise est fortement impliquée dans l'Asso du Défi Matthieu Craff, ce traileur tragiquement disparu. Tout simplement, avec sa bouille d'éternelle adolescente, Victoire Alzon est inclassable et c'est ce qui fait tout son charme.
Légende: Attachante dans sa manière de courir et de s'exprimer, Victoire Alzon est une redoutable traileuse. Mais attention pas plus de 15 km. Crédit photos: DR
Si les apparitions de Victoire Alzon sur le circuit se font rares, elles n'en sont pas moins remarquées. Cléden, Huelgoat, Guengat... Pour ne citer que ses plus récents succès, la jeune kiné du Centre de rééducation de Tréboul (28 ans) ne fait jamais le voyage pour rien. Pourquoi alors limiter ses sorties ? Parce que justement l'amour de Victoire pour la course à pied a ses limites. "Des limites kilométriques d'abord. je ne suis pas du tout une ultra traileuse dans l'âme. 15 kilomètres, comme ce matin à Guengat, c'est un peu ma limite. D'ailleurs, j'en ai bavé sur les cinq premiers kilomètres. A la quantité, je préfère la qualité. J'aime bien quand ça envoie. Je déteste courir à la même allure."
Pour Victoire, pas question de cumuler les kilomètres ! C'est dans la variété des pratiques que la traileuse s'épanouit. "Des copines qui se mettent à la course à pied m'ont demandé des plans d'entraînement. Je n'en ai pas ! Je varie les plaisirs. Je fais des escaliers, je monte des côtes, je fais du gainage, du handball dans mon club de Saint-Renan, du vélo d'appartement en écoutant de la musique... Du punchy. Faut que ça envoie ! J'utilise aussi les appareils du centre de rééducation où je bosse. Finalement cette diversité dans la préparation me réussit bien. J'ai besoin de cette liberté. Je n'ai pas envie de m'imposer de contraintes."
Aux (sur)charges de travail, la kiné préfère les plages de récupération. "Mon mémoire de dernière année de kiné portait justement sur la récup chez le sportif de haut niveau. J'utilise tout ce que j'y ai appris."
En somme, cette amoureuse de la Nature et des grands espaces ne se prend pas la tête. Ses prochains défis ? "Je vais dans l'immédiat m'aligner sur le trail du Cap Sizun. Mais attention ! Pas sur le 50 bornes. Non, sur le 14 kilomètres. C'est plus dans mes cordes. Pour la suite, avec l'Asso du Défi Matthieu Craff, un trail dans la Drôme." Tout cela sans se mettre de pression car comme aime à dire Victoire, "la pression ça se boit." Ce n'est pas moi qui vais dire le contraire !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec