Trail du Cap-Sizun: une dixième édition taille XXL
C'était dimanche son 10ème anniversaire et on est venu de partout pour le fêter. Du Calvados, du Loiret, d'Isère, de Haute-Vienne, de Gironde et de Vendée... J'ai encore croisé des Savoyards et des Pyrénéens descendus tout exprès de leurs montagnes pour célébrer l'événement. 30 départements étaient représentés. Pas moins ! J'ai même rencontré un Belge de Woluwe-Saint-Pierre s'il vous plaît, c'est dire... Au total, ils étaient 1500 heureux élus mais ils auraient été bien plus encore si la chaleureuse équipe des Rederien du Cap n'avait dû limiter le nombre des inscrits. On fêtait quoi alors dimanche à Cléden-Cap-Sizun? La dixième édition du trail du Cap. Au menu un 15, un 30 et un 50 bornes. Quelle que soit la distance, un sacré défi quand on connaît la nature du terrain, son fameux sentier côtier, les relances incessantes... On est allé à la rencontre de ces traileurs du dimanche amoureux des grands défis.
Légende: C'est venu de partout pour fêter les 10 ans du Trail du Cap: 1.500 participant(e)s, 30 départements français (et de Navarre) étaient même représentés sur la ligne de départ des trois courses. Crédit photos: DR
Le grand perdant du jour (façon de parler), c'est lui ! Thomas Le Lons, le Plomelinois d'origine, arrivé 2e du trail longue distance, j'allais dire 2e seulement mais quel beau perdant il fait, Thomas. Il aurait pu envoyer tout le monde promener sur la ligne d'arrivée. Il avait mené toute la course, avait compté jusqu'à 4 minutes d'avance sur Fabien Jaffré pour finalement se faire déposer à 3 kilomètres de l'arrivée. Mais Thomas, c'est l'esprit trail incarné, un beau perdant, un beau joueur. Pourtant, je vous jure, j'en avais mal au coeur pour lui d'autant que la famille l'attendait sur la ligne : par ordre d'apparition le chien (un brave berger à qui un molosse venait de chercher des noises), le papa ("Il a sa tête des mauvais jours", m'a confié la grand-mère), la maman (celle qui refuse toujours de poser avec le fiston), la grand-mère donc et le grand-père un peu dépité. C'est Thomas qui s'est gentiment chargé de le consoler. "On ne peut pas toujours gagner, Youn." A bout de force, mais toujours aimable et souriant, Thomas ! A son père qui tentait d'expliquer la défaillance par un départ excessivement rapide : "Une défaillance sur un 50 bornes, ça arrive et ça ne pardonne pas. J'avais peut-être 4 minutes d'avance à un moment mais 4 minutes, c'est rien !" A la maman couveuse qui soupçonnait une erreur d'alimentation : "Je ne crois pas maman, c'était juste un coup de barre comme on peut en connaître."
Le trail, c'est souvent une histoire de famille. Certaines étaient venues en nombre. Je pense à la famille Nédélec, celle du Quimper Athlé ! Mais comme me l'a glissé Sébastien, le trail du cap, c'est pour les Nédélec, un pèlerinage obligatoire. C'est que la grand-mère est originaire de Cléden, de Kerludu plus précisément. Alors, chaque année, on compte au moins un Nédélec au départ. Et le Nédélec ne se contente pas de participer : Sébastien termine 2e du 15 kilomètres pour la deuxième fois consécutive. Jean-Pierre lui, s'est fait représenter par son épouse Béatrice. C'est que le vaillant master quimpérois préfère se ménager pour les France de cross.
Encore une autre histoire... Au rang des nombreuses familles venues en découdre, il y avait encore la grande famille du basket. Représentée celle-là par le président de l'EBQC. Oui, Yannig Gueguen en personne et sur le 50 kilomètres, s'il vous plaît ! Son péché mignon ? Le pain au chocolat aux amandes... Pour autant, le président traileur a bouclé très honorablement son parcours. Tout comme Justine Talouarn, basketteuse bien connue, engagée elle, sur le 15. Tout cela sous le contrôle d'une certaine Manon Le Ster venue encourager ce beau monde.
Le trail, c'est encore une histoire de couple. Plus ou moins proches. Entre Isabelle Tymen et son conjoint Hervé, le grand écart est assumé. Chacun court à son rythme sans attendre l'autre. On attend la course "Elle et Lui" pour des rapprochements plus intimes. Même constat pour Ghyslaine et David Duvollet, un tendre duo bien connu dans le milieu.
D'habitude, c'est Ghyslaine qui mène la danse, David, l'archéologue lunaire, ayant tendance à s'égarer dans les sous-bois. Surprise : dimanche, David a devancé Ghyslaine. Je peux bien l'avouer, je me suis demandé s'il n'avait pas fortuitement emprunté un raccourci. Au fil des arrivées, j'ai encore aperçu des personnalités de la course à pied ou pas : Raymond Caradec, Victoire Alzon ou Armand Vic par exemple. Mais c'est en consultant les classements que je suis tombé nez à nez avec l'un de ces footballeurs reconvertis en traileurs. Et pas n'importe lequel : le Landudécois Flo Pensart ! Un sacré milieu de terrain, un numéro 6 qui fit les beaux jours des 14 Nationaux de Kerfeunteun et qui aurait pu, si les recruteurs n'avaient parfois des oeillères, finir footballeur pro. Mais cela, c'est encore une autre histoire.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec