Cinq ans avant, face à Plouzané en 8ème finale de la coupe de Bretagne, Antoine Menir était posté sur un couloir offensif droit, tout comme Valentin Gouérou, son accolyte en défenseur central, aux GMH Plomodiern, le pendant à l'opposé de Thomas Brélivet. Cinq ans après, se rémémorant ses deux joueurs, sur un profil offensif, et les retrouvant sur des postes de défenseurs centraux, ça a été surprenant sur la feuille de match, mais au bout de 98 minutes de match contre l'US Quessoy (3-2), ça est apparu comme une évidence. Valentin Gouérou a énormément progressé dans l'agressivité et l'attaque du ballon, Antoine Menir a été ce colosse armélois, la force tranquille de ce groupe, qui a mangé un client, en face, avec Sajid Boudouasal, [le forçant à jouer bien trop bas pour son équipe], qui en imposait autant que lui en impose sur le terrain. Extrêmement régulier, dans la saison, trop rarement mis en avant, il est peut-être le meilleur Armélois, sur le contenu de ses matchs de l'ensemble de la saison. Même s'il avoue ressentir de la fatigue, à enchaîner ces matchs à haute intensité, il a trouvé sa place dans ce poste de défenseur central, où il impose sa marque. La muraille arméloise, qui permet de gagner des duels, d'impacter l'adversaire sur une zone centrale, et de mettre son équipe en confiance, et quand il est passé, Thibaut Bescond se charge de passer en seconde lame, toujours intelligemment, sachant quand intervenir et quand accompagner simplement l'action dans un angle mort, à l'Italienne.
Légende: En 98 minutes de ce quart de finale de la coupe de Bretagne, le Quimper Armel FC avec Antoine Menir, a démontré un esprit de groupe au-dessus de la moyenne pour passer d'une situation compromise de 0-2 à un 3-2 final contre l'US Quessoy.
" On a effectué un match héroïque, ce soir, face à l'US Quessoy. Pour le club, c'est un moment historique d'atteindre ce dernier carré de la compétition, en coupe de Bretagne. On est vraiment très content, on a sorti une belle performance face à une belle équipe en face, qui jouait deux niveaux au-dessus, ce qui n'est pas rien. On a prouvé qu'on avait le niveau, on a un bon groupe, des bons mecs, on est solide. La demi-finale, maintenant, on va la jouer et on donnera tout pour aller en finale. On fait une mauvaise entame, même catastrophique. On n'y est pas, on fait des grosses erreurs de concentration, qu'on ne doit pas faire. On en avait parlé lors de la causerie, de ses ballons au deuxième poteau sur les centres. C'est ce qui nous fait défaut les coups de pied arrêtés sur l'ensemble de la saison. On a pris beaucoup de buts sur coup de pied arrêtés. On a su revenir, on a affiché une grosse force de caractère. On est 1-2, 2-2, 3-2 qui vient d'un remplaçant au départ, avec Kamal ( Chakiri)", relève Antoine Menir.
Repositionné dans l'axe de la défense, avec deux stoppeurs, très fort au duel, et un libéro à la " Nesta" ou à la " Baresi", Thibaut Bescond, qui déblaie le reste sur les miettes laissées par ses partenaires, le Quimper Ergué-Armel est parfaitement équilibré. Anthony Le Pape, revenu au bercail armélois, avec des idées nouvelles de son expérience au Stade Brestois 29, amène aussi une forme de modernité au jeu armélois, avec un gros volume sur les côtés, et peu de temps de pause, finalement, sur un jeu qui n'est jamais à l'économie dans les courses.
" On est des potes avant tout, sur et en dehors du terrain. C'est ça qui fait notre force sur le terrain. Les huit minutes d'arrêt de jeu, elles étaient très longues à gérer, on dégageait des longs ballons devant, on se demandait quand est-ce que ça allait se terminer. C'est très long, on avait tous hâte que ça se termine pour pouvoir apprécier notre performance et la fêter avec les supporters. Elle est très belle notre saison"
Embarqué dans sa saison la plus belle de sa carrière, Antoine Menir, 25 ans, crève l'écran. Il apparaît comme le symbole de cette formation arméloise, qui dégage une vraie sérénité et une force collective. Même à 0-2 face à une R1, ça ne panique pas, ça sait se responsabiliser pour trouver les ressorts pour inquiéter des équipes supérieurement au-dessus. L'entraîneur adverse, Gwenaël Toanen parlait même à juste titre d'une équipe de R2, en qualifiant ce potentiel armélois.
" Pour ma part, c'est l'une de mes meilleures saisons. La plus belle peut-être depuis que je fais du foot. Je suis passé par le Quimper Kerfeunteun FC, avant, les U19, avec un 32ème finale de Gambardella, sorti par Tours (3-0) ( génération Guillaume Quintin, Mathis Henrio, Styven Marchadour....). On avait une grosse génération. Je suis venu ensuite à Ergué-Armel, notre première saison, on monte de D1 en R3. Je suis devant sur un côté, je suis même parti au FC Pont l'Abbé, pendant deux ans. J'avais mis le football entre parenthèse, je me réorientais professionnellement. Maintenant, je suis manager au Lidl de Plonéour-Lanvern. Toujours dans le Pays Bigouden, mais j'habite d'Ergué-Armel, j'habite ici. Je suis du quartier".
Quand on regarde ce collectif, le sentiment d'avoir des joueurs mis dans les meilleurs dispositions pour briller. En replaçant Julien Barré, en sentinelle, en pointe basse, qui lui donne une ossature, en mettant Pierre Onofré, dans un rôle de créateur, relançant aussi Lorenzo Ucuncu, trouvant des perles en district, comme Franck Garnier, même Valentin Gouérou, ou Bastien Robin, qui a commencé à Saint-Nic Sports en D2, à ses 17 ans.
Anthony Le Pape a aussi eu l'intelligence de s'appuyer sur des joueurs-clubs écoutés et appréciés de tous, les trois piliers, Ju Barré, Thibault Bescond et Thomas Bourghis, qui ont en commun cet amour du football, pour pousser au-delà de 30 ans et la qualité de la passe, qui n'est pas suffisamment dans le déséquilibre d'une équipe adverse, ou encore Ludovic Amalir et Alex Bosser, appelé en renfort, en soldat sur le front de l'attaque, à peine un mois après son retour sur les terrains suite à une grosse blessure.
" Je n'ai jamais joué en défense centrale, dans ma formation. Toujours évolué sur un côté, latéral droit ou ailier droit, le jeu de tête n'était pas du tout ma spécialité. Honnêtement, j'ai trouvé mon poste sur le tard. L'année dernière, c'est Goran ( Slijepcevic) qui m'a essayé à ce poste-là. Je voulais jouer 6, mais il faut que j'ai le jeu face à moi pour pouvoir jouer dans de bonnes conditions. J'ai 25 ans, mais ce poste me correspondait très bien en défense centrale. Cette saison, j'ai peut-être fait de meilleurs matchs avant, mais dans la régularité, je n'ai pas souvenir d'avoir enchaîné à un si bon niveau. Cette demi-finale, elle va nous suivre tout du long de notre carrière, elle marquera une étape importante dans la vie du club. Comme le parcours qu'on avait fait en Gambardella, ça nous suit tout le temps. Comparé les deux? C'est plus fort ce qu'on vit avec le groupe. C'est plus fort parce que je le fais avec le club de mon quartier. Pourtant, j'ai toujours été à Kerfeunteun chez les jeunes. On a maintenant un mois pour essayer de plier le championnat, essayer de ne pas perdre. Des 3, on a le calendrier le plus défavorable, avec Plogonnec (3ème à un point), chez eux, et la réception de Quimper Kerfeunteun B, après (co-leader avec le QEAFC). Ca va se jouer là, mais il ne faut pas perdre contre la Stella Maris B. Très honnêtement, je commence à avoir les jambes lourdes. Ca fait deux mois qu'on est tous à bloc, mais on mesure notre chance d'avoir quelque chose de grand à jouer sur ce mois final", conclut Antoine Menir.