Didier Hascoët, 22 saisons à la tête du Châteaulin, prendra une nouvelle fonction en 2023/2024
" Le Châteaulin FC, c'est Didier Hascoët", soulignait Sébastien Braban, son adjoint immuable en équipe première du Châteaulin FC. Un entraîneur est aujourd'hui sur un cycle moyen de deux, voir trois ans, si la batterie tient toujours. Didier Hascoët, aussi, mais ce cycle a été répété sept fois de suite de sa première saison en 2001/2002, à 27 ans, à la tête de l'équipe première pour 22 ans plus tard, tirait un trait final sur cette exceptionnelle longévité, à l'issue de cet exercice. Le " Arsène Wenger" Finistérien, qui à l'image de l'Alsacien, pour le club d'Arsenal, a tout bâti, a tout investi en temps et en compétence pour donner ce relief au CFC. Ce n'est pas un arrêt, c'est plus avoir cette lucidité pour le bien du club, de retrouver de la clarté dans un autre rôle, celui de directeur sportif du club, être dans un rôle plus en retrait, qui lui permettra avec toute son expérience unique, de faire avancer le club. Salarié au club, mais pas sur un temps complet, il a toujours vécu à fond, sautant de saison en saison, sans avoir l'oisiveté de se retourner en arrière. Du 6 jours et demi sur 7 en semaine ( " Le lundi, je coupais une demi-journée, voir une journée), dans ce même schéma répétitif pendant 22 ans, Didier Hascoët prendra une distance, l'an prochain, en arrêtant d'être entraîneur de l'équipe première senior en R2. Une très grande page de l'histoire du CFC se referme, elle se réouvrira sur un autre chapitre, qui sera tout autant qualitative et quantitative. Ce dimanche 14 mai, face à la GSY Bourg-Blanc, pour la dernière à domicile de la saison, en R2, poule A, à Eugène Piriou, ce monument du football Sud-Finistérien sera encore avec toute son affabilité, apprécier le moment, avec ses joueurs, son groupe, et bien au-delà dans le stade, avec tous ces joueurs qui l'ont accompagnés sur ses presque trois décennies complètes, à la tête de l'équipe première, les Yann Gouriten, Marc Labat, Lionel Treussard, Olivier Cornec... et aussi ses présidents, qui l'ont toujours soutenu, Jean-Claude Bothorel, Jean-Claude Le Roux, Alain Poquet, Patrice Trétout, Stéphane Saint-Jalmes.

Légende: Après 22 ans sans discontinuer, Didier Hascoët a décidé de prendre du recul à son poste d'entraîneur en équipe première senior, tout en restant pleinement investi au Châteaulin FC.
Quand Jean-Claude Bothorel, l'ancien président du CFC ( mais toujours animateur au loto du club) lui a dit, à ses 27 ans, maintenant, c'est à toi d'y aller, Didier Hascoët, arrivé à ses 17 ans et demi au Châteaulin FC, de Plonévez-Porzay, n'en menait pas large. Sans expérience, prenant la suite d'un des meilleurs joueurs du Sud-Finistère des années 80, le Douarneniste, Paul Youinou, devant assurer le double service, être bon dans ses buts, et garder la lucidité dans un poste de jeu extrêmement personnel et solitaire, d'entraîner le groupe entier à un objectif, la première saison aura pu être celle du lancement et de l'arrêt.
" On s'était maintenu à la dernière journée, à l'Etoile Saint-Laurent, en DSR, et on a attendu très longtemps sur la pelouse, le résultat entre Guingamp et Plouescat. Je m'étais dit, quand j'ai pris l'équipe que j'étais trop juste, trop jeune", estime Didier Hascoët. De cette première saison à sa dernière, en cette saison, Châteaulin a fait honneur à son rang, parfois sur-performant par rapport à une ville de 5200 habitants, avec des conditions d'entraînement plus dans la débrouille en exemple, le charme vétuste du stade de Banine.
" Ca a marché tout ce temps parce que j'ai été entouré de personnes exceptionnelles, qui ont renforcé ma motivation avec le temps. Cette décision, elle a été mûrie, pour tout dire, j' y pensais déjà depuis l'an dernier, mais je ne voulais pas arrêter sur une descente en R2. Cette saison, on se maintient en R2 avec huit joueurs différents de la saison précédente. Nous avons beaucoup de jeunes, dans nos équipes senior. Le niveau a augmenté, par exemple, nous n'avons jamais eu une C aussi forte, mais pourtant, elle est en bas de tableau, en D2, poule C. Ce dimanche, nous jouerons en A avec 5/6 U18 dans le groupe. Je ressentais une certaine usure physique et mentale. Entraîneur, c'est un sacrifice permanent, une charge qui ne vous quitte pas du matin au soir, même en vacances, on reste dedans. C'était le bon moment pour prendre du recul, d'être dans un rôle de directeur sportif. Avec Alain Poquet, le président, on est dans la même lignée, être dans la formation et la promotion en interne. David Brusau sera promu en équipe A en R2, l'an prochain et cèdera son rôle en B à Kévin Maudire, qui me ressemble dans l'approche", confie Didier Hascoët.
Dans deux matchs, Didier Hascoët redescendra de ce rythme infernal, coordonner tout le club, être du lundi au dimanche, au taquet, par tous les temps, gérer les plannings, remplir le camion du club, pour répartir le matériel sur toutes les séances des jeunes, le mercredi, assurer les séances avec les jeunes à partir de 9h30 jusqu'à 23 heures, non stop, sur le dernier entraînement senior. Le samedi, être au côté des éducateurs, apportant le liant, l'entraide qui fait que Châteaulin est un club qui ne vous laissera pas indifférent de l'extérieur et vous touchera foncièrement.
Ce côté très humain, ce partage, ce passionné, qui avec son père, Corentin, avait été à bonne école, comme tombé dedans depuis tout petit, aura maintenant un autre rôle au CFC à la rentrée. Avec aussi son humilité qui ne l'a jamais quittée, en haut comme en bas de son parcours sportif au long cours.
" L'équipe ne m'a jamais appartenu. Les joueurs ont besoin de renouveau. J'agirai toujours autant pour le bien du club, mais différemment maintenant". Ce maintien obtenu à la dernière journée, en 2001/2002 à Lambézellec, celui prodigieux de Guipavas (3-2, 26ème journée), avec ce but libérateur de Thomas Lagadec, en 2018/2019, fruit d'un groupe d'acharnés et de mort de faim, dans le bon sens du terme, a fait du CFC, un club à part, un club dans une bulle ( comme aime à le rappeler Didier Hascoët), où des valeurs parfois disparues ailleurs, sont ici bien protégées et sanctifiées, comme des personnes hors-normes.
Didier Hascoët quitte la scène des entraîneurs en senior, en 2023/2024, pour aller vers autre chose en interne du Châteaulin FC, mais il mérite un énorme ( et l'adjectif est faible) bravo sur son accomplissement du matin au soir, repété à la journée, et ce sur 22 ans, un côté à la Guy Roux, Arsène Wenger, Alex Ferguson, ou Christian Gourcuff, au niveau amateur, qui a fait le trésor d'un club. Et qui va continuer encore longtemps à en faire le bonheur.